Paris. Librairie Marpon et Flammarion. 1882. 248 p.
Depuis le départ de notre dernier courrier, notre existence est bien uniforme. Tout le travail de Bayol consiste à décider l'Almamy de presser notre départ. Mais la route du Niger est fermée, la guerre ravage ces
contrées, et l'Almamy ne veut pas nous laisser partir de peur qu'il ne nous arrive malheur.
Nous nous rabattons alors sur Dinguiray. L'Almamy promet d'examiner notre sujet ; quelques jours après, il nous dit que par là encore nous ne pouvons passer, parce que Abibou, le chef de Dinguiray, vient de faire couper le cou au chef de Touba, un vassal. D'autre part, les courriers revenus de Timbo ont fait savoir à l'Almamy que le conseil des Anciens désirait nous voir retourner au Sénégal par le Fouta, en suivant une autre route, afin de connaître « tout le monde du pays ».
Nous entrons dans la période des ennuis, des tracasseries. Un courrier venu de Sierra-Leone a fait courir sur nous des bruits malveillants, assurant que les Français ne vont explorer les contrées lointaines que pour les prendre.
Evidemment ce ne sont que des contes faits pour éprouver notre patience. Il n'en est pas moins vrai que, sans cesse énervés, nous finissons par avoir sérieusement la fièvre.
Chez moi elle devient régulière et Bayol tombe gravement malade ; malgré tous ses efforts, la fièvre le terrasse et, pendant quatre jours, il est si atrocement secoué que je crois sa dernière heure arrivée. Mes hommes sont tristes et je suis d'autant plus affligé que, malade des plus désagréables, le docteur repousse tous mes soins. En revanche, il est plein de prévenances pour les attentions des noirs.
Notre muletier, Ibrahima Soumaré, s'est constitué son infirmier. Il ne quitte pas la case, guette les moindres mouvements du malade et, jour et nuit, est sur pied au moindre signal. Je suis heureux de rendre hommage à ce brave serviteur dont le dévouement est au-dessus de tout éloge.
Mahamadou-Saidou est également plein d'attentions.
Sur son conseil, nous faisons du feu dans notre habitation. Nous nous habituons difficilement à supporter la fumée, mais la chaleur nous fait beaucoup de bien et, vingt-quatre heures par jour, nous avons un feu à rôtir un mouton.
Une femme de l'Almamy, Néne Aéba, qui, malgré ses quarante-cinq ans, est la plus belle femme que j'aie vue au Fouta et qui, paraît-il, a causé la mort de neuf adorateurs, vient voir Bayol et promet de lui envoyer un remède excellent.
Après quinze jours de souffrances, nous triomphons tous deux de la maladie et nous entrons en convalescence. En sa qualité de médecin, Bayol n'emploie aucun des remèdes du Codex et se rétablit. En ma qualité de malade, je prends beaucoup de quinine et je m'en trouve bien.
Sur le conseil d'Hamadou-Ba, nous nous mettons au régime du lait aigre et nous en sommes très contents.
Je recommande cet aliment aux voyageurs africains.
Pendant les moments de répit que me laisse la fièvre, je vais chez l'Almamy. Notre conversation roule souvent sur la religion. Une de ses grandes préoccupations est de savoir quand arrivera la fin du monde ! Un jour il me dit :
D'après mes calculs, la fin du monde du arrive dans vingt ans.
Alors un vieux griot, âgé d'au moins soixante-quinze ans, qui massait une jambe de l'Almamy, suspendit sa besogne et me demanda s'il n'y aurait pas moyen, quand on en serait là, de passer par une autre porte.
L'Almamy lui mit amicalement la main sur l'épaule et répondit :
Non ! mon pauvre vieux, il faudra y passer comme les camarades !
Ah ! mod'jja (mauvais) !
L'attitude de ces deux hommes était du plus haut comique.
A peu près rétabli, mais d'une maigreur effrayante, le docteur reprend ses visites quotidiennes à l'Almamy et insiste de nouveau pour presser notre départ. Mais l'Almamy répète qu'il faut patienter : le temps est trop mauvais pour voyager, les pluies continues ont tellement grossi les ruisseaux que nous ne pourrions passer, et mille autres raisons.
