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Taariika / Histoire


Thierno Mamadou Bah
Histoire du Fouta-Djallon : des origines au XXe siècle

Conakry : Société africaine d'édition et de communication. 1999. 182 p. : ill.
Préface et notes de Djibril Tamsir Niane


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Chapitre IV
Mise en place des clans peuls du Fouta-Djallon

Dès l'arrivée des Foulahs musulmans dans le Fouta-Djallon, ils s'installèrent par groupe clanique, dans des villages aménagés par eux. Le village comprenait plusieurs familles, chacune composée, du père, des épouses et des enfants. Les jeunes frères et orphelins mariés prenaient rang dans la famille, sous la protection du chef de famille.
Au centre du village, une mosquée était construite. Elle était, suivant l'importance du village, moyenne ou grande. Elle était utilisée, non seulement pour les prières, mais aussi pour les réunions, dans sa cour des notables pour les palabres pendant lesquelles les questions intéressant la communauté sont débattues. C'est la missidé. A mesure que les habitants devenaient plus nombreux dans le village, il leur fallait plus d'espace, pour les cultures et les pâturages du bétail. Ils se déplacèrent pour une distance, parfois éloignée du centre urbain pour fonder un « foulaso » ou « marga ». C'est dans ces hameaux que sont transférés les magasins des récoltes et les étables. Là-bas, c'est la paix et l'aisance tant recherchée par le Foulah. La missidé fut la cellule de base pour l'organisation politique et sociale du Fouta-Djallon. Elle groupe tous les foulassos ou margas rattachés au village primitif ainsi que les« roundés » habités par les esclaves. Dans les premiers temps de l'immigration, la, missidé était dirigée par le chef de famille le plus influent par son instruction, sa conduite et parfois sa situation matérielle. Au fur et à mesure du développement du pays, cette désignation fut laissée aux soins du chef de Diiwal, en raison des conditions politiques requises. La mosquée resta, cependant, sous la direction d'un marabout sédentaire portant le titre d'Almamy.
Les clans s'installèrent dans toutes les régions. Chaque clan était propriétaire des terrains cultivables, des produits de cueillette et du sous-sol. Le chef de clan, responsable en était le gardien au nom de la communauté. Nul individu ne pouvait en jouir sans en avoir référé à ce gardien. Voici les points d'installation des clans et des grandes familles.

Famille Nom du Clan Résidence Préfecture
Bah Ourourɓe N'Douyeɓe Labé Labé
Kompanya
Sala N'Douyéɓe
Banti
Manda Foulɓe
Bohel
Dêna
Sâtina
Pilmini
Sintali Pita
N'Douyeɓe Baldé Bourou-Kâdjé Pita
Touni-Gagnaka Labé
Niakaya
Linkaya
Linsan
Gonkou
Lalyaɓe Bondéya
Pellal
Koulounâɓe Tout le territoire du Koïn Tougué
Sefoure Dalaba
Bôbire
Helayâɓe Tout le territoire de Timbi-Touni Pita
Dombeleyaɓe Daralabé Labé
Boulouyâɓe
Yalalɓe
Dombouɓe Bodié Dalaba
Loudâɓe Tioro
Tioro
Dalaba
Kâla
Pelloy
Bassara Labé
Diallo Diallouɓe Khalidouyaɓe Labé Labé
Sombili
Popodara
Pellel-Kahi
Koggii
Ley-Bilel
Bânyan
Gadha-woundou
Simili
Bambaya
Koubia
Niakaya
Bamba-Laguite
Hansanhere
Sérima
Niannou
Tyewire
Koundou-Tiankoy
Tounti-Diogoma
Sarekali
Sougue
Bendiou
Salambande Mali
Madina
Madina-Foulɓe
Endonya
Madina-Wora
Donhol-Saabe
Dougountouni
Pellal
Yemberen
Donhel-Sigon
Tembou
Kansanhel
Kenseya
Yâme Gaoual
Dogi-Daɓɓi
Madina-Kembera
Singeti
Kaade-Foulamori
Yillaaɓe Satina Labé
Koggi
Nadhel
Gartyi
Teliwel
Fadi
Sempeten
Boowe-Geme Télimélé
Boowe-Kompeta Guinée-Bissau
Boowe-Ley-maayo Gaoual
Oussounayaɓe Bouroudyi Labé
Zawiya
Lafou
Sannoun
Tarambali
Lombe
Bouhba-Ndiyan
Beeli
NGeriyaɓe Labé
Kouramangi
Diâri
Hériko
Sagale
Bonkon-Diâti
Timbi-Diari Pita
Toulele Mali
Diolâké-Timbo Mamou
Paateyaɓe Diountou Labé
Boowe-Geme Télimélé
NDiobboyaɓe Labé-dheppere Labé
Pilimini
Diongasi
Fâfaya
Pitadyi
Hoyaaɓe Toule
Kaalan
Garambe
Territoire du Kebou Télimélé
Fereyaaɓe Fereyâɓe Labé
Dikkoyaɓe Korenyani
Bourouwal-Kassa
Kaliyaɓe Timbo Mamou
Garambe Labé
Seleyaɓe Dalen
Lelouma
Karantagi
Louggoudhi
Tôlou
Mombeya
Mouniya
Douka-Seleyaɓe
Diawoya Dalaba
Dyimbalaɓe Maleya Labé
Kindo
Kansagunel
Koundou-Dhaggi
Hore-fello Mama
Tegenyen
Koula-Tokosere
Nyogeyaɓe Melikare
Koula-Mawnde
Garambe
Douka-Nyogeyaɓe
Sagale
Wansan Mali
Timboɓe Pountioun Labé
Bombi-bourou
Falo-Boowe
Bassara
Boussoura
Lagite
Timbi-Madina Pita
Gongore Mamou
Niagara
Bhouria
Poredaka
Sankarela
Boulliwel
Dialoyaɓe Une partie du Kébou Dalaba
Territoire du Kankalabé (Kolladhe)
Sow Feroɓɓe Kebâli
Daralabé Labé
Fafaya
Kollangii Labé, Tougué
Barry (Dayeeɓe) Seydiyaɓe Territoire de Mamou, moins qlq. villages Mamou
Qlq. villages Dabola Dabola
Seeriyaɓe Fougoumba Dalaba
Bantiŋel Pita
Wouyaɓe Daralabe Labé
Wolarɓe Koulidara
Quelques foulasso de Labé
Le Kolen Mamou

