Collection Initiations et Etudes africaines
Dakar, IFAN, 1972. 276 pages
Le Fuuta Dyalon est un massif montagneux qui s'étend de 10°10 de latitude-nord jusqu'au 12°30 et en longitude, à l'ouest de Greenwich de 11°30 jusqu'aux environs de 13°30. Sa superficie est de quatre-vingt mille kilomètres carrés (80.000 km2), la Suisse y tiendrait presque deux fois.
Si l'on songe que Mali, le point le plus septentrional du massif est
sous la latitude de Pondichéry (Inde), on peut s'étonner d'avoir
là, en pleine Afrique Equatoriale, un "Fuuta", c'est-à-dire
un pays Peul.
Le domaine peul habituel, c'est en effet la zone sahélo-soudanienne
des pays du Nil jusqu'aux arides plaines sénégalaises. Là
une saison sèche de six à huit mois, laisse le champ libre
au bétail du peul, qui parcourt à l'envie, les immensités
libres. Hors du massif de l'Adamawa au Nord Cameroun, le Fuuta Dyalon est
la seule région où le peuple peul se soit aventuré
aussi loin vers le golfe.
Dans ces deux massifs, les Peuls ont réussi en se fixant à
imposer leur domination politique, leur langue, leur religion, toute leur
civilisation. Ils ont absorbé les vaincus, les anciens habitants.
Si le Fuuta est comme l'on dit, le château d'eau de l'Afrique occidentale,
l'Adamawa est le château d'eau de l'Afrique centrale. Tel, une immense
toiture, le Fuuta déverse ses gouttières en tous sens :
L'Adamawa, seule, a un rôle comparable, déversant ses eaux dans
Ces deux châteaux d'eau furent deux bastions peuls en pleine zone équatoriale. C'est bien la montagne qui a offert à ce peuple, le cadre idéal où il a pu fixer deux solides Etats de type pastoral et agricole.