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Taariika


Almaami Ibrahima Sori Daara (1843-1873)
Fils d'Almami Bubakar Mawɗo
Branche Alfaya
11e Almaami


Almaami Ibrahima Sori Daara. 11e Almaami
Source : Ernest Noirot. A travers le Fouta-Diallon et le Bambouc

Le parti Soriya proclama Ibrahima Donghol Fella, Almamy du Fouta-Djallon, pour remplacer Almamy Oumarou décédé.
Très intelligent et énergique, il tenta de remettre de l'ordre dans le pays, mais il eut surtout à coeur d'être l'hériter des grands Soriya, Almamy Sory Mawdho et consorts.
Se souvenant d'avoir été élève d'Alfa Mamadou Diouhe, il se désintéressa de l'affaire Hubbu et dédaigna d'engager une action quelconque contre Abbal. Il préféra diriger ses forces militaires contre les fétichistes Djallonkés.
C'est ainsi qu'il attaqua, dès le début de son règne, le Moriya, mais n'eut aucun succès dans ce pays. Les Soussous qui y habitaient, avaient, avant l'arrivée de ses troupes, fui dans la grande brousse, avec tous leurs biens.
Par la suite, il eut des démêlées avec le Conseil des Anciens et certains de ses proches collaborateurs. Se considérant au-dessus de toute autorité, il négligea ces derniers. Avec l'appréhension que l'Almamy allait attenter à leurs prérogatives, ses adversaires prirent des mesures de représailles. Tous firent le vide devant l'Almamy, y compris Mamadou Paate et Bocar Biro, ses propres neveux. Thierno Abdoul Wahhâbi, président du Conseil, passa du parti Soriya au parti Alfaya. L'Almamy fut immédiatement déposé au profit du candidat Alfaya, Ahmadou.
Rentré à Donghol Fêla, l'Almamy prépara aussitôt une revanche. Avec un contingent de sofas, il attaqua Almamy Ahmadou et le vainquit à Pelloun-Taba près de Timbo. Il put aussitôt reprendre le pouvoir et braver ses ennemis. A partir de cette date, la succession au trône, qui a été violée à plusieurs reprises reprit son cours normal, grâce à une réconciliation entre les deux Almamys.
Réinstallé au pouvoir et dédaigneux même de sa propre famille, il ne s'entoura plus que de sofas et d'étrangers qui occupèrent les postes que ses proches parents avaient abandonnés.
Ce fut de sa part, une maladresse énorme, car sa façon de faire ne favorisa pas, pour autant, la réalisation de son projet de devenir un grand Soriya. En effet, ses aïeux avaient, pour réussir dans cette voie, choisi un entourage composé d'hommes influents, presque tous de même sang qu'eux.
Cependant, il continua à assurer l'administration du pays avec des chefs de provinces Soriya plus ou moins dévoués à sa cause.
Dans le Labé, il maintint en fonction à la tête de la province Alfa Ibrahima le jeune, qui ne pouvait mieux faire que de continuer ses fructueuses guerres contre les N'Gâbounké et les Djallonké du Nord.
C'est ainsi qu'en 1871, il porta la guerre dans le Potion où il tua Doumbi et son chef de guerre Amoro et razzia tous les biens et réduit à l'esclavage les hommes valides, les enfants et les femmes.
En 1872, il conquit le Korobâli pour la première fois avec le Bâyaga, dans le NGabou. Il trahit leurs chefs qu'il massacra et s'empara de leur biens.
En 1873, Alfa Ghasimou, chef Alfaya du Labé en attente, tomba sur les habitants de Kôço, dans le Yembérin et pilla tous leurs biens. Alfa Ibrahima le jeune marcha contre lui et repris de force tout ce qu'il avait pillé et rendit la liberté aux victimes. Alfa Gacimou fût obligé de fuir dans le Kollâdhe. L'année suivante, en 1874, les chefs de Kankalabé, du Koïn et du Timbi reconduisirent le fuyard à Labé et le réconcilièrent avec Alfa Ibrahima.
En 1870, Alfa Gâcimou ayant commis un crime en tuant son frère Abdoul, Alfa Ibrahima tenta d'arrêter le criminel. Une violente bataille s'engagea entre eux. Alfa Ghasimou, mis en déroute, s'enfuit à Timbo.
En 1878, Alfa Ibrahima envahit, pour la première fois, le Kouttan, dans le Badiar. Il y remporta une victoire éclatante.
Rentré de cette dernière guerre, il se rendit dans le Kouçalan, en Niani, dans le Bhoundou où le roi Bâkar Sâda l'avait appelé à son secours, pour combattre les habitants de ce pays en révolte. Mais son voyage n'eut aucun succès, car les adversaires eurent le dessus et il prit la fuite avec tous ses compagnons.
Dès son retour à Labé, il préféra prendre du repos au milieu des siens et choisit de se retirer de la vie politique. Cette retraite ne pourrait rien diminuer de son influence, car il l'avait préparée convenablement. Ayant placé chacun de ses fils à la tête d'un district qu'il commandait, il avait accumulé une fortune qui pouvait lui assurer, pendant le reste de sa vie, une vie heureuse. En 1879, il remit à l'Almamy Ibrahima Donghol Feela, sa démission et lui présenta son premiers fils, Aguibou, pour le remplacer. L'Almamy accéda à sa demande et entérina sa proposition.
Alfa Aguibou fût un chef honnête et intègre. Très religieux il faisait régulièrement ses prières à la mosquée et ne manqua pendant son règne, suivant les chroniqueurs, qu'à deux prières en commun. Son repas, toujours faste et copieux, fut régulièrement partagé avec les notables de Labé.
Dès sa prise de pouvoir, il continua l'œuvre de son père. Il fit une seule guerre contre les païens de Korobâli, qui furent impitoyablement décimés. Cette victoire lui permit de conquérir tous les biens des habitants et capturer les femmes et les enfants qu'il ramena au Fouta comme esclaves.
Mais, en 1880, mourut son père qui s'était retiré à Foulamory, dans le Kadé.
En 1883, Alfa Aguibou et Thierno Maâdiou, chef du Timbi-Tounni, se rencontrèrent à Labé-Ɓeppere (Labé) pour y tenir une conférence secrète.
Cette rencontre fut rapporté à Almamy Ibrahima Donghol Feela et à son neveu, Modi Mamadou Paate. Ceux-ci interprétèrent l'entrevue des deux chefs de province comme un complot pour renverser le pouvoir des Almamys et une dissidence en préparation. Pour empêcher la réalisation d'un semblable projet, l'Almamy chargea discrètement les jeunes frères des. deux chefs de supprimer ces derniers pour prendre leur place. Modi Yaya, frère d'Alfa Aguibou n'attendait qu'un pareille occasion pour se débarrasser de son frère, qui avait pris le pouvoir à Labé à son grand regret.
(Thierno Mamadou Bah)

Sources
1. Thierno Mamadou Bah
2. Thierno Diallo
3. Louis Tauxier
4. Joseph Harris