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Pular & Taariika


Alfâ Ibrâhîm Sow, éd.
Chroniques et Récits du Foûta Djalon

Collection Langues et Littératures de l'Afrique Noire
Librarie C. Klincksieck. Paris. 1968. 262 pages


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Introduction

Le souci d'opposer les sociétés et les littératures africaines à celles des autres peuples paraît s'être imposé, ces temps derniers, à plus d'un chercheur. On a beaucoup écrit et beaucoup dit, en effet, sur les caractéristiques « communaucratiques » des sociétés d'Afrique Noire et sur les mérites et particularités de nos traditions orales. Il semble aller de soi que, s'agissant des littératures des peuples noirs proprement dits, l'on ne puisse guère trouver et publier que des oeuvres orales. On accepte à la rigueur l'existence de littératures écrites précoloniales pour l'amharique et le swahili.
Hiérarchisation sociale généralisée et diversifiée, présence et persistance de littératures traditionnelles écrites constitueront donc les thèmes essentiels de ces quelques pages de présentation sommaire que nous consacrons ici aux auteurs de langue fululde, souvent anonymes, dont nous éditons des textes dans le présent ouvrage.

L'ancien État du Fouta-Dialô dont il sera souvent question dans ces couvres formait, avant la colonisation française, un ensemble géographique et politique comprenant trois régions naturelles et neuf provinces 1 :

Cette division provinciale originale, quoique respectée dans ses grandes lignes, a subi, au cours des siècles, les conséquences des divisions politiques au sein des familles aristocratiques, des contestations dynastiques et des partages d'influence et de terre.

Au moment de la conquête française (novembre 1896), le Foûta-Dialô était un État musulman de trois siècles d'existence environ, fortement structuré, semi-féodal et hiérarchisé.
Si la connaissance exacte des données économiques et sociales de base fait encore, défaut, ce qui limite les possibilités d'une analyse scientifiquement valable, les éléments fournis par la titulature (maqaamu; pl. maqaamuuji) en usage dans la société ainsi que quelques autres renseignements ethnologiques et littéraires nous permettent cependant de tenter d'établir l'approche suivante.

A. — L'Aristocratie

A la tête de l'échelle sociale, se trouvaient les familles de guerriers et de lettrés ou aristocratie :

Cette catégorie de privilégiés, très différenciée et hiérarchisée, comprenait :

  1. la famille des Seydiyanké de Timbo, elle-même subdivisée en
  2. les grandes familles oligarchiques du royaume ou tawɓe laamu comme :
    1. la famille des Sériyanké de Fougoumbâ
    2. celle des sept autres dignitaires provinciaux ou alfâ, compagnons de Karamoko-Alfâ et chefs des provinces constitutives du Foûta-Djalon
    3. celle des lettrés, chefs des provinces secondaires et des grandes bourgades issues du démembrement des précédentes
  3. les «clients» de l'almâmi ou familles traditionnellement attachées an service de l'almâmi et comprenant :
  4. les gens de la Maison de l'almâmi Sori-le-Grand comme :
  5. les Tooroɓɓe Waan descendants de Tierno Birâne Wâne
  6. les Yillaaɓe-Nyoogeyaaɓe
  7. les Jimmbalaaɓe de Ley-Komboyâ
  8. les représentants du pouvoir central dans les provinces:
  9. les étrangers (Tunharankooɓe) venus comme auxiliaires et jouissant d'un prestige religieux ; tel est le cas des:

On retrouve cette même composition au sein des grandes assemblées politiques du pays ou conseils de l'almâmi ; c'étaient :

  1. le Grand Conseil ou Teekun-Mawde encore appelé « Conseil des Anciens » et comprenant :
    1. les dignitaires de la province de Kankalabé
    2. les Elayaaɓe, les Njobboyaaɓe, les Nduyeeɓe et les Rannhaaɓe de la province de Timbi-Tounni
    3. les Xaaliduyaaɓe du Labé, « premiers sujets» du roi.
      Cette assemblée, fonctionnant comme un deuxième collège électoral, consacrait à Fougoumbâ l'almâmi élu à Timbo au niveau des Conseils.
  2. les Conseils, dirigés par Moodi Makka Ngilla ou ses descendants : Teekunji Moodi Makka'en, groupaient les provinces de :
    1. Koyin
    2. Fougoumbâ
    3. Bhuriyâ
    4. Kêbâli

ainsi que les bourgades importantes de :

