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Tierno Muhammadu Samba Mombeya


Oogirde Malal — Ma'adinus Sa'aadati
Le Filon du Bonheur Eternel
Alfâ Ibrâhîm Sow, éditeur

Collection Classiques africains. Armand Colin. Paris. 1971. 202 p.


       Table des matieres      

II. Fii Dewe Diina — De la Loi religieuse
1. Fii Juulde — De la Prière

Juul juulde farilla e waqtu mu'um;
si nde faatike ɗon, yaccor yoɓugol.

Kono nanngu si ganto alaa, si ndiyam
no heɓoo, si a taami, ko ɗaaynitagol.

Si a waasu ndiyam maa nyaw haɗu maa,
si a taamike, ɗum ko wa salligagol;

sabu Alla yamirno jiyaaɓe Mu'um,
yo ɓe taamo, si ganto haɗii laaɓal.

Wata neemnua nde, fanna no woodan maa 140
haɠɠil ki no sellina anniyagol.

Juulir berub taaɠa, jiyaaɗo fawaaka
tanaa ko o waawi e kuuɗe dewal.

Si a ronkir darnde e joonndec, lelor
jiha Qibla, si anniyoɗaa ƴaaƴugol.

Si ko ndaɗɗudi tuunundi, comci fawee
ɗi soɓaa, juuldaa ɗumd anniyagol.

Si a ronku ndiyame e ko taamortee,
waɗɗaaki ma tottude maa yoɓugol.

Si a tottu yoɓaa, si a accu yoɓaa, 145
si a akkisu ɗum, a selaali ɗatal.

Aranol ko to Maaliki Ibnul-Qaasimi
luunndori ɗum konngol ɗiɗabol.

Ko to Asbaxa eggana-ɗen tataɓol;
ko to Ash-haba fillana-ɗen nayaɓol.

Ɗi'i nay ko sawaaba; mo ndaari taway
ko ko Maalikif kon ji'naa to Xalil.

Sabu juulde no waadi e diina me'en,
wano hoore e ɓanndu e piide misal.

Wano maayrata ɓanndu si hoore taƴii, 150
enog kufrira non mo salii juulgol.

Hi nde waadi e diina e fii tabital,
wano dabbunde waadi e fii mahugol.

No mahalɗori diina si juulde alaa,
wano maadi e ɓaawo gorol aranol.

E no maadi darorta, mi lamndike on,
ko wanaa ndi yowoo e ɓalal garanal
h?

Wata naflu farilla no faator maa.
Gattal Reweteeɗo ko tilfitagol,

ko wanaa raxabiyyalii shaf'i e iidi 155
xusuufuj e pottal Yimɓe Ɓural.

Notes
a. neemnu est une dérivation obtenue à partir du radical verbal neeɓ-: durer, passer un long temps pour faire quelque chose. Neemnu, à l'origine — et en pular populaire — se présentait sous la forme neeɓinu (faire durer, prolonger, prendre du temps pour faire quelque chose). Neeɓinu donna neeɓnu et, par substitution d'un mîm /m/ au /ɓ/, bilabiale préglottalisée, neeɓnu devint neemnu. Cette forme, à son tour, donne, dans le langage parlé, neennu ou même nennu.
b. bere (V). Il s'agit d'une variante sans grande importance puisque bere ou beru, particules de même valeur, sont également employées. L'un des copistes a tout simplement écrit ce qu'il dit habituellement au lieu de reproduire le texte de l'auteur.
c. juulde (V). Ici, le scribe du manuscrit (V) semble avoir commis une erreur de lecture ou de transcription.
d. ɗun (B). Cette forme rajeunie surprend dans le manuscrit (B).
e. ndiyan (V).
f. Maali (V). Le scribe a sauté la syllabe brève ki. Deux kaaf /k/ se suivaient en effet ; il n'en a reporté qu'un, faisant ainsi un saut du même au même, erreur classique.
g. ino (B).
h. aranal (V).
i. raxbiyya (B).
j. xushuufu (V).

La prière obligatoire, fais-la à son heure.
Si le moment te passe, hâte-toi de payer.

Retiens cependant, si tu n'as pas empêchement et as de l'eau
disponible, à faire le tayamum 1, tu ne trompes que toi-même.

Quand l'eau te manque ou que la maladie te gêne,
si tu fais le tayamum, c'est pareil aux ablutions.

Car Dieu a ordonné à ses serviteurs de faire le
tayamum quand un empêchement nuit à la purification.

Ne retarde pas la prière tant qu'il te reste
un sens qui rend l'intention valide.

Prie selon tes pouvoirs ; au serviteur n'est imposé
que ce qu'il peut dans les œuvres du Devoir.

Si tu es incapable de te lever ou de t'asseoir, couche-toi
du côté de la Qibla 2 avant de vouloir imiter [les gestes de la prière].

Si le couvre-sol est sale, qu'on pose dessus des vêtements
qui ne soient pas impurs et là tu prieras en intention.

Si tu ne trouves ni de l'eau ni de quoi faire le tayamum,
tu n'es obligé ni de rendre, ni de payer 3.

Si tu rends tu paieras, si tu laisses tu paieras ;
si tu fais le contraire, cela ne te fait pas quitter le [bon] chemin.

La première solution, c'est le Mâlikite
Ibn al-Qâsim 4 qui l'oppose à la deuxième.

C'est par Asbakh 5 que la troisième nous fut énoncée.
C'est par Ach'hab 6 que la quatrième nous fut rapportée.

Ces quatre solutions sont bonnes. Celui qui regarde verra :
ce sont celles de Mâlik qu'on retrouve dans Khalil.

Car la prière est, pour notre religion,
ce que la tête est au corps pour ainsi dire.

Tel que mourrait le corps si l'on coupait la tête,
ainsi devient païen qui refuse de prier.

Elle est en religion, à propos de fermeté,
ce qu'est la crépissure pour une maçonnerie.

La religion se dégrade en l'absence de prière,
comme un mur se dégrade sans fondation première.

Comment donc tiendrait un mur, je vous le demande,
qui ne soit pas posé sur fondation première?

N'escamote pas le Devoir sitôt qu'il advient.
A défier l'Adorable, on ne fait tort qu'à soi-même.

C'est sans intérêt aucun, sans défense, sans
appel, sans rémission, en conviennent les Élus.

Notes
1. Tayamum est l'exécution de la purification rituelle avec du sable au lieu d'eau. Le tayamum est strictement codifié et sa pratique est controversée entre quelques grandes écoles sunnites de l'Ilâm.
2. Qibla, à l'origine, désigne la direction de La Ka'aba à La Mecque, qu'il faut garder pendant la prière. Au Fuuta-Jalon, toutefois, la Qibla a fini par désigner l'est, toujours l'Orient selon la direction de La Mecque.
3. Rendre hommage à Dieu qui créa l'univers… et l'humanité est, pour le fidèle musulman, une obligation, une dette religieuse et morale. D'où l'emploi, ici, des expressions « rendre, restituer » la prière et la « payer » quand elle n'a pas été « rendue » dans les conditions requises.
4. Abd-ar-Rahmân ibn al-Qâsim al-Utaqi, disciple et compagnon de Mâlik ibn Anas, l'imâm des Mâlikites (Médine).
5. Asbakh Ibn El-Feredj b. Anas, le compagnon et disciple de Mâlik b. Anas.
6. Ach'hab b. Abd al-Azîz, autre compagnon et disciple de Mâlik b. Anas.

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