Conakry : Société africaine d'édition et de communication. 1999. 182 p. : ill.
Préface et notes de Djibril Tamsir Niane
Nous savons que c'est vers la fin du XVII, siècle que les premiers Peuls musulmans firent leur apparition au Fouta-Djallon.
Arrivés dans le pays par groupes et par étape, ils se fixèrent en plusieurs points. Chaque groupe était sous la conduite d'un Doyen vénérable.
Dès l'arrivée, chaque groupe s'employa très activement à consolider l'islam au sein du groupe. Grâce aux efforts accomplis, dans le silence des campements, cette minorité d'immigrants se développa rapidement et bientôt, des marabouts très instruits apparurent de tous côtés. Ils établirent des contacts entre eux, soit directement, soit par des messagers secrets, car les Djallonkés, maîtres du pays, leur créaient d'énormes difficultés afin d'empêcher la vulgarisation de l'islam 1.
Le premier travail auquel ils se livrèrent fut donc de se communiquer les mots d'ordre pour la conquête du pays et la conversion des fétichistes à la religion musulmane. Cette mission était des plus difficiles. Mais dès le début , les Poulis se soumirent plus facilement alors que les Djallonkés inquiets des progrès accomplis par les Foula et de leur ambition non voilée, préférèrent résister 2.
Un temps assez long s'était écoulé et les Foula, au début du XVIIIe siècle, se sentant suffisamment puissants pour combattre l'ennemi, décidèrent de prendre les armes.
Ils étaient groupés par famille.
Dans le Timbo, Alfa Kikala dit Seïdi avait pris place. Il eut deux enfants, Alfa Nouhou (père des Alfaya) et Alfa Maliki (père des Soriya) . Son clan fut désigné sous le nom de Seydiyaɓe.
Son frère Fodouyé Séri, fixé à Fougoumba, choisit pour son clan le titre de Sériyaɓe.
Les Diallo-Khalidouyâɓe, descendants de Khâlidou, occupèrent la vaste région du Nord, Labé.
Les Diallo-Diâloɓe préférèrent le Kollaɗe, avec point d'appui à Kankalabé. Une partie de ce clan s'en détacha cependant pour se rendre à Timbi-Madina qu'elle choisit comme demeure.
Les Diallo-Timbôɓe, cousins des Diâloyaɓe, se réfugièrent à Bhouria.
Les Sow ou Sôɓe, moins nombreux se logèrent à Kébâli, près de Fougoumba.
Les Bah ou Ourourɓe, choisirent deux régions ; la première : Koïn sous le titre de Koulounnaɓe. La seconde : Timbi-Touni pour les Helâyâɓe.
Notes
1. Il apparaît ici que chaque clan circonscrit son action religieuse à ses propres membres, dans le souci de ne pas éveiller les soupçons des chefs djallonké de plus en plus jaloux de leur autorité, à mesure que se multiplie le nombre de Peuls islamisés dont les prières en groupe les inquiétèrent très tôt.
2. De nombreuses sources signalent une plus grande résistance chez les Poulis.