  1. Kolen
  2. Fôdouyé-Hadji

Cette première assemblée politique du royaume, fonctionnant comme un « premier collège » électoral, élisait :

B. — Les Vassaux

Au-dessous de l'aristocratie régnante et des grands courtisans de l'almâmi, se trouvaient les familles moyennes d'hommes libres et vassaux plus ou moins liés à eux.
Tel était le cas des familles vassales des « dépendances territoriales » ou limodal, notamment :

  1. le limodal-gaɗa comprenant :
    1. les Feroɓɓe de Hâroûnayâ
    2. les Sempiyaaɓe de Kinyampêli
    3. les Demmbeleyaaɓe de Nôbé et les Ngidoyaaɓe de Sêré dépendant tous deux du Dendéya
    4. les Moodiyaaɓe de Télikô.
  2. le limodal-gaanin qui réunissait:
    1. les Jaaloyaaɓe de Gongôré-Timbo et de Poukou
    2. les Yirlaaɓe de Nyagara
    3. les Feroɓɓe de Saroûdia-Saïn et de Kôbolognâ-Dâbolâ
    4. les Sempiyaaɓe de Kôlô-Dâbolâ, de Bourouwî-Saïn et de Wotyogoromâ

C. — Les Simples Sujets

Enfin, au bas de l'échelle sociale, il y avait la communauté des simples sujets ou laamateeri comprenant :

  1. les artisans castés ou nyeenyuɓe et les griots ou awluɓe
  2. la communauté des Peuls païens ou Pulii et des Jalunke fétichistes, tous autochtones (tatagiiɓe ou taakanɓe encore appelés lasliiɓe-leydi) que les familles musulmanes, avant l'aube de l'insurrection islamique, avaient trouvés sur place (tawaaɓe) et que leurs expéditions guerrières ou leurs prêches ont convertis. Ce sont des cultivateurs, des artisans non castés et des pasteurs.
  3. enfin, la communauté des travailleurs asservis ou huwwooɓe comprenant :
    1. les « serfs » domestiques
    2. les « serfs » artisans
    3. les « serfs» agricoles

Dans toutes ces catégories sociales, se retrouvaient, avec plus ou moins de différenciation, les ramifications de la hiérarchie générale. Si les artisans, par exemple, appartenaient tous à des castes, (exception faite de certaines catégories d'artisans comme les lawɓe) il y avait hiérarchisation et différenciation à l'intérieur de chacune de ces castes. Les travailleurs serviles étaient eux-mêmes hiérarchisés.

Essentiellement dynamique, cette société comporte une titulature qui a tellement changé de contenu au cours des siècles, qu'il n'est guère utile d'en rappeler ici l'étymologie.
Le souverain politique régnant portait les titres de :

En couronnant l'almâmi, le chef de la province de Fougoumbâ prononçait la formule rituelle :

« Par la Volonté de Dieu le Tout-Puissant, l'Unique dont Mouhammad est le Prophète, nous te nommons et investissons almâmi du royaume du Foûta-Dialô composé des provinces de ...»

Si le souverain du pays est nommé et investi dans la province de Bhuriyâ dont le premier chef, Tierno Samba, était le doyen d'âge du premier Conseil des Anciens, il ne porte que le titre d'alfâ.
Par la suite, les aspirants au pouvoir suprême ou ceux qui portaient le prénom d'un almâmi qui avait effectivement régné en portèrent également le titre et on trouve, de nos jours, almâmi sous la forme d'un simple prénom.
Un chef de province de l'ancien Foûta avait le titre de alfaa ou alfâ, à l'exception des chefs de Timbi-Tounni et de Mâci qui portaient le titre de tierno. Il était nommé et couronné par l'almâmi régnant, qui prononçait à cette occasion la formule suivante :

« Au Nom de Dieu et par Sa Volonté, je te fais alfâ de la province de ... Tout le monde devra t'obéir, te respecter et te considérer comme son maître.»

