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Taariika


Ernest Noirot
A travers le Fouta-Diallon et le Bambouc (Soudan occidental)

Paris. Librairie Marpon et Flammarion. 1882. 248 p.


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VI
Bambaya

Le 24 mai, dès le matin, nous quittons Bembou. Un violent orage, accompagné de formidables coups de tonnerre, a répandu une grande humidité, et de gros nuages blancs roulant dans le ciel bleu promettent, à courte échéance, une nouvelle tornade.
De bonne heure, nous sommes en vue de Bambaya. Le paysage est magnifique. Une verte plaine s'étend sur une pente légère jusqu'à la forêt qui lui sert de bordure. Le sentier que nous suivons coupe cette plaine et entre sous bois.
Sur la hauteur qui domine la forêt, les cases de la ville se détachent sur le vert sombre du coteau où se profilent les minces silhouettes de quelques palmiers. Un nuage qui passe tamise les rayons du soleil et laisse ce premier plan noyé dans une lumière douée, tandis que les lointains, formés par une succession de montagnes bleues, ruissellent de clartés intenses.
Prévenu de notre arrivée, le chef de Bambaya, Alfa Hamadou-Bobo, envoie à notre rencontre une députation de notables et son griot. Attirés par les chants du griot, les habitants, surtout les femmes, nous regardent avec curiosité. Les enfants, effrayés par tant de monde, se sauvent en pleurant. Guidés par le chanteur à travers un dédale de rues étroites et bordées de purguères, nous arrivons à la demeure du chef. Entouré de guerriers, nonchalamment étendu à l'ombre d'un oranger, Alfa Hamadou-Bobo répond en ces termes à notre compliment de bienvenue :
— Entre. Tu es ici chez toi, dans ta maison. Ce pays est le tien.
Et quatre grandes cases sont mises à la disposition de notre caravane.
La case du chef, qu'il a quittée pour nous l'offrir, est habitée par les Ouolofs commis à la garde des bagages. Le mobilier se compose d'un lit en argile, orné d'arabesques en relief, et d'un hamac tressé avec des filaments de plantes textiles du pays.
Nous habitons la case de la première femme, case où se trouvent deux lits. Sur la demande du docteur, le chef convoque les principaux habitants de la ville pour assister au palabre qui se tient sous l'oranger.
Notre guide, Modi Souléman, ouvre la séance par un long discours où le mot Almamy revient à chaque instant; puis, c'est le tour de Alfa Oumarou, notre second interprète, frère du chef de Dambouria, province de Fougoumba. Fervent musulman, ce jeune homme, qui depuis longtemps est employé par les facteurs de la côte, passe pour un érudit. Son discours semble produire de l'effet, car les assistants prononcent souvent le mot gonga (très bien). Enfin, traduit par Hamadou-Ba, le docteur prend la parole. Il parle longuement afin de dissiper les craintes des indigènes.
Pendant toute la durée de ce palabre, égrenant un chapelet avec ostentation, agitant les lèvres comme quelqu'un qui prie, paraissant étranger à la conversation, Alfa Hamadou ne fait pas un mouvement. Ses yeux seuls errent sur les objets environnants. A son tour il prend la parole. Inquiet, il croit que notre voyage a pour but d'écrire le pays afin d'y envoyer une colonne pour faire la guerre.
Le docteur proteste contre ces insinuations.
Alfa Hamadou parait convaincu et demande à que les blancs emploient le café et le caoutchouc. A l'appui des explications nécessaires, nous lui présentons notre provision de café ainsi que nos couvertures caoutchoutées, qui font l'admiration de l'assistance.
D'après Alfa Hamadou, le caoutchouc, appelé poore par les habitants, est très commun au Fouta. Du café, il n'y en a que dans le Bambaya et sur les rives du Rio Fatala, mais en grande quantité. Alors, il nous offre une calebasse pleine de café du pays.
Le palabre terminé, le griot chante de nouveau les louanges de son maître ; puis il nous adresse, au docteur et à moi, un discours aussi bruyant que rapide et... nous tire la barbe ! Hamadou-Ba nous explique que, seuls, les griots ont le droit de tirer la barbe aux chefs et que c'est une grande marque de politesse.
