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Taariika / Histoire


Thierno Mamadou Bah
Histoire du Fouta-Djallon : des origines au XXe siècle

Conakry : Société africaine d'édition et de communication. 1999. 182 p. : ill.
Préface et notes de Djibril Tamsir Niane


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Chapitre V
L'enseignement

Le congrès rendit l'enseignement obligatoire pour toits les musulmans. Les enfants des deux sexes entrent à l'école à l'âge de sept à neuf ans. Ils suivent la classe du vendredi après-midi au mercredi matin. Ceux dont les parents résident dans le village du marabout sont hébergés par leurs familles. Ceux provenant de villages éloignés sont à la charge du maître qui les nourrit, les loge, les parents ayant la charge de les habiller. Le maître a le droit de les employer dans tous les travaux domestiques. Il les corrige en cas de nécessité par des tapes légères on par un fouet.
Dès que l'enfant finit la simple lecture du Coran qui est le premier livre à étudier, les parents payent au maître un boeuf ou sa valeur, pour prix de l'enseignement dispensé.
A partir de ce moment, l'élève commence à apprendre successivement la théologie et le droit musulman ou toute autre discipline lui permettant de comprendre la religion musulmane.
Suivant son intelligence et sa volonté, il affronte ensuite la littérature, la grammaire et les mathématiques. Lorsqu'il parlera et écrira couramment la langue arabe, son maître lui commentera le Coran. A la fin de ce commentaire, une cérémonie réunit les notables et les parents pour la délivrance du diplôme de « Thierno ». A cette occasion le maître recevra un boeuf ou sa valeur. Ainsi organisé, l'enseignement ftit dispensé dans des conditions difficiles. Le matériel scolaire était très rudimentaire. L'encre, la planchette, le roseau servant de porte-plume sont des produits locaux suffisants, Le manque de livres, les difficultés de communication pour s'en procurer ailleurs obligeaient les élèves à tout réciter. Malgré ces difficultés, les résultats positifs enregistrés permirent au bout de quelques années, de classer le Fouta parmi les pays les plus prestigieux. D'éminents poètes, des érudits, des religieux se trouvaient en grand nombre dans les régions et lorsque le Grand Marabout, El Hadj Omar, traversa le pays en 1845, il ne put s'empêcher de déclarer :

« J'ai rencontré 313 marabouts dont 300 me sont inférieurs, 10 sont mes égaux, et 3 me sont supérieurs.»

Quiconque connaît la grande érudition de ce grand homme peut juger du degré d'instruction des maîtres de la religion musulmane dans le Fouta-Djallon à l'époque précisée.