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Tierno Monenembo
Le roi de Kahel

Paris, Editions du Seuil. 2008. 261 pages


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Chapitre 3

Les premiers contreforts du Fouta-Djalon se distinguaient visiblement de Boubah — l'or au cou de la belle, les cascades et les vallons fleuris à cet endroit-là ! Les femmes ressortissaient à la même miraculeuse splendeur que la nature. Il était aux anges.
« Dans ce pays où les lauriers ont quinze mètres de haut, comment ne pas rêver de s'en tailler un brin ? Parmi les vanités de la vie, laquelle offre mieux un semblant de réalité que la conquête d'un royaume, l'organisation d'un Etat ? », nota-t-il tout excité, de retour d'une promenade.
L'émissaire d'Aguibou finit par s'annoncer. Sa colonne s'ébranla le 3 mars 1880 à six heures du soir pour éviter le soleil, mortel en pleine journée même à ces altitudes-là. Il avait prévu Boulam-Boubah comme une simple étape de rodage, l'occasion d'évaluer la meilleure charge pour les porteurs, de réguler la vitesse de la marche, de fixer la longueur des étapes et d'étudier le comportement des hommes : distinguer les voleurs des gourmands, les poltrons des récalcitrants, les profiteurs des espions.
Les choses sérieuses commençaient maintenant. Il allait en direction des montagnes, vers ces farouches et imprévisibles Peuls si lents à donner leur coeur et si rapides au couteau. Les premiers raidillons se présentèrent aux environs de Sambafil. Ses hommes descendirent des chevaux pour enfourcher les ânes. Lui n'eut pas besoin de descendre du sien. L'équitation n'avait jamais été le fort de ce solide gaillard, familier des sommets du Mont-Blanc et des volcans d'Islande. Il n'utilisait sa monture que pour traverser les fondrières et les marigots. Il la tenait en laisse le reste du temps, ou la laissait au palefrenier. On commença à compter les premières cascades, les premières falaises, les premières foulures, les premières morsures de serpents. Il y avait autant de fleurs que de fontaines. Les oiseaux surgissaient, étourdissants par leurs couleurs, par leur nombre, et les singes, nombreux et hilarants.
Certains porteurs profitaient des virages pour s'enfuir avec leurs bagages, d'autres les jetaient au premier détour pour savourer les joies de la liberté.
Comme prévu, Aguibou l'accueillit à Guidali, à trois jours de Boubah. La réception eut lieu dans une vaste cour ornée de gravillons et de citronnelle, entourée de grandes cases aux toitures en terrasse sous les vérandas desquelles s'ébattaient des cabris, des poules et des gamins hirsutes et morveux.
— Sois le bienvenu sur les terres de l'Almaami ! Vas-tu bien ? N'y a-t- il point de mal d'où tu viens ?
Des semaines parmi les Peuls et les Nalous lui en avaient suffisamment appris sur les usages, du moins le pensait-il. — Je viens de Boubah, il n'y a point de mal là-bas, du bien seulement. Mon chemin a été bon, sans mal.
— A ta volonté, Blanc, à ta volonté ! J'ai entendu ton nom. Le Fouta-Djalon dit que ton nom est bon. Timbo est prêt à t'accueillir, la cour à examiner tes voeux. Il paraît que tu veux un chemin pour faire passer la vapeur jusqu'à son arrivée à Timbo.
— C'est ça ! Je compte en discuter avec l'Almaami, dès…
Il n'eut pas besoin de Mâly pour comprendre qu'il venait de commettre une gaffe encore plus terrible, peut-être, que lors de sa fameuse mésaventure dans l'île de Boubak. Il lui suffisait de le lire dans la soudaine hostilité des visages et dans le brusque mouvement des mains vers les gourdins et les couteaux. Aguibou fit un geste pour tempérer l'ardeur de la foule, bien que son regard n'eût lui-même rien de rassurant. Il fit un clin d'oeil à son griot, qui explosa aussitôt de colère sur la tête ébahie du toubab :
— Toi, discuter avec l'Almaami, Peuls, vous entendez ça ?
Mâ-Yacine se pencha vers ses oreilles pour lui expliquer son impardonnable crime de lèse-majesté. L'Almaami était un symbole sacré, le troisième au monde après le bon Dieu et le Prophète. Il ne demandait pas, il ordonnait, il ne recevait pas, il convoquait ; il lui arrivait bien de discuter, mais uniquement avec les princes et les rois.
— Es-tu roi ou prince ? Réponds donc, hôte ingrat, individu sans honneur et sans éducation !, vociférait le griot alors que des voix réclamaient qu'on le bastonne, qu'on saisisse ses hommes et ses biens, qu'on l'expulse vers la côte, qu'on le jette aux crocodiles.
A ce moment-là Mâly, qui n'avait depuis le début de l'incident cessé de battre frénétiquement des cils, à force de cogiter, émit un raclement de gorge. Dans ce monde peul où tout est courbettes et chuchotements, allusions et suggestions, cela signifiait qu'il avait un mot à placer si la Cour voulait bien l'y autoriser.
