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Taariika


Almami Boubacar mo Bademba (1837-1845)
8è Almamy. Alfaya


Dès la mort d'Almamy Boubacar Zikrou, le parti alfaya choisit pour le remplacer, Boubacar, fils d'Almamy Abdoulaye Bademba.
Très courageux et très brave, il ne recula jamais devant un danger. Pendant sa jeunesse il étonna le public foula par ses actes de bravoure.
Lorsque son père fut attaqué à Kétiguia, il prit part aux combats défensifs. Il fut frappé de sept coups de sabre et tomba inanimé. Les adversaires déposèrent son corps dans une termitière pensant qu'il était mort. Après la bataille, l'armée rentra à Tinibo. Au cours d'une conversation dans une réunion, l'un de ceux qui l'avaient déposé dans la termitière déclara qu'il avait assisté à l'enterrement de Boubacar. Aussitôt, un vieillard lui demande si l'on avait ceint sa tête d'un turban avant cet enterrement. Comme on lui répondit par la négative, il répliqua : « Celui-ci régnera avant sa mort. »
Or, le soir même qu'il fut grièvement blessé et transporté dans la termitière, il reprit connaissance, sortit de ce refuge funèbre et, rampant sur le sol, se dirigea dans une concession voisine habitée par une vieille femme qui lui donna asile et le soigna Dès qu'il put marcher Boubacar se dirigea sur Bhoundou, en passant par le Labé et Niokolo. L'Almamy Hammadi Aïssata y régnait. Il se présenta à lui, lui exposa sa situation et lui demanda sa protection. L'Almamy la lui accorda et le traita comme son propre fils. Il demanda aux grands marabouts du Bhoundou de lui assurer sa protection. Boubacar y resta pendant sept ans et obtint amulettes et talismans.
Mais, pour provoquer son départ du Boundou, la fatalité voulut qu'une armée étrangère envahit le royaume d'Almamy Hammadi Aissata. Les troupes du roi, sous le commandement de son fils aîné, Bakar Sâdou, pourchassèrent l'armée ennemie. Bakar Sâdou et Boubacar eurent à poursuivre pendant la bataille, un homme que chacun d'eux visa et eut à cœur de tuer avant l'autre. Boubacar eut la joie de l'abattre le premier. Cet action d'adresse déplut à Bakar Sâdou qui lui dit arrogamment :
— « Si tu es si adroit et si brave, tu n'aurais pas dû fuir les autres fils de ton père, pour venir chercher refuge ici. »
Boubacar répliqua tout simplement :
— « J'ai fui la trahison. Je n'ai pas fui devant les autres fils mon père. »
Dès leur retour dans le village, Boubacar s'adressant à l'Almamy Hammadi Aîssata dit :
« Père, je prends congé de toi pour rentrer au Fouta-Djallon. »
L'Almamy lui fit donner tout ce dont il avait besoin pour sa protection, par le plus éminent marabout de sa cour.
Celui-ci dit à Boubacar en le quittant :
« Garde ce talisman. Il te sera d'une grande utilité dans tes combats. Quand tu viseras, par exemple, un ennemi avec ton fusil, la balle l'atteindra à la partie du corps que tu souhaites toucher. »
« Prends ce coq avec toi. Il aura la vertu de chanter seul dans les villages que tu traverseras avant ton entrée dans ton pays. Sa victoire sur les coqs des villages traversés est un signe annonciateur de tes victoires futures dans ton pays ».
Boubacar quitta le Bhoundou pour le Fouta, plein d'espoir et de bonne volonté.
Rentré de nuit à Timbo, il surprit un lion en train de dévorer une vache appartenant à sa maman. D'un coup de fusil, il abattit la bête fauve. Sa maman qui dormait fut réveillée en sursaut par le coup de fusil et apprit par ce fait le retour de son fils.
Quelques temps après mourait l'Almamy Boubacar Zikrou. Immédiatement le parti alfaya provoqua une assemblée extraordinaire du Fouta pour le faire couronner à Timbo. Ce qui fut fait et après la « retraite » coutumière, Boubacar tint sa première réunion et dans son discours du trône, il menaça déjà les adversaires de son défunt père. Il dit notamment :

« Mon père qui était savant et érudit a été trahi et assassiné. Or lorsqu'un saint est ainsi exécuté dans un pays, si sa gloire n'est pas rétablie, sept ans passés, le pays se disloquera. »
« Eh bien ! Ceux qui ont tué mon père à Kétiguïa, je les tuerai, ceux qui l'ont trahi, je les tuerai, ceux qui ont pris part ou ont porté aide aux premiers, je les tuerai.»

