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Fuuta-Jalon / Histoire / Colonisation française

Gabriel Debien. “Papiers Noirot.”

Bulletin de l'Institut Fondamental d'Afrique Noire (IFAN)
Notes & Documents. Dakar. Vol. 26, nos. 3-4, juillet-octobre 1964. Pp. 476-93


       Table des matieres      

Introduction

Avec les précisions apportées par ses dossiers administratifs et par les papiers qu'il a laissés on peut résumer ainsi la vie de J.-B. Ernest Noirot.
Il est né à Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne), le 18 août 1851 où son père etait negociant en bois. De son education, de ses études, nous ignorons tout et c'est par son livret militaire que nous savons qu'il s'engagea en septembre 1870 pour la durée de la guerre dans les Volontaires de la Côte-d'Or, et qu'après la bataille de Dijon (30 octobre 1870) où ce corps fut détruit, Noirot fut incorporé dans la légion Bourbonnelle du ?? novembre 1870 au 3 mars 1871.
L'essentiel de son activité paraît ensuite avoir été consacré au théâtre et à la photographie. Le docteur Bayol précise qu'il fut « comique aux Folies dramatiques » 1, les Folies-Bergère, celles de 1880 il faut dire, quand il l'attacha 2 en qualité de dessinateur-photographe aux deux missions des Sources du Niger et du Haut-Sénégal et Niger qu'il allait diriger de 1881 à 1881 (service de la Marine).
La première mission est celle de 1881 que du mois d'avril au mois de décembre le Dr Bayol conduisit par le Rio Nunez au Fouta-Djalon. A Donhol-Fella fut signé un traité de protectorat avec l'almamy Ibrahima Sory, puis à Timbo avec l'almamy Hamadou. La mission rentra à Saint-Louis le 7 décembre par le Haut-Sénégal. Noirot en a laissé un récit très vivant et illustré par ses propres dessins : A travers le Foula Djallon et le Bambouc (Soudan Occidental). Souvenirs de voyage 3 ; et le Dr Bayol un autre 4.
La seconde mission fut moins heureuse pour Noirot. Embarqué pour le Sénégal sur la Gironde le 20 octobre 1882, débarqué à Saint-Louis le 31 octobre, parti pour le haut fleuve le 21 novembre sur l'Écureuil, son voyage faillit en rester là car la décision unanime du Conseil de santé réuni à Kayes le déclara incapable de continuer à servir la mission et le laissa à l'hôpital pour être rapatrié au plus tôt (26 décembre 1882) . Il revenait à Saint-Louis (février 1883) puis en France au Val-de-Grâce. Il en sortait le 12 juin, mais après sa convalescence il dut cesser de faire partie du service de la marine.
En 1885-1886, il est attaché au commissariat de la section française de l'exposition coloniale d'Anvers.
Quels amis fit-il intervenir en même temps que le Dr Bayol pour entrer dans l'administration coloniale ? Rien ne nous l'apprend, mais le 1er avril 1886, il est nommé commandant de cercle de 3e classe au Sénégal. Il est chargé successivement des cercles de Dagana (9 juin-12 juillet 1886), de Saldé (12 juillet 1886-16 février 1887), de Dagana. Le délégué de l'Intérieur de la Colonie du Sénégal le note ainsi le 25 mai 1887 : « Intelligent, actif et dévoué, M. Noirot est un très bon serviteur. Connaissant les moeurs des indigènes et ne reculant devant aucune fatigue, il peut à l'occasion être un précieux serviteur pour l'administration supérieure 5. »
Administrateur colonial de 4e classe des colonies (ancienne formation) le 8 septembre 1887, il est envoyé comme délégué du Sénégal à l'Exposition universelle de Paris de 1889. On lui confie à son retour le Sine-Saloum, au Sénégal, où il restera de 1890 à 1896. Il est résident au Fouta-Djalon de 1897 à 1900, puis directeur des Affaires indigènes au gouvernement de la Guinée (1901-1905). Le lieutenant-gouverneur de la Guinée, Cousturier, attachait grand prix à sa collaboration : « M. Noirot dirige avec beaucoup de dévouement et de compétence le service très important des Affaires indigènes de la Guinée. En toutes circonstances il sait prendre en mains la défense des indigènes en tout ce qui constitue leurs droits et leurs intérêts bien entendus. C'est dans ce sens très juste qu'il comprend son rôle et ses devoirs de directeur des Affaires indigènes », et il le proposait pour administrateur en chef de 1re classe (1er septembre 1904).
Mais son avancement jusque-là très régulier, ne le laissant que deux ans dans chaque grade, fut arrêté par une affaire qui paraît bien avoir été un effet conjugué de luttes de clans au Fouta-Djalon et de jalousies de collègues. II avait les jugements vifs, pas plus d'esprit de routine qu'il n'en fallait pour tourner le compliment administratif, pas trop d'embarras en matière d'expressions, de la fantaisie. On le lui avait reproché 6. On exploita un incident où Noirot était responsable de la mort de plusieurs tirailleurs et d'indigènes. L'affaire est si complexe qu'elle est obscure . Elle devait l'être déjà aux contemporains.
En mars 1905 le lieutenant-gouverneur de la Guinée, Frézouls, l'envoie dans le Kissi sur les confins du Libéria pour y préparer la relève de l'occupation militaire par l'administration civile. Les conditions de départ font penser à un exil. A côté de lui, et souvent derrière lui, il avait depuis plus de dix ans un interprète, Boubou Penda, dont on parlait beaucoup. Le 10 juin 1905, Frézouls fait de sa note annuelle un véritable acte d'accusation :