Nous restons trois jours à Bambaya. Pendant que, tout entier à sa mission, mon chef de file palabre constamment, j'observe à mon aise la ville et les moeurs des habitants. Je constate que, comme chez les blancs, l'honnêteté et la fourberie se disputent la race noire.
Par sa simplicité, le vieux chef de Bembou peut être comparé à un modeste maire de village. Mais Alfa Hamadou-Bobo a l'allure, la morgue aristocratique d'un chef de district. Fort proprement vêtu de deux boubous, l'un blanc et l'autre bleu, la tête coiffée d'une calotte en cotonnade blanche ornée de broderies bleues, portant au cou des amulettes suspendues à des cordons de cuir, Alfa Hamadou est un homme de quarante ans environ. Sa physionomie est énergique et dure ; l'oeil est vif, légèrement, enfoncé et inquiet, le nez est aquilin, les lèvres épaisses, et un plumeau de barbe légèrement frisée orne son menton. Couleur à part, cet homme a tous les traits d'un Européen. Alfa Hamadou lit et écrit en caractères arabes.
Hamadou-Bobo ne vivrait pas longtemps au contact des Européens sans aimer comme eux les douceurs de toute nature qui rendent l'existence agréable. Afin de lui montrer combien le café qu'il nous a offert est une bonne chose, nous l'invitons à y goûter. Il le trouve à son goût et y met beaucoup de sucre. Dans l'intérêt de notre provision, j'ai beau lui faire dire que, pour bien goûter le café, on doit le boire pur, il s'obstine à le préférer bien sucré. Sa qualité de musulman lui interdit les alcools ; aussi ne lui offrons-nous pas le petit verre d'usage. Il demande alors si nous n'avons pas de bière.
— J'en ai bu à Rio-Pongo, dit-il, c'est très bon; cela, je peux boire, ce n'est pas du vin.
A défaut de bière, Alfa Hamadou ne manque pas une occasion de prendre sa demi-tasse. Il guette l'heure où nous prenons nos repas et arrive toujours au moment opportun. Au risque de me faire honnir, j'avoue que j'aurais préféré qu'il ne vint pas aussi souvent : en ma qualité de chef de gamelle, j'avais à défendre nos provisions et ce gourmand y faisait de telles brèches que je dus faire disparaître le sucre de la table.
Il est des accommodements avec le ciel, notamment avec le paradis de Mahomet. Ce zélé musulman, qui sans cesse égrène son chapelet, ne peut résister à l'attrait du fruit défendu. Un soir, pendant qu'il prend son café avec nous, il jette rapidement un coup d'oeil autour de lui, prend le flacon de cognac et en verse dans un gobelet... en y ajoutant de l'eau, disons-le bien vite! Mais Alfa Oumarou, allongé à l'ombre de notre vérandah, a vu le délit et fait une grimace qui ne présage rien de bon pour le croyant si peu observateur de ses devoirs.
Mettant à profit la chatterie d'Alfa Hamadou, le docteur ne perd pas une occasion de lui demander des renseignements sur le pays. Mais nous avons affaire à un chef astucieux et politique. Séduit par la quantité de nos bagages, il se dit que toutes ces marchandises seraient aussi bonnes pour lui que pour Almamy et cherche à nous persuader que notre voyage à Timbo est inutile.
— Almamy, répète-t-il, fait la guerre dans le Founnangué (pays de l'Est), vous ne le trouverez pas à Timbo, vous allez faire un voyage fatigant pour rien ; restez ici un peu, laissez les cadeaux pour Almamy et je les lui enverrai lorsqu'il sera de retour.
Aussi est-il fort contrarié quand nous lui annonçons notre départ prochain et met-il beaucoup de lenteur à nous procurer les vivres qui nous sont nécessaires pour poursuivre notre route.
Revenus de la terreur que je leur inspirais, les enfants du chef se sont apprivoisés et répondent à mes agaceries. J'en ai cinq autour de moi, trois fillettes et deux garçons, dont l'aîné n'a pas douze ans.
