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Taariika / Histoire


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Thierno Mamadou Bah
Histoire du Fouta-Djallon.
La pénétration européenne et l'occupation française.

Tome 2. Conakry. 2003. 73 pages
Elhadj Bano Bah & Tierno S. Bah, eds.


I — De Beckmann

Pour récompenser le grand succès qu'il obtint dans l'occupation du Fouta-Dialô, de Beckmann fut nommé résident de France au Fouta. Son commandement, très énergique , s'étendit sur les neuf provinces composant le pays.

Ses compagnons de combat ne furent pas oubliés. Le capitaine Aumer et le lieutenant de Fresse méritèrent une citation à l 'ordre du jour. Le capitaine Muller, moins chanceux, se contenta d'une simple félicitation avec les sous-officiers.

Dès son installation dans son nouveau poste, de Beckmann reprit la répression contre les partisans de Bocar Biro . Il procéda ensuite à l'inventaire des biens appartenant à ce dernier. Il découvrit une richesse atteignant un chiffre colossal d'esclaves, de bétail, d'or, d'argent etc... Les esclaves enlevés de force aux administrés furent restitués ; les autres furent autorisés à résider dans leur domicile, sous l'autorité de l'Almamy Ibrahima Sory Yilili, nouvel Almamy Soriya. Le produit de la vente du bétail, ajouté à l'argent liquide, fut versé à la caisse de l'agence spéciale de Timbo. L'or pesait, environ, 15 kg. De Beckmann ordonna à l'almamy en fonction, Almamy Oumarou Bademba, d'en prendre possession, s'il le désirait.
Celui-ci déclina l'offre en rappelant à de Beckmann que c'est pour la couronne et non pour des biens matériels qu'il luttait contre Bocar Biro, et demanda à de Beckmann de le prendre s'il le voulait. Ce dernier s'en appropria alors volontiers.

Mais bientôt, ses relations avec les almamys furent ternes. Ceux-ci voyaient en lui un obstacle à leur rayonnemnt. Ils lui créèrent toutes sortes d'ennuis. Son action dans les affaires du pays, qu'il connaissait peu, fut presque nulle .Les almamys lui refusèrent tout concours, qui lui était pourtant nécessaire pour réussir dans son administration.

Cette situation se réfléta sur son travail. Dans ses correspondances avec les Gouverneurs de la colonie, il ne faisait que la contradiction. Tantôt il signalait des faits ; quelques jours après il rapportait le contraire. Parfois il demandait le départ de Timbo de toutes les troupes qui semaient le trouble dans le pays : puis après réflexion, il télégraphiait pour demander leur maintien. Parfois il se plaignait d'avoir joué un rôle effacé ; huit jours après il se plaisait à écrire que c'est lui qui a tout fait.

Cette politique du résident inquiéta Cousturier qui assurait l'intérim de Ballay à Conakry. Il écrivit à ce dernier pour se plaindre et demander qu'il soit remplacé. Il avança le nom de Noirot.

C'est dans une telle position du résident que l'affaire des 15 kg d'or dont de Beckmann s'était appropriés illégalement fut signalée au chef de la colonie par ses collaborateurs qui n'en avaient pas bénéficiés. Ballay releva immédiatement de Beckmann de ses fonctions et le rappela à Conakry. Pendant qu'il le recevait en audience au palais, à son arrivée, le Gouverneur chargea la police de fouiller ses bagages. L'or y fut découvert. De ce fait, il perdit sa situation et rentra en France, humulié et malheureux.