Collection Initiations et Etudes africaines
Dakar, IFAN, 1972. 276 pages
Les XIè et XIIIè siècles correspondent à l'invasion du Massif par les Jalonke (en fulfulde ou langue peule: Jalunke, plur. Jalunkeeɓe). Ont-ils refoulé les Baagaa vers la côte, la Basse Guinée actuelle ? Ou bien ont-ils vécu en bonne intelligence avec eux, ayant sans doute le même genre de vie ? Devaient-ils aussi pratiquer le même culte, l'animisme traditionnel connu de tous dans cette partie de l'Afrique ? Quoiqu'il en soit, ces Jalonke, qui allaient donner leur nom à ce massif montagneux : Jalonkadugu, comprenaient un grand nombre d'ethnies. Ils se rattachaient au groupe mandeng susu et malinke-hambara. Ces Susu descendaient-ils des Soso qui habitaient la rive gauche du Niger (Jaaliba) entre Kulikoro et Segu (Ségou) jusqu'au XIIè siècle ? 1. Il est difficile de répondre, mais quoiqu'il en soit, on trouvait sous le nom générique Jalonke ou Ɓaleeɓe (les Noirs) les Baga, les Nalu, les Landuma (Landuman) et tous les rameaux Susu d'une part, les Malinke (Maninkaaɓe) les Bambara (Bambarankooɓe), les Tanda, les Basari, les Koniagi, et les Caapi (Tyapi) d'autre part. Aujourd'hui encore, tout habitant qui n'est ni Peul (pullo) ni Toucouleur (Tooroodo) ni Maure (Naare Gannar) est considéré comme Jalonke.
Comment ces Jalonke étaient-ils organisés à leur arrivée
au Massif qui portait leur nom ? Sans doute en farnilles étendues ou clans et ensuite en hameaux plus ou moins liés les uns
aux autres. C'est en tout cas, ainsi qu'étaient organisés leurs descendants Susu en Basse Guinée jusqu'à ces dernières années, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. On ignore s'ils avaient pu créer une fédération ou une confédération au Jalonkadugu.
Du moins l'étude de la toponymie permet-elle de comprendre l'étendue
de leur occupation à travers le Massif (plusieurs hameaux, villages et villes
du Fuuta actuel, portent des noms de personne, jalonke en particulier :
étaient des noms de personnes, devenus noms de lieu) 2.
Ces Jalonke, si l'on se réfère à leurs descendants actuels, devaient vivre de cueillette, de chasse et surtout d'agriculture L'élevage, s'ils le connaissaient, ne devait pas être très répandu. Les vrais éleveurs allaient venir plus tard.
Notes
1. Cf. A. Demougeot, Notes sur l'organisation politique et administrative du Labé.
Paris, 1944, p. 10, 11 et suiv.
2. A. Demougeot, o.c., p.
11 et suiv.