— Pardonne à ce Blanc étourdi, prince Aguibou ! il aurait dû commencer par transmettre au Fouta le très haut salut de son oncle…
Et le sacré interprète de demander humblement de ne pas se fier aux apparences : ce malheureux toubab, enlaidi par les coliques, empoussiéré par les pistes, griffé par les épines, n'était rien de moins que le neveu du roi de France — entendez bien, le fils du frère de l'Almaami de là-bas, même mère, même père ! Le trône de France revenait à quatre personnes : le roi, son fils, son frère, après c'était lui, Olivier de Sanderval, malgré cette poussière qui lui collait aux cheveux et cette gadoue de deux pouces que l'on voyait sur ses semelles… Le Fouta s'honorerait de le recevoir comme il le méritait, wallâhi !… Voilà, gens de la cour, c'est tout ce qu'il voulait dire, lui, Mâly, voilà ce qu'il avait fini de dire !
Naturellement, le toubab tenta aussitôt de démentir ce mensonge indigne. Mais les clins d'oeil et les coups de coude de ses deux domestiques l'empêchèrent d'ouvrir la bouche.
Une longue et sourde rumeur émana de la foule, puis le griot se tourna vers les étrangers :
— Le Blanc a-t-il une lettre de son oncle très vénéré ?
— Vous ne connaissez donc pas les coutumes de France, Peuls de brousse stupides et bornés ?
Mâ-Yacine venait de parler : Sérère, il avait le droit d'insulter les Peuls au nom de l'ancestrale coutume de la parenté à plaisanterie. Le bourreau dégaina son sabre, Mâly eut juste le temps de s'interposer :
— Que fais-tu, malheureux ?… Aguibou, prince peul, vas-tu laisser égorger un Sérère sous ton toit ? Ah oui ?
Un grognement de réprobation fusa à l'encontre du bourreau :
— Pourquoi vous me regardez comme ça ? Je ne savais pas que c'était un Sérère, wallâhi, je ne savais pas !
Le prince s'adressa à Mâ-Yacine, qui reprit difficilement son souffle et réarrangea son boubou, visiblement heureux d'avoir sauvé sa tête :
— Tu as gagné, Sérère, le tort est de notre côté. Nous méritons une amende. Que dis-tu d'un mouton ?
— Honte à votre race ! Un mouton, c'est trop peu pour un Sérère. Ce sera un taureau ou rien !
La coutume le voulait ainsi : un Sérère a le droit de chahuter un Peul, fût-il prince ou roi. Si ce dernier réagit mal, il est soumis à l'amende.
— Donnez-lui une corde, qu'il aille dans les enclos, qu'il attache la bête qu'il veut !
— C'est dire que l'incident est clos, aboya le griot. Et alors, ces coutumes de France ?
De son air le plus sérieux, le Sérère expliqua alors que les rois de France n'écrivaient qu'à la valetaille, qu'il s'adressait à ses semblables par la bouche de ses neveux. Et, de neveu, le roi de France n'en avait qu'un, ce pauvre toubab-là, rôti par le soleil, grignoté par les moustiques. Si loin, le malheureux, de ses vergers et de ses palais !
— Soit, trancha Aguibou, le neveu du roi de France sera traité selon son rang. Qu'on lui égorge un boeuf, qu'on lui offre les meilleures cases de ce village !
Le pauvre prince de France se crut obligé d'ouvrir une malle : huit yards de madras en coton, vingt coudées de guinée, huit couteaux de boucherie, cinq boules d'ambre de Suède, deux pièces de mélinos blanc lamé d'argent, deux fusils Chassepot et trois mille francs afin de remercier son homologue Peul de sa magnanimité. Ce fut une erreur !
Les escrocs et les flagorneurs le dérangèrent dix fois dans la nuit. Celui-ci, se disant cousin d' Aguibou, voulait de l'ambre pour lui garantir les faveurs du prince. Celui-là, se prétendant marabout de l'Almaami, des perles pour lui assurer des protecteurs à Timbo. Cet autre, soi-disant douanier des princes de Timbi, exigeait un fusil pour lui favoriser la route. Il en tira vite une leçon : chez ces Peuls jaloux, cupides et imposteurs, les cadeaux, il valait mieux les distribuer la nuit, avec pour seuls témoins le regard des étoiles et du bon Dieu.
Quand, enfin, il eut réussi à se débanasser de ses importuns, il décida de régler ses comptes avec ses deux subordonnés :
— Je ne suis pas prince de France, compris ? Je vous paie pour me servir d'interprète et pour me fournir des vivres, pas pour raconter des fadaises.
— Tu es ici chez les Peuls, Blanc ! répliqua Mâ-Yacine. Ici, il faut être prince, si l'on veut faciliter les choses !
— Le mal est fait, de toute façon, nous voilà liés par la même corde ! reprit Mâly. Tu es prince de France, que tu le veuilles ou non ! Si tu dis le contraire, on se sera moqués du Fouta et nos têtes vont sauter.
— Et si elles ne sautent pas, nous, on te plaque là pour rentrer à Dakar, compris, toubab trop têtu ? s'emporta Mâ-Yacine.
Il passa la nuit à écraser les cafards, trop fourbu pour fouiller dans ses carnets et trop lésé par la nature pour accéder au sommeil. Il se contenta de noter ceci sur un bout de carton :

