Conakry : Société africaine d'édition et de communication. 1999. 182 p. : ill.
Préface et notes de Djibril Tamsir Niane
Depuis le Deuxième Congrès, le Fouta-Djallon vivait dans un calme complet. Dans toutes les provinces, les chefs s'occupaient activement au développement du pays. Aucun désordre intérieur ou extérieur ne troubla la tranquillité des habitants. En 1750, Karamoko Alfa décida de conduire une guerre contre les fétichistes habitant la rive droite du Diâliba (Niger). A cet effet, il ordonna la levée des troupes pour former une armée puissaute et convoqua les chefs des diiwe à Timbo. C'était sa vingtième expédition. Son armée forte de plusieurs milliers de combattants quitta Timbo et atteignit le Diâliba dans de bonnes conditions. Une première partie traversa le fleuve et campa de l'autre côté pour attendre l'arrivée du chef suprême, Karamoko Alfa.
Malheureusement celui-ci fut atteint, pendant la traversée, d'un dérangement mental et perdit connaissance. Cet accident obligea l'armée à rebrousser chemin, Karamoko Alfa fut reconduit à Timbo et chaque chef de diiwal réintégra sa circonscription avec ses guerriers. Dans l'attente de la guérison du malade, la direction du pays fut confiée à Ibrahima Sory, cousin de Karamoko Alfa et généralissime du Pouvoir central.
On chercha longtemps un guérisseur pour soigner Karamoko Alfa. Par hasard, le marabout, Thierno Tafsirou, chef du village de Daralabé (Labé), survint à Timbo pour se plaindre, comme nous l'avons déjà vu, contre le chef du diiwal, qui lui avait enlevé son commandement de Daralabé. Malheureusement, ce dernier, qui traitait le malade dans un but intéressé, abandonna les soins qu'il lui donnait et qui faisaient naître un espoir de guérison. La maladie empira et pendant quatre ans, le Fouta resta dans l'attente. Karamoko Alfa mourut sans reprendre connaissance. Ainsi prit fin le règne de l'érudit, l'organisateur du Fouta-Djallon et de la nation foula, grand combattant de l'Islam. Karamoko Alfa avait engagé dix-neuf batailles victorieuses contre les fétichistes et était sur le chemin de la vingtième lorsque le sort fatal le frappa. Son nom restera gravé dans la mémoire de tous les Foula et son souvenir symbolisera l'union et la fraternité. Il régna de 1726 à 1751 1.
Note
1. De la Chronologie de l'Histoire du Fouta-Djallon.