Tome 2. Conakry. 2003. 73 pages
Elhadj Bano Bah & Tierno S. Bah, eds.
Pendant que l'administration française organisait le Fouta afin de barrer le chemin à toute résistance, un incident qui engendra des conséquences graves, éclata dans le Mâci (cercle de Pita)
Le 9 mars 1909, à la nuit tombante, au bord de la rivière Kora, l'administrateur Bastié, commandant le cercle de Pita, en tournée, fut attaqué et assassiné par Tierno Amadou Tidiani, marabout fanatique, originaire de Kébali, affilié à la confrérie de Gomba. Tierno Tidiani était accompagné de quatre talibé (disciples). Ayant une rancune contre Bastié, devant qui il avait présenté une affaire judiciaire pour laquelle il fut débouté, Tierno Tidiani avait juré de tirer vengeance. Profitant de la tournée de l'administrateur, il se mit à l'affût avec ses compagnons, près du pont sur la rivière Kora. Pour lui la suppression d'un infidèle était un bel exploit qui l'honorait.
Dès que le convoi fut arrivé à la hauteur du pont, Tierno Amadou Tidiani et ses compagnons sortirent de leur cachette et saisirent le hamac. Ils jettèrent Bastié par terre , le rouèrent de coups de sabre ainsi que son garde d'escorte. Tous deux furent tués sur place. Les porteurs et l'interprète à cheval prirent la fuite pour alerter Pita. Les malfaiteurs, eux, se refugièrent dans le Gomba.
Sans tarder, la justice ouvrit une enquête et lança un mandat d'arrêt contre les criminels qui furent activement recherchés. L'enquête révéla que Tierno Amadou Tidiani, principal assassin, appartenait au groupement religieux du Wali de Gomba qu'il fréquentait régulièrement.
Tous les soupçons furent alors portés sur le Wali Tierno Aliou. Pressé de questions, celui-ci opposa une dénégation totale et jura ignorer ce double crime. Mais sa position était difficile à défendre, car l'attachement du criminel à lui ne pouvait que confirmer sa participation de près ou de loin à cet attentat, et qu'en tout état de cause, il ne pouvait ignorer les intentions de son disciple. Des facteurs non négligeables venaient appuyer cette accusation :
A la suite de tout ce qui précède un sentiment de méfiance naquit entre les autorités françaises et le Wali. Dès l'arrestation de l'assassin, il fut jugé et exécuté immédiatement à Conakry. Pendant son interrogatoire, Tierno Amadou Tidiani ne mit jamais son maître en cause, ni de près ni de loin. La situation devint donc tendue.
L'inquiétude se porta alors sur Missidé Gomba, cette agglomération qui n'est autre chose qu'un refuge de bandits, de fugitifs et de malfaiteurs en répentir. Des agents de renseignement, envoyés par l'administration,comme Karamoko Sylla, de Conakry, et l'interprète Kali Salifou, tissèrent toutes sortes de mensonges et de calomnies contre le Wali. Ils montèrent une grande cabale contre lui afin de le supprimer, racontant qu'il était en relations constantes avec tous les marabouts du Fouta, avec les chefs et même les almamys, pour entreprendre une guerre sainte.
Or ceux qui répandaient ces faux renseignements savaient eux-mêmes qu'une telle relation, à l'heure qu'ils vivaient, était impossible, sinon irréalisable, car Tierno Aliou Gomba était haï des almamys, que la seule relation qu'il pouvait avoir avec ses homologues ne pouvait faire prendre leur mensonge pour des réalités, était bonne.
Pour appuyer leur dénigrement contre le Wali, ils prirent l' exemple sur les grosses quantités de poudres et de fusils importées par le Fouta pour la défense de leurs cultures qui étaient disproportionnées avec les besoins du moment. Pour eux, cette importation n'avait pour but que la préparation d'une guerre sainte projetée par le Wali. La situation ainsi entretenue dura toute l'année 1910.