Boubacar procéda à une recherche très minutieuse ; arrêta et massacra tous ceux qui avaient poursuivi son père à Kétiguia.
Il prit le commandement de 1821 à 1838, sans beaucoup d'ennuis.
Mais le parti soriya était aux aguets et comme il était las de voir le même homme garder si longtemps le pouvoir, il décida de le combattre pour reprendre le trône. Une bataille des plus acharnées s'engagea entre les deux partis, près de Timbo. Les pertes en vies humaines furent très importantes de part et d'autre. Les Soriya, plus forts et mieux préparés à la guerre, l'emportèrent sur les Alfaya. L'Almamy Boubacar et ses partisans furent obligés de céder le trône à leurs adversaires.
Pendant le règne d'Almamy Boubacar, le Fouta fut surprit par deux événements surnaturels. En 1836, une éclipse totale du soleil sema la panique dans le pays. Elle dura deux heures. L'année suivante, la terre trembla et occasionna la chute de quelques cases dans certains villages, mais sans perte humaine.
Pendant sa retraite à Dara, Almamy Boubacar prépara une vengeance contre les Soriya. Il mit sur pied une forte armée et vint surprendre son remplaçant dans la capitale et l'en délogea.
A peine rétabli sur le trône en 1844, il décida une expédition contre le Badon, dans le Nord du Fouta. Il quitta Timbo à la tête d'une puissante armée. Arrivé à Labé, il fut rejoint par les Soriya qui tentèrent de le massacrer avec son armée. Sur l'intervention du chef et des notables de Labé, la bataille fut évitée de justesse. Almamy Boubacar fut obligé de renoncer à son projet sur le Badon et de reprendre le chemin de Timbo, ainsi d'ailleurs que ses adversaires.
Dès leur retour dans la capitale, une bataille des plus sanglantes éclata entre eux. Durant toute une journée, la tuerie fit rage et les pertes hirent tres élevés, sans qu'aucun des partis ne fut découragé.
Almamy Boubacar fut, lui-même, blessé et son frère, Ibrahima M'bouba, brave combattant, tué.
Ayant constaté l'importance des pertes subies dans chaque camp, ils décidèrent spontanément d'arrêter les combats et de se réconcilier. A la suite de cette décision, l'Almamy Boubacar (Alfaya) continua à régner pendant un an encore, pour céder ensuite la place à un Almamy soriya.
Ils se séparèrent mécontents des pertes subies, mais satisfaits de la réconcillation intervenue.
L'Almamy Boubacar se réinstalla sur le trône, mais ne vécut plus que pendant trois mois. Il mourut en 1845.
Dans le Labé, dès l'assassinat de l'Almamy Abdoulaye Bademba, Modi Billo, chef de diiwal, fut déposé par l'Almamy soriya.
L'Almamy Boubacar ayant repris le pouvoir, déposa à son tour le chef soriya de Labé et réinstalla Modi Billo.
Modi Billo, surnommé Mama Billo, en raison de son âge avancé, n'eut, pendant son règne, qu'à administrer le pays. Il n'eut jamais à entreprendre de guerre ni seul ni avec l'Almamy. Il avait d'ailleurs succédé à un chef très autoritaire qui avait fait marcher impeccablement la province.
Mama Billo fut chef pendant une courte durée, car il mourut en 1841 (?), laissant comme héritiers :

Pour le remplacer, l'Almamy choisit le fils aîné de Modi Souleymane, Alfa Mamadou Mawdho qui, à la suite de l'élection de l'Almamy Yaya en 1828, fut déposé par le parti soriya.
Quand Almamy Boubacar reprit le pouvoir en 1844, Alfa Mamadou Mawdho fut remis en place, mais ne garda le poste que pendant un an, puis l'Almamy Oumarou (soriya) le déposa.
Alfa Mamadou Mawdho mourut quelque temps après, laissant comme enfants :

Alfa Mamadou Mawdho fut remplacé par son frère Alfa Abdoul Gâdiri Sarékali. Très actif, celui-ci effectua plusieurs expéditions contre les païens du Ngabou. Nous citerons parmi ces expéditions : Kounsanna Woki, Tiagna Woki, Koussara Woki et surtout Bérékolon qui fut une guerre meurtrière, car Alfa Abdoul Gadiri tua plus de mille fétichistes. Lui-même mourut quelque temps après son retour de Bérékolon, laissant deux enfants seulement, qui furent tous des rois du Labé :


Sources
1. Thierno Mamadou Bah
2. Thierno Diallo
3. Louis Tauxier
4. Joseph Harris