L'alfâ était ceint d'un turban représentant le commandement provincial. Mais, contrairement à l'almâmi, l'alfâ ne se retirait pas pendant les sept jours de la retraite connue sous le nom de « retraite du commandement » qui suivait le couronnement de l'almâmi. (Cf. « Le couronnement de l'Abbasside », infra).
Le titre d'alfâ fut également porté par les chefs musulmans des pays sous tutelle de l'almâmi. Ainsi, le chef du Firdou ou Fouladou, Moussa Môlo, portait ce titre et se faisait appeler alfâ Môlo.
Quand on ne veut pas prononcer le prénom d'un alfâ, on l'appelle:

Alfaajo : un alfâ et alfaajo ou : l'alfâ ; à cause de la détermination qu'ils connotent, ne s'accompagnent jamais du prénom du souverain intéressé.

L'évolution historique nous met souvent, aujourd'hui, en présence de ce que l'opinion publique a coutume d'appeler : alfaa mo laamaaki ou l'alfâ qui n'a pas régné! Alfâ est ainsi devenu un simple prénom.

Le cerno (cernoojo au sing. et cernooɓe ou seerenɓe au pl.) quant à lui désigne un « lettré qui a étudié, récité, traduit et commenté le Coran » selon l'expression peule : Cerno ko janngudo hunnjii firi tafsiri Alqur'aana.
Il peut évidemment en savoir davantage, Mais c'est alors une question secondaire de niveau culturel et intellectuel qui n'intervient pas dans l'attribution du titre. La nomination du tierno appartient à un jury de lettrés qui se réunissent généralement à la mosquée pour faire passer le candidat. Le titre peut également être attribué par un seul lettré, en l'occurrence le maître du candidat qui lui-même a le titre de tierno.
Sernude ; cernude, c'est devenir cerno. Le tierno, s'il le désire, peut enseigner ; cerno est toujours suivi du prénom de l'intéressé ou d'une quelconque détermination. Par contre, cernoojo : un tierno; et cernoojo on : le tierno , n'ont évidemment besoin d'aucune détermination supplémentaire et ne sont jamais suivis du prénom de l'intéressé.

Chez les Wolofs et les Mandingues, alfâ, adjoint à tierno, joue un rôle intensif.
Exemples : Serîgne-alfâ chez les Wolofs et Karamoko-alfâ chez les Mandingues. Chez les Peuls du Foûta-Djalon, on dit cernoojo-kummaluujo.
L'évolution historique nous montre fréquemment, aujourd'hui, ce que l'opinion publique a coutume d'appeler cerno mo janngaali ou 'tierno qui n'a pas fait d'études' ! Dans ces cas, tierno est devenu un simple prénom.
Sokna ou soxna est un titre consacré par l'opinion à une lettrée dévote.
Soknaajo : une lettrée dévote; et soknaajo on : la lettrée dévote, se suffisent à eux-mêmes et ne requièrent pas d'autres déterminations anthroponymiques.

Sheyx, shayxu, sayku ou Cheikh, est le titre reconnu par l'opinion publique à un tierno de grande érudition et passé maître dans la connaissance du droit et de la théologie de l'Islâm. Le cheikh est un érudit, un docte musulman de grande réputation.
On dit sayku X jamais saykuujo X et jamais saykuujo on X. Par le jeu de l'évolution, cheikh se rencontre aujourd'hui avec la valeur d'un simple prénom.

Le Waliyyu encore appelé waliiyullaahi ou Wali/Ouali, est un dévot, un saint de Dieu. Ce titre est reconnu par l'opinion publique au dévot le plus vertueux de son temps et de sa région ou de son pays. La vie du saint s'impose comme modèle de religiosité, de droiture et de sagesse. On se révèle ouali (feenyude waliyyu), on ne le devient pas. (Cf. dans La Femme, la Vache, la Foi, ouv. cit, p. 182-208 : « Dictionnaire biographique des saints et des hommes illustres du Labé »).
La femme sainte porte le titre de waliyyatu.
Waliyyuujo : un saint ; waliyyatuujo : une sainte ; waliyyuujo on le saint ; et waliyyatuajo on : la sainte, à cause de la détermination qu'ils connotent déjà, ne sont jamais suivis du prénom de l'intéressé.