De plus, nous sommes en plein Ramadan, le carême des musulmans, et il n'est pas bon de voyager au lieu de faire pénitence.
Tout le carême se passe sans qu'aucune décision soit prise. L'Almamy prie beaucoup et, selon la coutume jeûne tout le jour pour ne manger qu'au coucher du soleil. Voyant que le docteur va retomber plus gravement malade, l'Almamy ordonne de dire pour lui, à la mosquée, des prières publiques, qui durent deux nuits.
Jamais je n'oublierai les bontés que le maître et les habitants de Donhol-Fella ont eues pour nous, jamais je n'oublierai madame Mahamaaou-Saïdou, cette bonne Méta qui, tous les jours, un éblouissant sourire sur les lèvres, venait s'assurer que nous ne manquions de rien.
Salminaa, doctor : salmina, Thierno ; Cori d'jiam wali soubaka ? (Bonjour, docteur ; bonjour, Thierno (1); comment cela va-t-il ce matin?)
Merci, Méta, cela va mieux.
Ah! ce ne sera rien, vous serez bientôt guéris... Je pars, il faut faire le déjeuner.
Charmante et excellente femme !... Son souvenir me sera toujours cher !
Enfin, le dernier jour du carême est arrivé, les Foulahs guettent la nouvelle lune, elle apparaît ; Inch Allah ! Grâce à Dieu ! le carême est fini et la mosquée retentit des prières des croyants qui remercient le Prophète des noirs.
Le lendemain matin, une grande solennité réunit à Donhol-Fella plus de cinq cents hommes qui viennent assister au grand Salam, chanté par l'Almamy. La mosquée, trop étroite, ne peut contenir tout ce monde et la cérémonie a lieu en plein air. La face tournée vers l'Est, les fidèles exécutent avec un ensemble parfait les saluts à la Caba, et l'effet est des plus pittoresques quand ces cinq cents hommes, tous vêtus de blanc, se prosternent humblement, la face contre terre.
A peine le dernier amine a-t-il clos le Salam que de tous côtés des cris retentissent ; ce sont les enfants mâles qui, se bousculant, partent en troupe et vont devant chaque demeure chanter une prière de circonstance, pour souhaiter la bonne année qui commence et en même temps recevoir un cadeau.
Nos hommes sont de bons musulmans ; ils viennent nous la souhaiter bonne et heureuse : naturellement il faut donner des étrennes !
Les noirs du Sénégal, chrétiens ou musulmans, ont ceci d'avantageux pour eux bien entendu c'est qu'ils célèbrent également les fêtes catholiques et les fêtes du Koran. Ils nous souhaitent deux fois la bonne année et comme chaque fois qu'un noir vous fait un souhait, c'est pour en tirer profit, son seul regret est que les occasions ne soient pas plus fréquentes.
Les femmes n'assistent pas aux solennités religieuses ; mais, le jour de la nouvelle année, les mères et les grand'mères quittent momentanément leurs bijoux pour en parer leurs fillettes. Ces demoiselles, vêtues de leurs plus beaux atours, se font admirer, se critiquent entre elles et finissent la journée en improvisant un petit tamtam (bal) loin des regards curieux.
Enfin, après bien des tiraillements, bien des remises, notre départ est fixé pour la fin du mois. La route que nous prendrons pour retourner au Sénégal est arrêtée.
Nous passerons par Labé et les montagnes du Tamgué pour nous rendre à Médine. Les hommes qui doivent accompagner Mahamadou-Saïdou sont désignés, ce sont :
Comba, le satigui, nous devancera à Labé, où il préviendra Alfa Aguibou, chef du Labé, pour qu'il se rende à Tounthourounn afin d'avoir une entrevue avec nous ; puis il nous accompagnera jusqu'à notre passage de la Gambie.
Kikala, un captif, nous devancera d'un jour dans chaque village où nous devrons loger et invitera les chefs à bien nous traiter. Samba-ley-Mayo nous guidera jusqu'à Médine.
