A sa mort, en 1825, Almamy Abdul-Ɠadiri laissa de nombreux enfants dont deux seulement héritèrent de la couronne.
L'aîné Oumarou s'installa à Sokotoro et le cadet Ibrahima Sory à Donhol Fêlâ.
Oumarou dans sa jeunesse fut turbulent et commis de nombreux crimes qui restèrent impunis.
Ayant manifesté un jour à un prédicateur son ferme désir de succéder à son père, celui-ci lui apprit qu'en assassinant son cousin Bori, il serait certainement Almamy du Fouta. Ce Bori était le fils de sa propre tante. Oumarou invita son cousin, un soir, à une course de chevaux. Tous deux étaient de bons cavaliers. Pendant la course, alors que Bori le dépassait d'une petite distance, il lui envoya une balle dans la tête et Bori fut tué sur place.
Apprenant ce crime Almamy Abdul-Ɠadiri ordonna de venger la victinie, mais Oumarou plaida coupable involontairement. Sa tante, mère de la victoire fut très affectée, mais intervient quand même, en faveur d'Oumarou, soutenant qu'en vengeant son fils, elle perdrait deux enfants. Elle demanda d'épargner la vie d'Oumarou, mais précisa :
« Si mon neveu n'a pas tué volontairement mon fils, il ne supportera certainement aucune conséquence. Dans le cas contraire, je souhaite que sa progéniture paie son crime. »
Le souhait de cette tante fut largement exaucé. De nombreux enfants d'Oumarou furent assassinés à leur tour par des adversaires : Ibrahima Sory, Mamadou Pathé, Thierno Ciré, Iliassou, Bokar Biro, etc.
A la suite des troubles politiques qui affectèrent le Fouta, après la mort d'Almamy Abdul-Ɠadiri, son fils Oumarou fut obligé d'émigrer du pays pour échapper aux intrigues des partis. Il chercha refuge dans le Bhoundou chez l'Almamy Bocar Sâda. Il reçut chez celui-ci un accueil favorable et reçut à son école une solide formation pour le commandement. Il étudia notamment l'organisation de l'armée et de la cour du roi.
Par suite de la réconciliation intervenue dans le Fouta en 1844, entre les deux partis alfaya et soriya sur l'alternance du pouvoir, le parti soriya convoqua Oumarou, et l'invita à rentrer à Timbo pour prendre possession de la grande fortune laissée par son père. Dès son retour, il se réinstalla à Sokotoro. Par sa générosité et ses largesses, il s'attira une grande estime de la jeunesse du pays dont les éléments les plus turbulents formèrent une troupe à son service. Parmi ses proches parents, des hommes très forts se groupèrent autour de lui pour le soutenir en cas de besoin. Il devint, avant même sa nomination au poste suprême de la nation, un puissant chef de bande.
En 1845, le parti soriya devait désigner un remplaçant d'Almamy Yaya, décédé au cours de l'année 1844. Oumarou fut le candidat favori et couronné. Il rejoignit aussitôt la capitale pour affronter les multiples difficultés créées par les guerres civiles qui s'étaient succédées depuis plusieurs années. Courageux, persévérant et très autoritaire, il prit son courage à deux mains et remit de l'ordre dans l'administration centrale en en prenant, lui-même, la direction. Il procéda aux nominations nécessaires dans toute les branches de l'Etat.
Dans sa cour, il désigna des « Sofas » et des proches parents pour s'occuper des affaires intérieures de sa « Maison ». Il fut le premier dans le Fouta à créer la fonction de portier et de garde-corps. Il avait copié ce système sur l'organisation intérieure des palais des rois du Bodou.
Après avoir mis de l'ordre dans les affaires de l'Etat, l'Almamy Oumarou décida d'entreprendre dans le voisinage du Fouta, la guerre sainte contre les fétichistes qui menaçaient le pays. Il quitta Timbo avec une armée comprenant des troupes recrutées dans toutes les provinces et se dirigea vers le Solima. En chemin, il attaqua, par surprise, à Soumayéroya, le puissant roi Yangui Sâyon. Il l'anéantit sans pitié. Ses administrés furent, dans leur majorité, faits prisonniers pour être, ensuite, réduits à l'esclavage. Leurs biens devinrent la propriété de l'Almamy et de ses compagnons.
Sa première guerre fut donc victorieuse et, pour lui, ce fut un encouragement pour renouveler les exploits de son grand père, Almamy Sory Mawdho.
Par la suite, il conquit le Fria, le Sangaran, le Kissi. De partout, il revint victorieux, ramenant un butin des plus fructueux.
Dès son installation au trône, il restitua à Alfa Saliou déposé par le parti alfaya, le diiwal de Labé. Mais deux ans après, il le révoqua.
Il choisit à sa place son oncle Modi Hatimou, fils de Modi Mamadou Dian. Mais jugé incapable, Modi Hatimou resta peu de temps au pouvoir. Son prédécesseur reprit la place. Malheureusement, il en mourut peu après. (Thierno Mamadou Bah)
Sources