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Taariika / Histoire


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Thierno Mamadou Bah
Histoire du Fouta-Djallon.
La pénétration européenne et l'occupation française.

Tome 2. Conakry. 2003. 73 pages
Elhadj Bano Bah & Tierno S. Bah, eds.


Conclusion

Nous voici à la fin de notre travail. Comme le lecteur a pu le constater, il s'est agi d'une synthèse et, comme telle, rien de nouveau n'a été apporté ; mais simplement un assemblage de tout ce que les premiers auteurs ou chroniqueurs ont pu écrire ou conter sur l'histoire de notre pays, le Fouta-Dialô.

Cette synthèse est loin d'être complète, mais a-t-elle, au moins, le mérite d'être approximative.

Dès le début de l'ère foulah dans le pays, nos héros ont su implanter un Etat démocratique, digne de toute nation civilsée et qui, pendant plus d'un siècle, a apporté à ses citoyens la prospérité et l'aisance. Leurs héritiers leur ont emboité le pas dans la religion, mais ont failli à leur devoir dans leur vie politique. Ils ont cultivé la haine et l'égoïsme qui ont guidé leurs pas et les ont divisés. Pendant plus d'un siècle et demi, ils se sont entretués pour aboutir, à la fin, à leur désunion totale qui a conduit le pays à son occupation par l'étranger.

Pourtant, ces héritiers ont bénéficié de tous les atouts, notamment, l'unité nationale favorisée par l'unité religieuse adoptée par un peuple pacifique. Rien de mieux pour réussir. Mais ils ont lamentablement échoué, alors que le peuple les a toujours entourés de son soutien total, dans la ferveur et l'enthousiasme. Aussi, lorsque la France s'installa dans le Foutah, profita-t-elle de cette situation désastreuse, pour asseoir son autorité.

Certes, le Fouta-Dialô ne pouvait échapper, seul, au vent de la colonisation européenne qui, à la fin du 19°s. soufflait sur l'Afrique. Mais, si, au moment de l'occupation, les dirigeants foulas étaient unis, le Foutah aurait-il subi le sort que le colonisateur lui a réservé ? Hélas ! depuis cette occupation, les dignitaires ont été non seulement écartés complètement du pouvoir, mais, encore, le peuple lui-même a perdu son unité politique. L'occupant a désorganisé les structures traditionnelles au profit d'un statut nouveau qui a totalement démantelé les coutumes ancestrales.

C'est dans une telle situation que le Foulah a vécu depuis 1897. C'est depuis aussi qu'il est devenu un instrument apte à tout : corvées, armée, impôts, fournitures de toutes sortes ... Mais, malgré la méchanceté du colonisateur, le Foulah profita de la « Baraka » de ses saints ancêtres. La « Baraka » est, comme nous le dit l'auteur des « Institutions musulmanes », est « un synonyme de chance, de veine, et a même un sens plus profond car on peut le traduire par « effluve sacrée ». Elle peut apporter la prospérité, le bonheur et tous les biens de ce monde aux descendants des saints. Elle peut même s'étendre au delà des individus, sur un pays tout entier, et même au delà de notre monde, par son intervention auprès d'Allah...

« La Baraka se transmet par l'intermédiaire des serviteurs du saint. Elle émane du corps du saint pendant sa vie, elle persiste après sa mort, car son cadavre, miraculeusement conservé, la transmet au tombeau qui l'enferme, aux voiles qui l'entourent et jusqu'au sol qui l'environne... ».

Grâce à la Baraka de ses saints, le Fouta-Dialô a pu, depuis l'occupation française, vaincre des obstacles, des difficultés et même remonter des pentes malheureuses étalées sur son chemin.

C'est dans cette situation que le peuple foulah apprit, en septembre 1914, la déclaration des hostilités entre la France et l'Allemagne. Depuis, bien des évènements se sont déroulés, évènements que, malgré nous, nous n'avons pu insérer dans cet ouvrage. Espérons qu'un autre, plus apte que nous, pourra les retracer dans un travail qui viendra compléter « l'Histoire du Fouta-Dialô ».

En tout état de cause, c'est par le mot Baraka que nous allons conclure, en souhaitant que le Tout Puissant étende la Baraka de nos saints sur notre ouvrage afin qu'il soit utile à tous les esprits de bonne volonté et de progrès.

Labé le 31 Août 1970.