L'Administration envisagea l'arrestation du marabout. Le bruit parvint à celui-ci à temps. Il prit des précautions en faisant filer sur la Sierra-Leone, une partie de sa famille et des troupeaux de bœufs. Les agents de renseignements, toujours aux aguets, rapportèrent ces faits aux autorités françaises qui conclurent qu'il s'agissait là des préliminaires des hostilités.
En décembre 1910, le gouverneur général et le gouverneur de la Guinée, de passage à Kindia, manifestèrent le désir de s'entretenir avec le Wali. Celui-ci, convoqué, à cet effet à Kindia, s'excusa de ne pouvoir se déplacer. Aucun de leurs agents de renseignementde ne put fournir à ces autorités l'information selon laquelle le Wali était tenu par des obligations religieuses de ne jamais sortir de Gomba. Pour cette raison, le Wali, sachant ce qui l'attendait mais surtout pour la raison susmentionnée, ne put venir à Kindia. Il évoqua simplement comme motif, son grand âge. Cette réponse froissa ceux qui l'avaient convoqué. Dès lors, la rupture entre eux et le Wali était consommée.
Alfa Yaya, ex roi du Labé, venait de rentrer de son exil. Le Wali et lui avaient des ennemis communs. Profitant de l'occasion qui leur était offerte par le refus du Wali de répondre à la convocation de Kindia, Karamoko Sylla, Kali Salifou et consorts, prétendirent que Alfa Yaya et le Wali avaient formé une forte armée, bien équipée et que tous les chefs et les disciples résidant dans les cercles de Pita et de Ditinn étaient en contact avec le Wali et lui envoyaient leur soutien et leur encouragement pour une insurrection contre la France.
Comme nous l'avons déjà vu, Alfa Yaya et son fils Modi Aguibou furent à nouveau arrêtés et exilés en Mauritanie. L'arrestation du Wali fut décidée par la même occasion.
Le capitaine Lalay de la 7eme Compagnie de Kati, fut chargé de procéder à cette arrestation. On estima que les militaires du Soudan, plus féroces, étaient plus qualifiés pour remplir une telle mission. Pourtant, la tâche n'était pas facile.
Le Wali, informé de cette décision, l'annonça à ses disciples qui se réunirent alors en grand nombre à ses côtés à Missidé Gomba. Le Gouverneur Guy tint à assister en personne aux opérations devant se dérouler selon le plan arrêté le 30 mars 1911. Une compagnie militaire, sous les ordres du capitaine et du lieutenant Bornard arrivèrent à Gomba à la date fixée. Elle campa sur une hauteur, au sud du village, avec le gouverneur qui était accompagné de nombreux hauts fonctionnaires.
Le capitaine Lalay, secondé par le lieutenant Bornard, dirigea lui-m^eme les opérations. Mais dès le départ, il commit une erreur. Au lieu d'envoyer un émissaire au Wali pour l'informer de son arrivée, il se rendit, directement, lui-même, à la mosquée, avec son second et une section de 10 ou 12 tirailleurs bien armés. Une foule nombreuse et bien armée était massée autour du temple.
Après une courte palabre, le capitaine demanda à voir le Wali. Informé de sa présence à la mosquée, le Wali vint à sa rencontre. Le capitaine lui expliqua le but de sa mission et lui demanda de faire déposer les armes. Les talibé furent alors très excités, et comme toute réponse à cette injonction, ils tombèrent sur lui et le massacrèrent à coups de sabre, au son de la tabala et aux cris d'Allahou Akbar. Son lieutenant et les dix tirailleurs subirent le même sort. Un combat acharné s'engagea immédiatement.
Sous les ordres d'un sous-officier européen, les tirailleurs, campés sur la colline, descendirent et tirèrent sur la foule, faisant de nombreuses victimes. Au premier choc, la compagnie fut rejetée hors du village. Elle se regroupa pour un nouveau choc. Elle subit le même sort. Quelques tirailleurs se détachèrent alors pour se rendre auprès du gouverneur et sa suite afin de les protéger et les escorter jusqu'à la première gare de chemin de fer où ils reprirent le train pour Conakry.
C'est seulement au cours d'un troisième engagement que la compagnie put pénétrer dans le village et incendier les cases et la mosquée. Abandonné par les habitants en débandade, l'agglomération fut occupée par les tirailleurs. Les cadavres jonchaient partout le sol. Ceux des européens, atrocement mutilés, furent transportés sur Kindia.
