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Taariika / Histoire


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Thierno Mamadou Bah
Histoire du Fouta-Djallon.
La pénétration européenne et l'occupation française.

Tome 2. Conakry. 2003. 73 pages
Elhadj Bano Bah & Tierno S. Bah, eds.


IV — Mission de Sanderval

A peine la mission du Dr Goldsberry quittait-elle Timbo, qu'un ingénieur français, Aimé-Olivier de Sanderval, sollicitait auprès de l'Almamy, un laisser-passer pour se rendre auprès de lui.

Cet européen avait, en 1879-1880, installé un comptoir, pour le compte d'une maison française de Marseille, sur les rivières portugaises. Il avait, durant son séjour dans cette contrée, visité plusieurs régions de la côte, et noué des relations avec les souverains de la rive droite du fleuve Compony jusqu'aux premiers contreforts du Fouta-Dialô. Par la suite, il fonda à Kâdé, sous la direction d'un européen, une installation commerciale qui lui permit de nouer des relations amicales avec le chef du diiwal de Labé.

Dans un ouvrage qu'il publia plus tard, il décrivit le but qu'il s'était tracé. Ce but était de trouver en Afrique des peuples aptes à recevoir les enseignements de la civilisation européenne, et à les assimiler sans hésitation. D'après les renseignements qu'il avait pu recueillir sur la côte, le Fouta-Dialô était la contrée par où il devait entrer pour commencer son entreprise.

Pour réussir cette ambition, il installa plusieurs factoreries à partir de la côte. L'Almamy lui fit parvenir le laisser-passer qu'il avait sollicité. A la suite de quoi il arriva à Timbo.

Les Anglais ayant eu vent de la présence de ce voyageur dans la région, informèrent Almamy Ibrahima Donghol Fêlâ qu'il s'agissait d'un homme dont les projets étaient hostiles au pouvoir du souverain du Fouta. A son arrivée, de Sanderval fut donc retenu à Timbo pendant deux mois. Durant son séjour, il gagna peu à peu de l'influence. Il put constater que l'autorité des chefs était établie, qu'ils étaient intelligents et que le climat du pays était tempéré. Il étudia donc ses chances et les avantages que le Fouta lui offrait.

De ses réflexions et observations, il conclut que le Fouta pouvait être le centre à partir duquel son action s'étendrait vers l'intérieur du pays. A la suite de quoi, il demanda à l'Almamy l'autorisation de construire un chemin de fer reliant la côte aux montagnes du Fouta.

Cette autorisation lui fut accordée grâce aux bonnes relations qu'il eut avec les éminentes personnalités du gouvernemnt dont, notamment : Mamadou Pâté, fils de Almamy Oumarou, Alfa Amadou Oury Sâma, chef des Yillabé.

Rentré en France, muni de l'autorisation de construire un chemin de fer au Fouta, de Sanderval soumit le projet aux autorités, qui l'accusèrent de travailler pour le compte du Portugal. On estima que de Sanderval n'était pas en mesure de trouver les fonds nécessaires à une telle entreprise. Le Ministère de la Marine traîna en longueur la réponse à la demande de cet ingénieur qui, découragé, fut obligé d'abandonner son projet.

En 1888 de Sanderval revint une deuxième fois au Fouta. Cette fois, il réussit à obtenir de l'Almamy et surtout du chef du diiwal de Timbi, Tierno Ibrahima, d'importantes concessions territoriales. On peut citer en particulier :

Avant de rentrer en France, de Sanderval fit signer des actes lui reconnaissant les concessions territoriales qu'on venait de lui ceder. Ces actes furent signés par le chef du diiwal de Timbi, Tierno Ibrahima les 15 et 20 fevrier 1888 , et entérinés par l'Almamy, à Fougoumba, le 6 mars de la même année.
Après sa mort, ses enfants revendiquèrent leur droit à l'héritage de ces concessions, notamment celle de Kahel. Le Gouvernement de l'époque s'y opposa catégoriquement. Un arrêt du Tribunal de première Instance de Conakry les débouta de leur prétention.