La plus jeune, la petite Awa (Eve), me témoigne surtout de l'affection. C'est peut-être bien parce que, pour compléter son costume réduit à un collier de perles blanches entourant ses reins, je lui ai donné deux boutons dorés d'uniforme que sa mère lui a passé aux oreilles ; mais c'est peut-être aussi parce que les enfants sont partout les mêmes : ils aiment qui les caresse et leur donne des jouets. Quoique un peu mendiants, ces enfants ne sont pas importuns et j'ai du plaisir à voir leurs ébats.
Le jour de notre arrivée, Hamadou-Ba vint mystérieusement nous avertir que pendant notre avant-dernière marche nous l'avons échappé belle.
— J'ai, dit-il, caché derrière une tapade, entendu des hommes parler d'une attaquation (sic) qu'ils voulaient nous faire l'autre jour. Ils disaient que cela n'avait pas réussi parce que nous n'avions pas couché à Dara-Magniaki où on nous aurait pris pendant la nuit. Ils disaient aussi que c'était difficile de nous attaquer à cause de nos fusils qui partaient sans poudre.
Peut-être Hamadou-Ba exagérait-il le danger. Si ces coureurs de brousse avaient voulu nous attaquer, l'occasion était belle. La longueur de la route pour atteindre Bembou avait beaucoup fatigué nos hommes ; ils étaient éparpillés sur le sentier, se reposaient souvent et, moi-même tenant mon cheval par la bride, j'étais fréquemment isolé.
Le docteur fit part de la conversation surprise par Hamadou-Ba au chef, qui en ce moment entrait chez nous.
— Oui, dit-il, j'ai entendu parler de cela. C'est un enfant, fils d'Almamy Hamadou, qui s'est sauvé de chez son père et bat la campagne pour ramasser du butin.
Puis, changeant de conversation, Alfa Hamadou nous demande s'il nous serait agréable de recevoir la visite des femmes. Nous nous en passerions volontiers : il faudra faire un cadeau à chacune d'elles, c'est la règle de cérémonial noir.
— Au nombre de cinq, précédées du griot et accompagnées de leur petite famille respective, mesdames Hamadou-Bobo font leur entrée et s'accroupissent à côté de leurs enfants.
Elles ne sont ni belles ni laides ; très proprement vêtues d'un pagne du pays, elles portent des bijoux à la tête, au cou, aux bras et aux jambes. Le mari nous les présente par ordre, selon le rang qu'elles occupent dans son affection.
— Fatimata, ma première femme, est soeur de Alfa Souléman, le chef de Kanstantomi. C'est la mère de mon petit Souléman et de Aéba.
Madame Fatimata sourit gracieusement et les deux enfants s'approchent pour nous donner la main. Aéba fait déjà la petite femme. Comme sa maman, elle a un pagne ; elle travaille déjà à piler le riz et soulève un pilon à deux fois plus grand qu'elle. Cette enfant de neuf ans est très gaie et aime à faire des farces. Au mieux avec moi, elle ne peut me regarder sans rire. Souléman est déjà grave et réfléchi, son regard intelligent est d'une grande douceur, l'ensemble de son visage est beau. Faisant déjà son apprentissage politique, il assiste à tous les palabres.
Fatimata est la reine du logis ; les bijoux ne lui font pas défaut ; six pièces de cinq francs en argent, accrochées aux nattes de sa chevelure, pendent de chaque côté du visage; un collier de grosses boules d'ambre entoure son cou ; de gros bracelets d'argent ornent ses poignets et ses chevilles. Elle porte tout ce clinquant avec distinction.
Successivement mesdames Mariama (Marie) Aïsatou, Yaé (Jeanne) et Fatou nous sont présentées. Moins anciennes, elles ont moins de bijoux que la première. Fatou, qui humblement se tient à l'écart, n'a pour parure que sa beauté et son sourire triste. Captive d'origine, elle est la mère de la petite Ava, la plus jolie enfant noire que j'aie vue. Chacune de ces dames reçoit un bijou, article de Paris, et, toujours précédées du griot, elles prennent congé de nous.