« Je me doutais bien que je rencontrerais de drôles de coutumes dans ces contrées, de là à tomber sur la parenté à plaisanterie ! A quand les ancêtres de foire ! Drôle d'Afrique ! Coquins de Mâly et de Mâ-Yacine ! Filous de princes peuls !… Soit, prince de France, mais alors juste pour garder ma tête. Dire que, là-bas, on me l'aurait plutôt coupée ! »

***

Aguibou le reçut de nouveau, en tête à tête cette fois, c'est-à-dire juste avec son cuisinier et son interprète. Il avait toujours ses airs affectés de Négus sûr de sa naissance et de son trône. Il semblait néanmoins inquiet, plutôt sur ses gardes. — Peut-être que tu es bien le neveu du roi de France, peut-être que tu ne l'es pas : celui qui n'est pas d'ici est le seul à savoir quel genre de femme est sa mère. A moi tu peux mentir, ce n'est pas bien grave, mais à Timbo, ce serait trois fois plus grave. Je t'assure, mon pauvre toubab, les têtes sautent vite à Timbo !
— C'est-à-dire… Ecoute, mon prince, je vais tout…
— Je te donne ma parole, prince Aguibou, coupa Mâly, cet homme est aussi noble dans la cour de France que toi tu l'es dans celle de Labé !
— Soit, soit ! s'impatienta Aguibou. En voilà assez sur ce sujet !
— Qu'en est-il du chemin? reprit Mâly.
— Les chefs de village ont l'obligation d'assurer votre sécurité, de vous fournir des porteurs et des cases de repos. Pour le reste, chacun d'eux fera à sa convenance. Bienvenue sur nos terres, étranger !
— Eh bien merci, prince, merci !
C'est mon devoir de Peul, ne me remercie pas, toubab ! Combien de temps comptes-tu rester à Timbo ?
— Une semaine, deux peut-être, ensuite j'irai à Dinguiraye !
Il ne vit pas que le visage du prince s'était de nouveau assombri.
— A Dinguiraye ?
— Et ensuite Siguiri, Sakatou, Kayes. J'ai envie d'errer dans le Soudan après votre magnifique Fouta.
— C'est bien ça, le Blanc, on lui donne le pouce, c'est le bras entier qu'il arrache ! Dinguiraye ! Et puis quoi encore, le trône du Fouta, La Mecque et Médine ? Tu ferais mieux de t'arrêter à Timbo, je t'assure que tu ferais mieux !
Et il mit brusquement fin à l'entretien.