Toutes ces dispositions sont prises ; mais il faut encore que l'Almamy nous trouve un cheval, car nous n'avons plus qu'un mulet.
Nouveaux retards.
Les Peulhs ne sont pas vifs dans leurs décisions et je suis bien convaincu aujourd'hui que ce n'est qu'à grands renforts de palabres que l'on peut obtenir d'eux la moindre des choses.
Nous devrions partir un lundi, le seul jour qui soit prospère pour entreprendre un voyage. Cependant, c'est le mardi 30 août que nous quittons Donhol-Fella.
Avec le jour nous sommes sur pied, tous nos préparatifs sont terminés et nous n'attendons plus que les ordres de l'Almamy. A huit heures, deux grands marabouts, accompagnés de Mahamadou-Saïdou et de quelques notables, viennent nous faire commission de la part de l'Almamy et, après un discours de circonstance, nous remettent trois lettres écrites en arabe : l'une pour le chef des Français, l'autre pour le gouverneur du Sénégal et le troisième pour le Tamsir. Au nom de l'Almamy, Thierno Yaïa remet au docteur une paire de boucles d'oreilles en or, humble cadeau du souverain
du Fouta pour le président de la République.
Vous n'avez voulu, dit-il, ni des captifs, ni des boeufs, ni des moutons que vous offrait l'Almamy ; c'est tout ce qu'il peut donner au grand chef des Français ; c'est peu, mais c'est de bon coeur.
Le cheval nous est amené ; il est de toute petite taille, mais, en revanche, il est bien reposé et rue quand on l'approche. Bayol, qui n'a que du mépris pour les petits chevaux, me laisse celui-là.
L'Almamy nous fait prévenir qu'il peut nous recevoir ; l'instant des adieux est venu. Entouré de ses fidèles, ce brave homme, qui selon toutes probabilités ne nous reverra jamais, fait ses dernières recommandations à ses envoyés ; puis, se tournant vers nous, dit d'une voix émue :
La vie est ainsi ; on connaît les hommes, on les aime... Un jour, ils partent et on ne les revoit plus. Inch Allah! (A la volonté de Dieu !)
Bayol lui promet que je reviendrai au Fouta, à moins que je ne sois mort.
Tu dis cela, docteur ; Hecquart, Lambert ont dit aussi qu'ils reviendraient ; on ne les a jamais revus. Vous allez retourner dans votre pays ; mais dites bien aux bons hommes de France que les Peulhs les aiment et que, grâce à toi, docteur, Poulars et Français, c'est fils de même père et de même mère.
L'Almamy demande sa grande canne garnie d'argent et vient nous reconduire jusqu'à l'endroit où nous l'avons rencontré pour la première fois. Il nous serre la main en nous souhaitant bétéké (bon voyage) ; deux larmes perlent au coin de ses yeux ; aussi, pour échapper à l'émotion qui l'envahit, il reprend vivement le chemin de sa demeure, mais non sans se retourner plusieurs fois.
Nous montons à cheval et quittons définitivement Donhol-Fella ; les habitants et nos voisines nous font la conduite jusqu'au prochain marigot.
Bétéké, Doctor, bétéké Thierno !
Et nous serrons une dernière fois la main à tout le monde.
Partis à midi, nous n'arrivons qu'à cinq heures du soir à Sokotoro, où nous logeons dans notre ancienne case.
Le lendemain, pendant que Bayol va saluer Modi Boubakar-Biro qui est à son domaine de Bilalya, voisin de Sokotoro, je procède au passage du Bafing. Le dernier groupe allait passer, quand on me prévient, de la part du docteur, d'aller le rejoindre. Je fais retourner la caravane et me rends à Bilalya, qui n'est qu'à vingt minutes de marche.
Bayol est déjà installé dans une case magnifique, la plus belle et la plus spacieuse que j'aie vue au Fouta. Pour la première fois, je trouve une habitation pourvue d'un coin solitaire.
Immédiatement je vais présenter mes hommages à Boubakar-Biro, qui me reçoit avec affabilité.