Devant la situation ainsi créée, le Wali n'avait son salut que dans la fuite. Avec ses principaux talibé, il prit la route de la Sierra-Leone, en longeant la rivière Kolenté. Aidés par les populations autochtones, les militaires poursuivirent vainement les fugitifs.
De Kindia, une colonne de repression envoyée sur les lieux le 23 avril, arriva le 27, effectua des perquisitions systématiques, incendia tout ce qui restait du village avec les approvisionnements des populations et captura tous les troupeaux de bœufs de la région. Elle ne découvrit, cependant, aucun dépôt d'armes ni de munitions.
Le Fouta ne bougea pas. Le soulèvement que les Karamoko Sylla et consorts prévoyaient n'eut pas lieu parce qu'il était inventé de toutes pièces par ces agents corrompus. L'entente islamique qu'ils prétendaient exister ne fut révélée par aucun indice . Ni les marabouts, ni les chefs n'eurent une part de responsabilité, si minime soit-elle, dans cette affaire. Une fois de plus, il fut simplement démontré que les autorités françaises, après avoir abattu le bastion de la chefferie traditionnelle dans le Fouta, voulaient en finir avec celui des marabouts qui leur semblait être le dernier obstacle à leur domination coloniale.
Après avoir quitté Gomba, le Wali longea la Kolenté avec ses talibé pour atteindre la Sierra-Leone. Quelques temps après, le gouvernement français prit des dispositions pour le faire extrader à Conakry, sous l'inculpation d'assassinat de deux officiers français. Jugé par la Cour d'Assise, il fut condamné à mort le 23 septembre 1911. Mais épuisé par l'âge, les émotions et les souffrances endurées pendant le voyage, il ne put être exécuté. On le laissa mourir le 5 avril 1912.
Certes,la condamnation du Wali était justifiée par ces assassinats, mais a-t-on tenu compte de l'état d'exaspération dans lequel les officiers avaient soumis le Wali ? Acculé dans sa missidé même devant tous ses talibé fanatiques, devant sa famille, voyant par la présence de ces militaires que tout espoir de conciliation était perdu, le Wali a agi dès que l'ordre de l'arrêter a été donné.
Après l'arrêt de la Cour d'Assise, la répression contre les talibé fut très violente. Ils furent recherchés activement et ceux qui furent capturés, reçurent une sanction des plus sévère. Ils furent accusés de complicité d'assassinat et jugés par la Cour d'Assise, par les tribunaux repressifs et par la voie administrative. Modi Alimou, neveu du Wali, Djoubaïrou, l'un des principaux talibé, furent condamnés à mort et exécutés à Conakry, en 1912. Plusieurs talibé furent internés à Kouroussa et à Siguiri. D'autres, au nombre de 22,furent exilés hors de la colonie, à Port-Etienne (actuel Nouadhibou- Mauritanie).
Tierno Atighou, sécrétaire du tribunal de Kindia, accusé d'être un disciple de Tierno Aliou Gomba et son agent de renseignement, fut condamné à 10 ans d'internement à Port-Etienne.
Le gouverneur de la Guinée profita de cette affaire pour déverser toute sa colère sur l'Islam qu'il haïssait à fond. Il tint à anéantir cette religion dans le Fouta où elle était merveilleusement implantée. Par méchanceté, il ordonna une repression générale contre les marabouts du pays. Parmi ceux qu'il visa particulièrement, il faut citer les marabouts ci-après :
Heureusement que les administrateurs des cercles ne voyaient pas comme lui. Ceux de Timbo, de Labé et Pita défendirent loyalement leurs ressortissants. Seul celui de Gaoual, Liurette, exécuta à la lettre l'ordre reçu. Il arrêta Karamoko Sankoun et Bâ Gassama avec d'autres marabouts de la même famille qui rejoignirent à Port-Etienne, les premiers condamnés de Gomba.
Nous avons retracé déjà comment Karamoko Dalen, par son courage et son sang froid, put échapper à cette injustice du gouverneur Camille Guy.