Siriifu, shiriifu ou Chérif est le titre donné aux lettrés d'origine arabe et dont la généalogie remonte au Prophète.
Shiriifatu, siriifatu se dit pour les femmes.
Siriifuujo et siriifuujo on ; siriifatuujo et siriifatuujo on, ne sont jamais suivis du prénom de l'intéressé.

Moodi (môdi) est un titre que l'opinion publique a tendance à consacrer aux notables. Môdi peut se traduire en français par seigneur ou monsieur. N'importe quel homme non casté et libre peut, en fait, être môdi.
Moodibbo : un monsieur, un seigneur, n'est suivi du nom de l'intéressé que dans les adresses exclamatives de la forme Moodibbo X !
Moodibbo on : le seigneur, le monsieur; par contre, n'est jamais suivi d'une quelconque détermination anthroponymique 2.

Tous ces titres confèrent, à ceux qui les portent, plus ou moins de privilèges qui les distinguent nettement, en tout cas, des simples éléments de la société. Aggravée par la diversité du peuplement et des provinces et tempérée par les mariages et la mobilité sociale, la hiérarchisation s'appliquait non seulement aux diverses catégories sociales, mais encore, à l'intérieur de chacune des couches respectives, aux diverses activités sociales. Il importe donc, ici comme ailleurs, d'en tenir compte et d'éviter, par souci d'exotisme, de présenter cette société comme une communauté homogène de situation, une « unité de misère » comme on l'a prétendu !

Il est par ailleurs difficile, dans l'histoire littéraire des sociétés nigéro-soudaniennes islamisées, de faire un discernement entre les oeuvres de la littérature écrite et celles de la littérature orale. Ici, en effet, l'écriture est, dans le plus récent des cas, vieille de plus d'un siècle et s'est généralement diffusée dans des proportions importantes au sein des sociétés 3. La nature du sujet et la façon dont il a été abordé et traité tout au long de l'oeuvre, nous permettent au mieux d'apprécier l'origine sociale et le niveau culturel de l'auteur ; ce qui ne donne guère la possibilité de dire si, à l'origine, l'oeuvre fut élaborée, recueillie et transmise par la forme écrite ou orale.
Si l'on se félicite à juste titre de l'intérêt que maint chercheur porte de plus en plus aux littératures orales d'Afrique Noire, on ne saurait trop insister sur la nécessité de bien noter que, dans les sociétés nigéro-soudaniennes islamisées, l'œuvre littéraire n'est pas nécessairement orale à l'origine. Des recherches ultérieures, entreprises dans les différentes nationalités nigéro-soudaniennes, nous permettront certainement, dans les années à venir, de déterminer, grâce à l'inventaire systématique et à l'exploitation des manuscrits disponibles, la dimension exacte et la portée des littératures écrites.
On entend souvent dire que le griot, par exemple, parce qu'il représente par excellence l'artiste de la parole, ne produit que des œuvres orales. Il s'agit là d'un point de vue erroné puisque la fonction de griot est, à l'instar de toutes les activités sociales de chez nous, une fonction hiérarchisée. Il existe des intellectuels et maîtres-griots comme il existe des griots de situation plus modeste.
Au Foûta-Djalon, les intellectuels-griots, d'un niveau social et culturel élevé, sont des lettrés qui ont étudié et traduit le Coran, en ont fait l'exégèse, connaissent la théologie et le droit musulmans, participent aux discussions littéraires auprès des autres lettrés de la société, généralement à la mosquée de la province après la prière du vendredi. Attachés aux familles oligarchiques des almâmis et des alfâs, ils suivaient ces chefs à travers leurs déplacements, ne jouaient jamais d'un instrument, ont des élèves et des disciples parmi les autres griots ou awluɓe (gawlo au sing.) et portent le titre de farba ou maître-griot.