Si les moeurs des naturels du Foula sont intéressantes à étudier, la diversité des races de notre nombreux personnel fournit plus d'une remarque propre à faire connaître le caractère des peuples habitant le Soudan. Déjà, depuis notre départ de Boké, les Kraomans, les Landoumans et les Peulhs ont eu plus d'une fois à souffrir de la morgue de messieurs les Ouolofs ; mais, on le comprendra, nous fermons les yeux sur des peccadilles. Nous comptons sur nos Ouolofs. Ces hommes que nous entraînons loin de leur pays sont obligés de nous être fidèles. En cas d'attaque, nous ne pourrions vraiment avoir foi qu'en eux : n'ayant d'autre alternative que l'esclavage sauvage ou la mort, ils se défendraient bravement.
Ces Sénégambiens nous ont fait une scène dont on n'aurait pu que rire, si elle n'avait eu pour conséquence de nous faire rester un jour de plus à Bambaya.
Ayant acheté du riz en quantité suffisante pour la ration de trois jours, les interprètes font la distribution à chaque groupe. Le riz n'était pas décortiqué, ce qui provoque quelques réclamations ; mais, sur l'assurance que chacun pourrait piler son riz, les murmures sont vite apaisés. Lorsqu'il s'agit de préparer la pot-bouille des Ouolofs, c'est à qui ne pilerait pas le riz. Alors, l'un d'eux, grand diable noir comme du jais, amenant avec lui Yoro, le domestique du docteur, qui parlait assez bien le français, le pria de traduire sa réclamation. La voici mot à mot :

« Tout le monde sait qu'à Dakar, je gagnais cent cinquante francs par mois ; si je suis venu avec toi pour quarante francs, c'est que je t'aime trop, Doctor ! Je t'aime plus que mon père, plus que ma mère. Si tu dis : tue ! je tuerai ; si tu dis : il faut battre ! je battrai; et si tu veux que je me tue, je me tue tout de suite. Mais Hamadou-Ba veut que je pile mon riz pour manger. Pour mon père, pour ma mère, je ne pilerais pas le riz ; je ne veux pas le piler pour moi. Ce sont les femmes qui pilent le riz pour les hommes ; je ne suis pas une femme. Docteur, donne quelque chose pour payer une femme ; les miennes sont à Dakar et celles du pays ne travaillent pas, si je ne paie pas.»

Voyant que son désespoir ne peut nous émouvoir, cet hercule sort furieux. Après lui, il en vient un second, puis un troisième, un quatrième, il en vient jusqu'à onze ! Tous, dans des discours plus ou moins imagés, déclarent qu'ils ne sont pas des femmes. Le dernier sort encore plus furieux que les autres, quoique nous lui ayons offert de piler sa ration. Pour clore la scène, Yoro nous dit :
— Quand un Ouolof a du sang dans les yeux, on le voit ; il casse tout. et se fait tuer, mais piler le riz, c'est bon pour les femmes ; d'ailleurs, cela fait mal aux mains et fait pousser des durillons.
Ces derniers mots peignent bien le Ouolof, cet hidalgo de la Sénégambie. Braillant, discutant sans cesse et si bruyamment que l'on croit toujours qu'il va passer aux voies de fait, gourmand, glouton même, il est capable d'absorber en un repas la ration de trois jours. Il trouve humiliant de porter un fardeau; il rencontre trop de pierres dans le chemin et cela le fatigue; il n'y a que la gamelle qui ne le fatigue pas. Mais, avec tous ces défauts, le Ouolof est brave et dévoué.
Le cas échéant, il s'élancerait sur l'ennemi avec la même insouciance qu'il apporte au travail. Malgré son mauvais caractère, en cas d'attaque, il ne tournerait pas bride — je n'en dirais pas autant des autres membres de la caravane. Afin de montrer au chef de Bambaya que, s'il avait des velléités de nous attaquer, il trouverait à qui parler, Hamadou-Ba provoque, la veille du départ, un Fantam, chant de guerre où chacun vante ses exploits.