En ce qui concerne Tierno Aliou Bhoubha N'Diyan et Tierno Mamadou Chérif de Zâwia, l'administrateur de Labé n'hésita pas de dire au gouverneur toute la vérité sur ces deux grands marabouts et le mit en garde contre certains renseignements tendancieux qui lui parvenaient parfois à Conakry. Il déclara au gouverneur que la conduite de ces deux vénérables hommes de science l'empêchait de mettre la main sur eux, car ajouta-t-il « il aura ainsi évité au pays un bouleversement irrémédiable ». Pour mettre Tierno Aliou, notamment, à l'abri, il le fit nommer chef du district de Labé qu'il commanda jusqu'en 1916. L'affaire fut ainsi classée définitivement.
Tierno Ibrahima Kalilamban et Tierno Mâwiatou Mâci de Pita, purent échapper grâce à leur conduite louable et à leur sang froid lors du passage de la colonne de repression dans leur village.
Pourtant, Tierno Aliou Gomba, depuis 1885, époque de son installation dans le Gomba, fut un ami de la France. N'est-ce pas , en effet, grâce au soutien du gouverneur Ballay qu'il réussit à se fixer définitivement dans cette région ? A cette époque, le Wali était en lutte avec les almamys du Fouta- Dialô. En le soutenant, les Français combattaient discrètement l'autorité de Timbo. Considéré comme un dissident, un houbbou, Tierno Aliou était menacé par Almamy Ahmadou qui, à plusieurs reprises, essaya de l'attaquer. Lorsque Alby se rendit en mission à Timbo,en 1893, il tenta d'obtenir de l'alfaya, le détachement de Gomba et son annexion au protectorat français. Le souverain du Fouta lui répondit : « Je considère votre ami, le wali de Gomba, comme mon sujet qui refuse de payer le tribut qu'il doit au Fouta. Dans ce cas, il faut le ramener de force sur place et je saurai lui faire expier sa désobéissance ».
Comme le Kébou se vidait de plus en plus au profit de Gomba, Timbo proposa au Wali, son installation dans cette dernière province où la sécurité lui serait assurée. Mais le Wali suspendit la réponse pendant plusieurs années et vécut en paix, grâce à ses relations avec le gouverneur Ballay.
Peu avant l'arrivée de la compagnie militaire, le 30 mars, à Gomba, la famille du commandant de cercle de Kindia , était l'hôte du Wali. Un prêtre de la mission catholique de Kindia venait de temps en temps a Missidé où le Wali lui réservait un accueil amical. Le commandant de Kindia, dans ses rapports avec lui ne releva jamais une défaillance quelconque. De nombreux faits qui seraient longs à citer ici, permettent de croire à cette époque, que rien ne pouvait compromettre le Wali dans une affaire grave, car, âgé de 80 ans, il n'aura jamais souhaité que sa paix soit souillée.
Alby l'a souligné dans un rapport de mission redigé en 1893. Dans ce rapport, le Wali est dépeint comme un « homme simple, affable, accueillant et pacifique», vivant au milieu de ses talibé qui le vénèrent. La Missidé Gomba est décrite comme un « campement » et non comme « une fortification » où les populations vivent dans « l'aisance » et ne donnent aucune impression « d'avoir des mœurs guerrières ou des allures de conquérants ». Le Wali, selon ce rapport « ne veut s'occuper que de Dieu et d'agriculture ».
Un homme de son rang dans la société, qui rencontre une telle mésaventure, doit avoir payé d'une grave faute commise au cours de ses années d'existence. Dieu seul peut savoir quelle était cette faute.
Marabout remarquablement instruit, Tierno Aliou choisit, dès ses débuts, de s'éloigner du Fouta où, estimait-il, les Almamy n'étaient que des potentats. Il rêva de se créer un fief où il assurerait à ses sujets, la liberté et la justice. Il chercha, en vain, un terrain favorable dans le Kébou. Dans le Kinsan, province soussou, située à la lisière du Fouta, il découvrit la vallée du Gomba, arrosée par la rivière Kolente, qui lui convient parfaitement. Dans ce coin, il pourra facilement susciter des émigrations vers lui. Son influence qui s'accroit lui permettra de dominer les chefs soussou, ses voisins. Les mécontents et les fugitifs seront les bienvenus et il pensa pouvoir les amender pour les soumettre à son obédience.
