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Taariika / Histoire


Thierno Mamadou Bah
Histoire du Fouta-Djallon : des origines au XXe siècle

Conakry : Société africaine d'édition et de communication. 1999. 182 p. : ill.
Préface et notes de Djibril Tamsir Niane


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Chapitre II
Mode d'élection et de couronnement de l'Almamy du Fouta

Le règlement adopté à cet effet dispose que :

Dès la disparition d'un Almamy du Fouta, les candidats à sa succession présenteront leur candidature au Grand conseil, pour investiture. Ce conseil comprenait notamment :

Le candidat retenu par ce Conseil se rend ensuite à Bhouria, où il est reçu officiellement par le chef de diiwal et son conseil provincial, pour agrément. Cette autorité lui fournit un sceptre de deux mètres environ et un pagne blanc pour le couronnement à Fougoumba.
Tous les chefs de diiwe sont ensuite convoqués avec leurs conseils pour y prendre part. Le candidat se présentera à tous pour agrément.
La cérémonie de couronnement se passe dans la cour de la mosquée.
Dès que les autorités et les notables se seront rassemblés, le candidat sera placé, assis au centre de l'assemblée, face à l'est, les pieds en avant. Il sera coiffé d'un bonnet blanc. Chaque diiwal fournit un turban blanc en bande de coton de 8 coudées. Les neufs turbans ainsi réunis seront placés dans une calebasse et présentés avec honneur à l'assistance. Le chef de diiwal de Fougoumba et quelques membres du grand Conseil auront la charge de couronner le candidat. A cet effet, en commençant par le turban de Timbo, les neuf turbans seront enroulés autour de sa tête coiffée. Ce travail terminé, il se recouvrira du pagne blanc fourni par Bhouria. La tabala (tambour royal) raisonne pendant un certain nombre de minutes, pendant que des chants religieux seront entonnés. Le sceptre royal lui sera remis.
Le président du Grand Conseil prononce alors l'allocution d'usage dans lequel il retracera à l'Almamy les diverses Volontés de Dieu, le Tout-Puissant, l'Unique dont Muhammed est le Prophète :

« Nous te nommons et t'investissons Almamy du Fouta-Djallon composé de neuf diiwe

Puis la parole est donnée au nouvel élu pour faire sa profession de foi. En concluant, il finira par :

« Dans la communauté musulmane que nous sommes, que tous soient résignés et patients. Si tous ne peuvent l'être, que les gouvernés le soient.»

Le doyen du Grand Conseil reprend alors la parole pour clôturer la séance et déclare :

« Dans la communauté musulmane que nous sommes que tous soient juste et francs. Si tous ne peuvent l'être que les chefs, eux, le soient.»

C'est aussitôt après que l'Almamy sera accompagné à Bhouria où il passera neuf jours de « retraite loin du commandement ». Au cours de cette période, il lui sera retiré chaque jour un turban. Le neuvième jour, il lui restera le turban de Timbo, qu'il devra garder.
Pendant cette période de retraite, les notables devront déverser sur le sol de sa case, toutes les qualités de grains recoltés dans le pays : riz, fonio, maïs, arachides, etc., en signe de souhait de prospérité à l'Almamy et aux provinces.
Le dixième jour, l'Almamy quittera Bhouria pour rejoindre la capitale Timbo, où il sera triomphalement reçu.
Dès qu'il sera installé, il procédera à la nomination des chefs des diiwe.