Quand la nouvelle du massacre de l'Almamy Ibrahima Sory Dara parvint à Timbo, en 1872, son frère Ahmadou présenta aussitôt sa candidature pour le remplacer. Son couronnement était acquis. Seulement, il ne pouvait rentrer en fonction qu'à l'expiration du tour de l'Almamy soriya. Cependant, par suite d'une dissension avec ce dernier, le Conseil des Anciens et quelques membres de sa propre famille, l'Almamy soriya fut déposé par trahison de Thierno Abdoul Wahabi, doyen du conseil. Almamy Ahmadou prit donc le pouvoir par anticipation. Comme de coutume, il procéda au renouvellement de la chefferie de toutes les provinces.
Mais Almamy Ibrahima Doŋol Fêlâ était un homme courageux. Rentré à Sokotoro, il prépara un contingent de sofas et de partisans pour tirer vengeance de l'affront qui lui était fait. Il surprit l'Almamy Ahmadou à Timbo et l'en délogea. L'Almamy alfaya fut obligé de rejoindre Dara.
Almamy Ahmadou n'était pas un homme riche, comme ses collègues Soriya. En mourant, son père était lui-même pauvre et n'avait laissé, dit-on, qu'un seul esclave et quelques têtes de bétail. Or, ses héritiers étaient nombreux. A la suite d'une réconciliation avec son collègue Soriya, Almamy Ahmadou espéra reprendre bientôt le pouvoir. Cet espoir était d'autant plus légitime qu'il allait, une fois sur trône, pouvoir se faire une fortune en guerroyant hors des frontières du Fouta ou par les gros cadeaux qu'il attendait des chefs de provinces qu'il allait conquérir. Il
entre en fonction en 1876.
Il déposa aussitôt Alfa Ghasimou, chef du diiwal de Labé, qui venait d'assassiner son frère Abdoulaye, dont la mère était une cousine des Almamys.
Il le remplaça par Alfa Souleymane, fils d'Alfa Abdoul Gadiri Sarekali. Mais ce chef ne resta pas longtemps en fonction. Alfa Ghasimou toujours turbulent, avait pu obtenir son retour au pouvoir et dès 1878, il reprit le turban du Labé… (Thierno Mamadou Bah)
Sources
1. Thierno Mamadou Bah
2. Thierno Diallo
3. Louis Tauxier
4. Joseph Harris