Modi Boubakar-Biro, fils de l'Almamy Omar, est général en chef de l'armée peulh pour le parti Sorya. C'est un homme de trente-huit ans, bien bâti et d'allures distinguées ; son visage gravé de la petite vérole est régulier ; mais l'oeil vif et noir décèle une ardente ambition. Boubakar-Biro est atteint d'une gale maligne qui l'oblige à se gratter jusqu'au sang.
L'après-midi, accompagné d'une suite nombreuse, Boubakar-Biro nous rend visite. Il sait que nous avons été très bien reçus par son frère, Mahamadou-Paté, et il ne veut pas être moins aimable ; il affecte avec nous beaucoup de familiarité, comme pour convaincre son entourage qu'il est, lui aussi, tout à fait camarade avec les Français. Au grand chagrin de Bayol, il se vautre sur le lit du docteur et lui passe les bras autour du cou. Etendu sur ma couverture, je m'amuse beaucoup des répugnances de mon compagnon, qui est forcé de subir avec une joie apparente ces familiarités d'un
prince galeux.
Boubakar-Biro et Mahamadou-Paté se détestent ; aussi est-il très intéressant d'observer les allures de Boubakar-Biro qui est plein de jalousie envers son frère.
Au demeurant, le général en chef de l'armée sorya est un homme charmant, très intelligent, qui nous reçoit fort bien, nous traite royalement et comprend à merveille l'importance des avantages que les Foulahs retireront de leur traité d'alliance avec les Français.
Le 3 septembre, nous quittons Bilalya. Le passage du Bafing, dont les eaux, eu quarante-huit heures, ont baissé de trente centimètres, nous prend une heure.
Nous passons devant l'habitation de Néne Oumou, à qui nous faisons nos adieux, et, à trois heures du soir, par une pluie battante, nous entrons à Timbo, où la mauvaise case que nous avions habitée nous est de nouveau réservée.
Si le logis n'est pas bon, en revanche, Modi Diogo, qui est à sa maison de ville, nous soigne de son mieux et ne nous laisse manquer de rien. Nous lui faisons une visite et nous lui offrons un modeste cadeau ; il réplique par un autre cadeau à Bayol ; il nous annonce que nous resterons quatre jours à la capitale et que nous serons reçus solennellement par le Conseil des Anciens.
Moins déliant que lors de notre premier voyage, l'Almamy Hamadou désigne deux hommes pour nous accompagner en France ; mais ceux-ci ne se soucient pas de faire un aussi long voyage et l'Almamy se résigne à
charger Mahamadou-Saïdou de le représenter auprès du chef des Français.
Le 4 septembre, nous sommes reçus en audience solennelle par le Conseil des Anciens (le Sénat), qui se tient chez l'Almamy Hamadou. La case royale est pleine de monde ; il y a au moins deux cents hommes assis par terre. L'Almamy Hamadou est assis au pied de son lit, et auprès de lui Modi Diogo (le président).
Des petits sièges nous sont réservés en face de l'Almamy et nos hommes se placent derrière nous.
Par quelques mots brefs, Modi Ibrahima Diogo ouvre la séance et donne la parole a Mahamadou-Saïdou. Celui-ci, dans un discours assez long, prononcé avec volubilité, où le mot Almamy revient sans cesse, expose le but de notre voyage. Il insiste sur la valeur de notre parole, qui ne s'est jamais démentie pendant notre séjour au Fouta et sur le bien-être que gagneront les Peulhs avec le concours des Français, qui sont même père et même mère, car Fouta et France c'est même chose.
Quelques autres orateurs prennent la parole sur le même sujet et le docteur prononce une allocution de circonstance, par laquelle il remercie les Almamys, les princes, Modi Diogo et les Foulahs qui nous ont si bien traités pendant notre séjour parmi eux. Il conclut en assurant les Peulhs que les Français seront heureux de savoir que nous avons été si bien reçus au Fouta et il leur donne l'assurance que jamais la guerre n'aura lieu entre les Foulahs et les Français, enfants de la même famille !
Les discours terminés, Modi Diogo s'adresse à l'Almamy et lui dit :
Almamy Hamadou, a guéliké (as-tu compris) ?