***

Le lendemain, il reçut la visite de Taïbou. Elle entra avec cette lenteur soigneusement étudiée qui indique chez les Peuls la noblesse et le rang. Elle était plus resplendissante que la dernière fois : plus de tresses et de bijoux, plus d'éclat et de grâce ! Ses épaules étaient recouvertes d'un frêle châle de dentelle qui laissait entrevoir ses seins pulpeux et fermes aux bouts cernés d'aréoles couleur de miel et sur lesquels venait battre un réseau dense de colliers de jonc et de perles. Son visage aux traits réguliers luisait avec des reflets de cuivre dans la lumière du soleil naissant. De profil, elle avait l'air d'une gamine malgré sa taille élancée et ses seins arrondis. Mais de ses beaux yeux en forme de gousse sortait un regard d'aigle propre à ceux qui sont nés pour gronder et ordonner. Elle n'avait que vingt-quatre ans, vingt-huit ans tout au plus, dans ce pays isolé où, hormis pour quelques familles fortement arabisées, l'état civil était inconnu. Mais c'était la femme la plus puissante du Fouta. On la disait riche, indépendante et belliqueuse. Elle disposait d'autant d'or et de terres que son prince de mari. Ses amants se comptaient par dizaines et ses esclaves par milliers. Imbattable à cheval, elle marchait elle-même à la tête de ses six mille guerriers. Les légendes les plus folles couraient à son sujet. On disait qu'elle mutilait ses esclaves et faisait trancher le cou aux jeunes gens qui ne lui plaisaient plus. Ceux qui avaient le malheur de se retrouver dans sa ligne de mire couraient, un jour ou l'autre, un véritable dilemme : le couteau d'Aguibou ou son poison à elle.
Elle était assise de biais dans un coin de la case. Chez les Peuls, on s'assoit toujours de biais, mange de biais, parle de biais, s'allie de biais, se fait la guerre de biais et se réconcilie de biais. Se montrer franc est un manque de finesse, se regarder face à face un impardonnable signe de grossièreté. Chez les gens de la côte, la franchise passait pour la meilleure qualité de l'homme, au Fouta, la duplicité, pour un signe de noblesse et de raffinement.
Il y avait maintenant plus d'une semaine qu'il était chez les Peuls. Il savait que l'éducation d'un individu se reconnaissait à la longueur de ses salutations, à sa capacité à dissimuler ses sentiments ; à rester pudique et réservé dans les situations les plus extrêmes.
Elle était assise de biais et elle parlait de la même voix douce et inflexible et, de temps en temps, regardait brièvement son interlocuteur du coin de l'oeil. Il ne comprenait pas tout, mais dans ce genre de situation pas besoin d'interprète, quelques sourires, quelques gestes et les deux cents mots de peul qu'il avait déjà ingurgités suffiraient bien.
— Yémé se plaît-il vraiment chez nous ? N'est-il pas tombé malade ? Quelqu'un l'aurait-il insulté ? Lui aurait-on refusé de l'eau ?…
Il répondit que non, tout se passait très bien, il ne s'était jamais senti aussi bien que depuis qu'il était au Fouta. Merci Labé, merci Timbo, merci Taïbou et l'Almaami ! La décence voulait que l'on réponde ainsi même si on avait été bastonné, mutilé ou dévalisé.
Quand elle eut fini de parler, elle se couvrit le visage avec un pan de son châle et gloussa de rire :
— Pourquoi Yémé me regarde-il comme ça ?
— Tu le sais bien, fit le Blanc en s'approchant.
— Bien sûr que je sais, soupira-t-elle. Un homme et une femme tout seuls dans une case…