Situation des autres clans musulmans

Famille Nom du Clan Résidence Préfecture
Sarakollé Sarakollé Quelques hameaux de Timbo Mamou
Manda Labé
Linsan
Badougoula Mali
Baliboko Dalaba
Diakhanké Diakhanké Labé Labé
Fetoyambi
Summa
Touba-Bakoni Mali
Touba-Mawnde Gaoual
Madina-Kuta Mali
Kelela Tougué
Tounkara Labé-Dow-saare Labé
Diohe-Kaalan
Koundou
Garankela
Banga Dalaba
Malinké Malinké Labé Labé
Kourou-Malinka Dalaba
Toute la partie orientale de Timbo Mamou
Kimbeli
Toroɓɓe Toucouleurs Dinguiraye Dinguiraye

Les Sarakolés
Le récit qui nous a été rapporté indique que leur premier ancêtre ayant rejoint le Fouta, est le nommé Silâ Makhan Ciré qui connut Alfa Mainadou Cellou du Labé au cours de son séjour d'étude dans le Bhoundou. Il promit à ce dernier de le rejoindre dès que possible.
Plusieurs années s'écoulèrent, puis il vint rompre charge à Timbo chez Karamoko Alfa.
Célibataire, il refusa le projet de mariage à une femme foula que lui proposa Karamoko Alfa. Silâ Makhan Ciré s'installa dans le Saïn, dans le voisinage du pays malinké. Il fut rejoint par plusieurs autres parents qui s'installèrent à côté de lui. C'est alors qu'il épousa une femme malinké d'où l'usage de la langue malinké dans le foyer sarakollé. Celle-ci lui donna plusieurs enfants. Il fonda dans Timbo les villages de Timbo-Dalaba et Saré Bowal.
Quand sa famille se développa il prit la décision de rejoindre dans le Labé, son ami Alfa Mamadou Cellou, en laissant sur place, une partie de ses enfants et quelques parents. En route pour Labé, il s'attarda dans le Kollâdhe où il fonda Baliboko et le village qui porte son nom Silâya. Là encore, il abandonna plusieurs parents qui s'y installèrent définitivement.
A Labé, Alfa Mamadou Cellou l'autorisa à choisir son domicile à son gré. Il préféra la vallée de Komba, dont le sol est très fertile et fonda le village de Manda à l'ouest du diiwal. Plus tard, des parents l'ayant rejoint, il les installa à Lînsan et à Badougoula en bordure de la rivière Bantala, au nord de Manda.
Pendant leur séjour, les Sarakolés développèrent leur commerce traditionnel et s'éloignèrent à distance des affaires politiques du Fouta.
Aussi furent-ils considérés comme des étrangers.

Les Diankankés 1
Le premier Diankanké venu dans le Fouta-Djallon fut le grand marabout Gassamma, qui après Kankan, arriva chez l'Almamy de Timbo. Sur l'autorisation de ce dernier et du roi du Labé, il fonda, en 1810, le village de Touba-Bako dans le Wôra.
C'est depuis que les Diakankés se multiplièrent dans le pays pour exercer le commerce traditionnel et l'agriculture. Ils fondèrent plusieurs villages dans le Labé : Touba, Bakôni, Touba-Mawnde, Soumma, Fétoyambi, etc.
Comme les Sarakolés, ils ne se mêlèrent nullement des affaires des Foulas et préfèrent avoir des contacts avec eux, rien que pour des affaires commerciales.

Les Malinkés
Habitant la partie orientale de Timbo, ils sont venus demander l'asile politique à l'almamy, lorsque leur pays d'origine étaient dans l'insécurité. L'almamy leur accordant cette demande, ils fondèrent plusieurs margas où ils vécurent en paix.
Dès leur retour du calme dans leur pays, plusieurs réintégrèrent le foyer natal.
Les autres tribus malinkés (griots, artisans, dioulas, etc.) sont venus dans le Fouta exploiter leur métier. La vente de la poudre de traite, des fusils, des colas ou la traite des esclaves étaient les principales occupations des Dioula 2. Ils servirent pendant longtemps d'intermédiaires entre le Fouta-Djallon et les pays mandingues. C'est pourquoi, nous les retrouvons dans toutes les capitales des foulas.

Les Toucouleurs de Dinguiraye
Ce sont les descendants d'El-Hadj Omar et de ses compagnons.
La fondation de Dinguiraye leur permit de créer un royaume indépendant du Fouta (vers 1847).
Des Toucouleurs résident dans d'autres centres. Ceux-là furent attirés par le commerce des chevaux auprès des chefs des diiwe ou par le développement de la religion musulmane dans le pays.

Note
1. Les Diakhankés sont originaires du Delta intérieur du Niger (autour de la ville maraboutique de Diakha). Une première migration les conduisit dans le Bhoundou où ils fondèrent Diakha ; de là, par petites vagues, ils essaimèrent dans toute la Sénégambie et en Guinée.
Touba, fondée par le patriarche Karamba Diaby est leur métropole en Guinée.
2. Dioula : commerçant en langenie malinké.