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R.P. Patrick O'Reilly
Gilbert Vieillard. Mon ami l'Africain

Edition privée non-commerciale. Dijon. 1942. 167 p


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La Vacherie
La Tourrache — Fréjus (Var)

« J'ai retrouvé cette atmosphère méridionale que j'aime et qui est je crois, mon climat : soleil, poussière, vent dans la lumière, olives, ail, vin rouge, provençal et français chantant, bonne humeur de gens aimables, malins, fins et paresseux toujours prêts à rendre service quand il ne leur en coûte rien…
J'ai loué pour 2.ooo francs par an une sorte de bâtiment de ferme abandonné — cuisine, chambre, pailler, fenil et vacherie, plus un puits et un hangar — je t'écris du fenil. Il y a de la place et de la liberté. Pour le moment, il s'agit de blanchir l'écurie, de damer le soi, d'installer le butane et autres détails domestiques. Notre propriétaire est un vieux paysan riche qui a la passion des sous et des pierres romaines — côté Médéé. Il a trouvé dans ses vignes deux mosaïques intactes, des masques, un buste de marbre et quantité de menues choses…
Dès qu'on sera installé, je ne lâche plus mon encrier. Les mioches ont la mer, les vignes, une avoinie, et une allée de mûriers pour gambader… Le moral est bon… je voudrais que tu voies le pittoresque de notre smalah. »
(A sa mère, Fréjus, 16 juillet 1937.)

Et quelques jours plus tard :

« Vraiment, j'adore ce climat. Nous attrapons des coups de soleil. Hier je me suis endormi avec la main sur le ventre. Aujourd'hui, j'ai quatre doigts blancs sur fond de gueules à la hauteur du nombril. »

Il ne devait pas simplement dormir au soleil, car six mois plus tard, de Paris, il écrivait à sa mère :

« Dakar m'a accusé réception du coutumier peul avec beaucoup d'amabilité et se déclare enchanté de mon travail : après tout, tant mieux, s'ils sont moins difficiles que moi. »

Dans ses papiers, la copie d'une note officielle semble se rapporter à ce travail. Elle est ainsi conçue :

« J'ai lu avec le plus grand intérêt ce travail intelligent et détaillé qui fait honneur à M. Vieillard et manifeste qu'il a su acquérir la sympathie et l'estime des populations dont il prenait à cœur l'étude. Vous voudrez bien lui en exprimer toute ma satisfaction. Tenant à publier dès que possible ce travail en un volume, aux frais du Gouvernement général… »

Cette note est signée de Jules Coppet, gouverneur général de l'A.O.F.

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