L'Almamy répond :
Guélam (j'ai compris) !
Puis, l'Almamy s'adresse à Modi Maka, lui fait la même demande, obtient la même réponse et ainsi de suite. L'approbateur s'adresse toujours à un autre
membre du conseil en procédant par ancienneté jusqu'au plus jeune. Pendant cinq minutes, on n'entend plus que : A guéliké ? Guêlam !
Quand chacun a donné son avis et a approuvé, l'Almamy entonne une prière, que reprend en chœur toute l'assistance. Le spectacle ne manque pas d'une certaine grandeur et, malgré mon indifférence religieuse, je suis ému en entendant ces deux cent cinquante voix prier Dieu et leur Prophète de nous accorder un bon voyage, de nous conduire sains et saufs dans notre patrie.
Le mardi 6 septembre, escortés de la plupart des notables, Modi Diogo en tête, nous quittons la capitale du Fouta-Diallon. Nous nous dirigeons vers le Nord et nous terminons notre étape au village de Doubbel, où nous passons la nuit. Le lendemain, après une journée que la fièvre rend très fatigante, nous atteignons Bouria, ville en tout semblable à Timbo, mais d'une étendue double, qui a l'honneur de posséder le premier oranger planté au Fouta.
Cet arbre magnifique, dont le tronc a plus d'un mètre de diamètre et dont les rameaux peuvent abriter deux cents personnes, est planté devant la mosquée. Le pied de cet oranger sert de sépulture à un grand marabout, Thierno Yssa (Jésus), qui fut un savant vénéré auquel on venait demander des prières. En mémoire de ce saint homme, personne, pas même le souverain du Fouta, n'entre à cheval dans la ville. Nous nous conformons à l'usage.
De Bouria, nous nous rendons à Porédaka (camp du caoutchouc), ville populeuse et très étendue, où la fièvre nous oblige à séjourner.
Enfin, le 10 septembre, après avoir subi une violente tornade qui pendant trois heures nous trempe jusqu'aux os, nous revoyons Fougoumba, où nous retrouvons notre ancienne demeure.
En entrant dans la case, nous nous heurtons la tête dans une liasse de papiers, formée par des fragments de journaux, dont nous nous étions servis lors de notre premier passage. Accrochée sous la vérandah, cette
liasse de papiers sert de fétiche. Comme ailleurs, au Fouta, cela porte bonheur.
Alfa Mamadou Fougoumba ne nous reçoit plus avec la même réserve et fait tuer un bœuf pour nous l'offrir. Après deux jours de repos, nous partons pour Kébaly, village bâti dans la vallée du Thénée, à peu de distance de cette rivière. Nous entrons dans le village en même temps que Alfa Gassimou, chef du Labé pour le parti Alfaya, qui, escorté d'une suite nombreuse, se rend à Timbo.
Alfa Gassimou est l'homme le plus grand et le plus gros que j'aie jamais vu. Ce superbe chef noir a plus de deux mètres de hauteur et, de peur d'écraser sa monture, sans doute, marche toujours à pied. On est surpris, en entendant parler ce colosse, de la douceur de son organe. Nous lui offrons un cadeau, qu'il reconnaît en nous donnant un mouton.
Après avoir traversé presque entièrement la vallée du Thénée, nous gravissons le fello Dioufouna, nous atteignons le plateau de Labé, nous couchons successivement à Kael et à Bentégniel-Mahoudo (le grand).
Nous traversons Bentégniel-Tocossel (le petit), sans nous y arrêter, et nous couchons à Dara-Labé. Enfin, après une longue étape, nous arrivons le 10 septembre à Tounthourounn, où une députation de notables vient nous recevoir à l'entrée de la ville.
Nous sommes déjà à 175 kilomètres de Timbo.
Note
1. Thierno, titre religieux, correspondant au titre d'évoque, qui me fut donné par l'Almamy un jour que nous discutions sur le Koran. Par flatterie pour leur souverain, dès lors les Peulhs ne m'appelèrent plus que Thierno Noir, puis traduisant mon nom en langue Poular, Thierno Baleidjio.