Avec un cadeau très important ( 7 bœufs, 7 moutons, 7 chèvres,7 poulets, 7 anneaux d'or, 7 anneaux d'argent etc...), il acheta le roi du Kinsan qui l'autorisa à s'installer dans le vaste Gomba où il créa un village qu'il baptisa Misside (de l'arabe masjid : mosquée.
En quelques années, grâce au Chazélisme dont il était consécrateur, ses projets furent réalisés sans beaucoup de difficultés. Son « diârôré » qui occasionnait beaucoup de festivités, lui attira beaucoup d'adeptes. Bientôt, Missidé, devenue le refuge de toutes sortes d'individus plus ou moins suspects, vit se créer autour d'elle, de nombreux petits villages satellites et pleins de fidèles au Wali. Ce progrès qui se réalisait au détriment des Almamy et des rois soussou, ne tarda pas à retenir l'attention.
Dès lors, le Wali commença à rencontrer toutes sortes de difficultés dans son fief florissant. Les voisins se plaignirent de la dévastation de leurs cultures par les troupeaux de Gomba. Les rois soussou craignirent, à juste titre, le développement de l'influence du marabout dans le pays. Le Wali fut obligé, pour calmer les esprits de ses voisins cupides, de payer de nombreux cadeaux à plusieurs d'entre eux. De son côté, Almamy Ahmadou, de Timbo, le menaçait et fit tout pour le faire d'éguerpir de cette région. Il envoya même, à plusieurs reprises, des partisans pour y effectuer des razzias importantes.
C'est dans cette situation du Wali, qu'en 1893, Alby, attiré par ce qui se passait à Gomba, y séjourne pendant quelques jours. Plus haut, nous avons indiqué les vaines démarches de cet administrateur auprès du souverain de Timbo, afin d'obtenir le placement de Missidé sous le protectorat français..C'est depuis que, protégé par le gouverneur Ballay, le Wali put retrouver la paix dans son fief, et mener, à son tour, non pas une vie de potentat, mais celle faite de dévotion et de piété.. Mais, après le départ de Ballay, voilà que ses ennemis brandirent contre lui leurs armes et le précipitèrent dans le précipice d'où il ne sortira plus jamais.
Après l'occupation de Timbo, le 3 avril 1896, De Beckmann fut nommé premier résident de France au Fouta.
A la suite de l'échauffourée de Porédaka et le meurtre de l'almamy Bocar Biro, tous les chefs des diwé vinrent à Timbo pour présenter leur soumission à la France. Comme premier ordre du représentant de la France, la chasse systématique à tous les partisans de l'ancien almamy, fut organisée. Presque tous furent arrêtés et mis à mort. Pour sauver leur peau, les autres prirent la fuite pour se cacher loin du Fouta.
C'est ensuite l'organisation d'une action vigoureuse contre une résistance éventuelle à l'autorité française, d'où qu'elle vienne. Car les dirigeants français craignaient, de la part des Almamys et de certains chefs, une opposition au nouveau régime.
Dès lors, une organisation du pays s'imposait afin de faciliter l'exécution des diverses tâches qui s'offraient à la nouvelle administration . De Beckmann, qui pouvait procéder, d'une façon satisfaisante et rapide, à ce travail, ayant été limogé et s'étant retiré pour la France, le 1er avril 1897, quelques mois seulement après l'occupation, l'intérim fut confié au capitaine Dédouis, commandant la compagnie militaire stationnée à Timbo. Ce commandant qui ne connaissait que l'usage de la force, indisposa, très bientôt, les almamys .
C'est pourquoi, le 1er juin 1897, le gouverneur Ballay nomma Noirot comme titulaire du poste. Cet administrateur fut choisi en raison des qualités qu'on lui attribuait d'être connu dans le Fouta, depuis son passage dans le pays, en 1881, avec Bayol.