Chroniqueur et conteur, le farba compose des chroniques ou taarix, des récits et nouvelles, des généalogies épiques on asko, des contes ou fabliaux ... Ces œuvres se disent généralement par l'auteur et ses disciples accompagnent le récit d'une musique de :

L'accompagnement musical recrée le contexte du récit et restitue, selon les circonstances, un air de bataille et de triomphe, de défaite et de résignation, de marche et de galopade ...
Aux noms des maîtres-griots restent liées leurs œuvres. Au Foûta-Djalon, on connaît les généalogies épiques et surtout les chroniques célèbres de Farba Soulé 4, Farba Ibrâhîma, Farba Sek, Farba Paris (qui vint à Paris avec l'alfâ du Diâri) ...
Les deux généalogies épiques publiées dans cet ouvrage, par exemple, sont connues sous les titres de :

Farba Ibrâhîma termine la sienne par les mots :

« karambol deƴƴhii ɗoo : Ici, la plume se tait.»

Cette fin montre bien, s'il en est encore besoin, que l'œuvre de Farba Ibrâhîma était, à l'origine, une œuvre écrite.
Il existe également, au Foûta-Djalon, d'autres catégories de griots appelés :

D'origine mandingue, les jeli ou griots exécutent tous des instruments de musique :

Contrairement aux griots de famille ou awluɓe, ils ne sont attachés à aucune famille particulière et vivent de l'exercice de leur métier. Si les lettrés sont plutôt exceptionnels parmi eux, ils ne se livrent à aucune grossièreté ou pitrerie particulière contrairement à ce que rapporte injustement Guebbard (Cf « les griots », infra).

Même parmi les nyama-kala, chansonniers et guitaristes ambulants qui organisent les veillées (hirde, pl. kirle) et supervisent les associations d'âge (yirde, pl. gire), il y en a souvent qui savent lire et écrire.

Les bergers accompagnent leur œuvres d'une musique pastorale exécutée sur:

Mais, comme pour les autres cas, la société pastorale est hiérarchisée et ses couches supérieures savent suffisamment lire et écrire pour composer et diffuser leurs oeuvres sous la forme écrite.
On pourrait continuer les exemples et les étendre aux cordonniers, aux forgerons et aux captifs. Les maîtres-artisans sont généralement alphabétisés et portent le titre de karamoko 5 ou maître.
Même les notables de condition servile qui portent les titres de saatigi 6 (Cf. Sâtigui Môdou dans le texte « Bantiŋel », infra) ou de mannga 7 (manga ou grand) savent lire et écrire.
Ainsi, une étude attentive et critique de chaque cas s'impose et pourrait seule, par-delà l'engouement général pour les oeuvres orales, donner au chercheur une réponse scientifiquement valable.
Parvenu au terme de nos observations, nous souhaitons pouvoir recommander ces textes à l'attention critique du lecteur. En effet, ils n'éludent ni la diversité, ni le dynamisme interne et la hiérarchisation de nos sociétés et contribueront certainement à dissiper l'imagerie artificielle qui veut figer nos civilisations en vue de les opposer à celles des autres peuples.

Paris, vingt juin 1966

Notes
1. On voudra bien se reporter à l'article de Gilbert Vieillard « Notes sur les Peuls du Fouta-Dialô » (Bull. I.F.A.N., 1940, pp. 87-210).
2. Pour les autres titres de notables, notamment farba, saatigi et manga, en voudra bien se référer à la suite de ce texte.
3. Le lecteur pourra se reporter aux constatations de P.-F. Lacroix sur l'importance de l'enseignement « traditionnel » dans Poésie Peule de l'Adamawa, ouv. cit., p. 26-29 notamment.
4. Abondamment utilisée par le gouverneur A. Demougeot dans son ouvrage sur l'Organisation politique et administrative du Labé avant et depuis l'occupation française (Mémoire de l'IFAN, no. 6, Dakar. 1944).
5. D'origine mandingue, le titre de karamoko s'applique au Foûta-Djalon à toute personne exerçant la profession de maître-artisan ou de maître d'école quel qu'en soit le niveau culturel on professionnel.
6. Le titre de Saatigi est également donné à l'alfâ du Labé, premier sujet du royaume.
7. Manga est donné, au Foûta-Djalon, à tous les chefs ou notables dialounkés. C'est, en plus, un titre de déférence réservé aux chefs et aux notables des villages de culture de condition servile appelés rumnde ou runnde et dunde, dame ou dune au pluriel.

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