— On ne s'est vus qu'une seule fois mais c'est comme si je te connaissais depuis toujours alors que ce n'est pas vrai.
Il tenta de lui saisir la main, elle le repoussa :
— Tu sais déjà qui je suis. Le Fouta parle de moi comme ailleurs on parle de la pluie. Les étrangers sont au courant de mes secrets sitôt la frontière traversée. On a dû te dire que je n'aime pas mon mari et que je suis plutôt originale pour une femme peule.
Le Blanc n'arrivait pas à détacher ses yeux de son cou, de ses lèvres, de ses seins. Il sentait son regard s'enflammer, ses nerfs se tendre, son sang gonfler et bouillir, son coeur s'apprêter à bondir hors de sa poitrine. D'habitude, c'était dans les choses de l'esprit qu'il lui arrivait de s'affoler ; il avait toujours su garder son sang-froid en ce qui concernait les choses de la chair. Et voilà que, devant le regard de cette gamine, ses bons principes chrétiens se mettaient à fondre plus mollement que la cire, sa raison à défaillir, ses sens à lui échapper, les vannes de sa vertu à céder les unes après les autres. C'était sûrement cela aussi, la magie de l'Afrique !
Il s'essuya le front et ravala difficilement sa salive.
— Soit, tu n'aimes pas ton mari, mais lequel de tes amants est ton préféré ?
— Si jamais je le disais, c'est tout le Fouta qui se mettrait à brûler.
— Difficile d'imaginer qu'il puisse exister des femmes peules comme toi !
— Nous avons ici un arbre dénommé kurahi. Eh bien, parmi ses nombreux fruits, il y en a toujours un qui n'a pas de noyau.
— Tu me plais, tu sais ? reprit-il après un long silence.
— Je sais. Je plais à tous les hommes que je rencontre, hélas !
Elle réarrangea ses tresses, rêvassa un petit moment et dit :
— Moi aussi, tu me plais.
Le Blanc émit un sursaut, ouvrit grand la bouche, comme suffoqué par ce qu'il venait d'entendre :
— Tu es beau ! En plus, je ne le connais pas encore, le lit de l'homme blanc. Malgré tout, je ne me donnerai pas à toi.
— Et pourquoi donc ?
— Ma vie est déjà trop compliquée comme ça pour que j'y ajoute un amant blanc.
— Ah, je comprends, tu veux m'éprouver, choisir toi-même le moment. Mais je pourrais te refuser, petite coquine, tu ne crois pas ?
Elle réarrangea son châle et fit le signe du départ à son captif qui attendait sous la véranda, avant de répondre :
—Tu ne pourrais pas. Il y a trois choses auxquelles aucun homme ne peut résister : l'or, le pouvoir et la femme. Et moi, je suis les trois ! Hi, hi, hi !
— A défaut de me donner ton corps, donne-moi au moins ta protection. Il n'est pas bien rassurant, votre Fouta !
— Je te l'ai déjà dit, je bénis ton chemin.
— Merci, princesse, merci ! fit-il, le souffle court, en lui saisissant les épaules.
Mais elle le repoussa et reprit son visage de tyran :
— Prends garde, étranger, je suis la femme du futur roi de Labé. Lâche-moi, sinon je crie !
En passant la porte, elle ajouta :
— Après Dabalaare, dévie de ta route pour saluer le prince de Kâdé de ma part. Tu verras, c'est un grand prince, le Fouta entendra parler de lui.
Il prit congé d'Aguibou avant de lever sa caravane. Les propos de l'honorable époux, eux, disaient tout le contraire et même faisaient trembler d'effroi :
— A Dabalaare, ne dévie pas de ton chemin, Blanc ! Va droit sur Timbo, cela vaudra mieux pour toi !

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