C'est dans la grande case que se tient le divertissement. Tous les hommes assis en cercle laissent le milieu libre. Alfa Hamadou, qui assiste à la fête, est négligemment étendu sur le hamac. Une lampe à huile, grossièrement travaillée, éclaire la scène. Un de nos muletiers, griot à l'occasion, qui passe son temps à chanter les hauts faits de son chef Mahamadi-Bayla, est chargé de hurler le récit que chaque héros fait à mi-voix.
Hamadou-Ba entre dans le cercle, plante sa lance au centre et raconte le fait d'armes suivant que me traduit Yoro :
— J'avais neuf ans, j'étais petit, domestique de M. Requin, commandant du Castor (le même navire qui nous a portés à Boké) ; nous faisions, la guerre sur le Sénégal ; dans la bataille, j'ai tué un homme. De retour à Saint-Louis, le Boroum-n'Dar (gouverneur du Sénégal), qui s'appelait Laprade, m'a donné une gourde (pièce de cinq francs en argent) pour récompense. J'étais fier parce que j'étais encore petit et que je n'avais jamais fait la guerre. Maintenant, si dix hommes voulaient me faire captif, je m'écrierais : C'est moi, Hamadou-Ba, et je les tuerais tous les dix!
Hamadou-Ba regagne sa place pendant que Dimba Kassé chante ses louanges sur tous les tons. On ne supposerait pas, en voyant ce grand flandrin, qu'une telle ardeur belliqueuse puisse jamais remplacer son indolence.
Djibril Sangomar N'Dyae, jeune garçon de vingt ans, grand marabout érudit qui nous sert de scribe arabe, entre en scène. Tenant la lance d'une main, se balançant avec nonchalance, il dit d'une voix calme :
— Je suis jeune, je n'ai jamais fait la guerre, je n'ai pas encore tué d'homme. Je n'ai pas peur et on verra si j'ai les yeux rouges : je me battrai et je tuerai les ennemis.
A onze heures du soir, le Fantam n'était pas terminé. D'une voix enrouée, Dimba Kassé continuait à hurler les faits glorieux des assistants, de leurs pères, de leurs grands-pères, etc., et surtout nous empêchait de dormir. En remerciement du cadeau que nous lui offrons et qui comprend un Koran richement relié, un burnous blanc, un sabre, un bonnet rouge, des babouches de la Guinée, du papier, des bijoux faux, un fusil, Alfa Hamadou, outre le riz qu'il nous a fourni chaque jour, nous donne un boeuf. Il ne faut pas croire que son cadeau vaille plus que le nôtre : pour une somme de quarante à soixante-dix francs, valeur en marchandises, au Foula l'on a un gros boeuf.
Bambaya est bâtie dans un site magnifique. Cette petite ville jouit d'un climat sain et l'on y respire un air très pur ; les montagnes environnantes, les nombreux ruisseaux qui arrosent son territoire, son altitude de 600 mètres, tout concourt à lui procurer une fraîcheur relative. Pendant la saison la plus chaude de l'année, le thermomètre varie entre 23° et 30° centigrades, c'est une chaleur très supportable.
Les cases sont entourées de jolis jardins où poussent : manioc, ignames, patates douces, oignons, haricots, etc.
De nombreux bananiers, papayers, citronniers, orangers, procurent des ombrages odorants et des fruits délicieux. Le café elle caoutchouc abondent dans la contrée, les purguères forment toutes les tapades. De vastes pâturages, où paissent de grands troupeaux de boeufs, entourent la ville. Riz, maïs, fognié, arachides, produits communs à l'Afrique, sont partout cultivés dans la proportion nécessaire aux habitants.
Malgré son étendue et son nombre de cases, Bambaya n'a pas plus de cinq cents habitants.
La ville de Bambaya est tout indiquée pour devenir une florissante station coloniale. Sa situation exceptionnelle à peu de distance de la mer la fera choisir aux colons, qui pourront y cultiver autant de terrain qu'il leur plaira. Ils pourront, sans nul doute, y acclimater la vigne, ainsi que beaucoup de légumes et de fruits d'Europe.
Actuellement, on peut s'y rendre de Boké en cinq jours, et de Boffa (Rio-Pongo) en quatre. Lorsque des routes seront établies, on correspondra facilement avec la mer, en trois jours.