Comme nous l'avons vu, le parti soriya s'empara du pouvoir en 1812 et le remit aussitôt à Abdoul-Gadiri, fils de l'Almamy Ibrahima Sory Mawɗo.
Cet Almamy fut un chef d'une grande perspicacité et d'une habileté remarquable. Dans ses entreprises politiques et militaires, il eut toujours le ferme dessein de servir la patrie. Il combattit inlassablement le fétichisme, et toutes les guerres qu'il organisa pendant ses huit années de règne, furent victorieuses et contribuèrent à la consolidation de l'islam dans le Fouta.
Au cours de l'année 1820 le parti alfaya décida de prendre le pouvoir. Une forte armée de partisans surprit l'Almamy Abdul-Gadiri à Timbo. Au cours de la bataille qui fut sanglante, il reçut une balle qui lui causa une grave blessure. Délogé de la capitale, il fut obligé de s'enfuir dans le Faranta (province soussoui voisine du Fouta occidental) où il trouva asile et soigna sa blessure.
Arrêté par le Conseil des Anciens de Labé, Modi Souleymane fût conduit à Timbo où il fut jugé et condamné à un an de mise aux fers. Pendant qu'il purgeait sa peine, il copia un Coran de mémoire, qu'il présenta à une commission de correction qui le félicita et reprocha à l'Almamy d'avoir condamné un « docteur ». Modi Souleymane fut immédiatement gracié et nommé chef du Labé par l'Almamy Abdoulaye Bademba.
La nouvelle de cette nomination parvenant à Labé, le Conseil des Anciens et les notabilités du pays s'y opposèrent, prétextant qu'ils n'ont pas été consulté. L'Almamy ne tint aucun compte de cette opposition et fit accompagner le nouveau chef par le grand notable Thierno Aliou mo Wangako. Une section des opposants dont l'ancien chef de province Modi Abdoulaye mo Wôra, barra le chemin à Modi Souleymane à Bantinhel. Une bataille s'engagea entre eux. Mais Modi Souleymane écrasa cette rébellion pour rentrer dans sa capitale. Il pourchassa ses principaux adversaires. Modi Abdoulaye s'enfuit dans le Wôra.
Modi Alhoussaïni rentra précipitamment dans le Binâni tandis que Modi Billo se cachait à Bantinhel pendant un certain temps.
Prenant ses fonctions, Modi Souleymane réorganisa la province et y remit de l'ordre, ce qui lui permit de rester au trône pendant deux ans, sans ennuis, ni difficultés.
Il demanda à son compagnon Thierno Aliou Wangako de ne plus retourner à Timbo et l'installa à Tolou, près de son ami, le grand vassal Bamba mo Tolou. L'hôte, bien installé dans ce village, ne tarda pas à acquérir une grande influence dans le pays. Quelques années après, Bamba Tolou mourut. La direction du village revint d'emblée à Thierno Aliou Wangako qui, peu après, fonda le village de Tountouroun où sa descendance continue encore à exercer le pouvoir.
Modi Souleymane mourut après avoir dirigé le pays d'une façon impeccable. Il laissa six enfants :
Quand il se sentit en voie de guérison, il envoya à Timbo, dans un paquet, deux grains de riz, un morceau de charbon, une balle et une charge de poudre. Ce fut une énigrne pour les notables qui ne purent point déchiffrer le sens de cet envoi. Consulté, l'Almamy Boubacar Zikrou, qui dirigeait le pays au nom du parti alfaya, déclara :
« Il nous dit : au printemps, quand le riz sera moissonné, la savane brûlée, les balles et la poudre nous départageront avec lui ».
La maladie de l'Almamy Abdul-Gadiri dura deux saisons. Après guérison, il rentra dans le Fouta. Grâce aux forces que ses parents avaient rassemblées d'avance, il combattit son remplaçant à Koumi et l'obligea à s'enfuir. Il reprit alors le commandement en main.
L'Almamy Abdul-Gadiri recouvrit la santé à Franta. Dans le Labé, il plaça Modi Abdoulaye mo Wôra à la tête de la province et déposa le chef que le parti alfaya avait intronisé. Mais, celui-ci mourut peu après. Son frère, Modi Alhoussaïni, fut désigné pour lui succéder. Dès que le nouveau chef prit le pouvoir, Boukari Tamba, roi du Tamba, enval-lit le Koïn avec ses troupes. Il occupa la capitale et incendia la mosquée. Modî Alhoussaïni dépêcha immédiatement, au cours du Koïn, une armée très forte sous la conduite de son frère Modi Ibrahima. Après un combat acharné, les troupes musulmanes rernportèrent la victoire. Boukari Tamba et la majorité de ses soldats furent massacrés. Il ne rentra dans le Tamba, qu'une faible poignée de soldats.
Modi Ibrahima et son armée rejoignirent Labé, heureux du succès remporté.
Dès le changement du pouvoir à Timbo, Modi Alhoussaini fut déposé. Il mourut quelques années après, laissant comme descendants :
Malheureusement, le retour de l'Almamy Abdul-Gadiri fut de courte durée, car il mourut trois mois après, début 1821. (Thierno Mamadou Bah)
Sources
1. Thierno Mamadou Bah
2. Thierno Diallo
3. Louis Tauxier
4. Joseph Harris