« Par un singulier effet de choc en retour, à la suite de ses longs séjours en Afrique, M. Noirot s'est identifié aux indigènes dont il a adopté les usages et les tendances. Sa politique lui était dictée par les chefs indigènes du Labé et du Fouta, Alpha Yaya et Baba Alimou, dont l'influence prépondérante aurait pu devenir dangereuse pour nos intérêts. Ses actes n'étaient que le reflet des volontés de Boubou Penda, son interprète et ami. »

« Depuis dix-neuf ans, Boubou Penda vit dans mon intimité la plus absolue. Son affection envers moi se confond avec ses intérêts » (Lettre de Noirot au gouverneur, 26 novembre 1904).

« Or Boubou Penda n'est pas de race noble, vice grave en pays noir, son influence sur M. Noirot n'a pas augmenté aux yeux des indigènes le prestige de ce dernier que, irrévérencieusement, ils appellent « le griot » (saltimbanque) français. M. Noirot ne peut plus aspirer qu'à la retraite. »

Boubou Penda, Peulh du Fouta-Toro, n'était évidemment pas un petit saint, ou si l'on veut c'etait un saint qi savait faire 7. Noirot ne s'en rendait pas compte. D'autre part, tout en détestant, comme administrateur civil, l'administration par les militaires, Noirot aimait la manière forte. Des insinuations autour de lui, reliaient entre eux les faits les plus divers de son administration générale du Fouta. D'après ses papiers, tout n'est pas clair. Il faudrait voir les choses de près aux Archives du ministère et sans doute dans celles de la Guinée.
De 1905 à 1908, se fit une longue enquête, en Guinée, puis à Paris, où Noirot fut mandé et retenu à la disposition du ministre sous le coup d'accusations graves. Le Matin, à partir de juin 1906, et l'Humanité se firent l'écho de l'affaire Noirot.
Les accusations étaient mal étayées, mal présentées, ou Noirot sut se défendre habilement. Il n'avait pas oublié qu'il avait des amis politiques : C. Pelletan dut lui rendre service. Pour avocat il avait pris Alfred Clemenceau. L'enquête le rendit à la vie coloniale. Le 1er mars 1908, il était nommé administrateur en chef de première classe et à la disposition du gouverneur général de l'Afrique occidentale.
En 1908 et au début de 1909 il remplit une longue mission d'études administratives et économiques dans le bassin de la Haute-Gambie, où il dirigea l'opération de police contre le marabout Fode Souleyman Bayaga. Le lieutenant-gouverneur Peuvers, qui avait sous les yeux les notes administratives fort contradictoires de Noirot, pas toutes très courageuses, donnait le 15 juin 1909, l'appréciation suivante, prudemment benoîte :

« M. Noirot remplit à Dakar à l'entière satisfaction de tous la délicate fonction de délégué du gouvernement général. Par l'aménité de son caractère envers tous, par le bienveillant intérêt qu'il porte aux indigènes, M. Noirot a acquis les sympathies communes de ces deux groupes de population dont l'accord n'avait pas toujours été excelleut. »

Tous les jugements de ses chefs portent, remarquons-le, la même note : son active sympathie pour les Africains.
La santé est devenue mauvaise. Le 29 mars 1910, il demande un congé de 6 mois à jouir en France. Il a 23 ans et demi de séjour consécutif en Afrique, dont 6 en Haute-Gambie et en Guinée. Il lui est accordé à partir du 1er juin 1910, puis une prolongation qui va jusqu'au 7 mars 1911 8.
Il est nommé gouverneur de 3e classe le 1er juin 1911 et chargé du gouvernement de l'Oubangui-Chari 9 ; mais ce n'est que pour l'honneur d'une bonne fin de carrière. Il est remplacé le 10 juin 1911 au gouvernement de l'Oubangui-Chari-Tchad, par Frédéric Estère, et admis à faire valoir ses droits à la retraite 10. Il est rayé des contrôles le 18 août 1911 11.
Il vient à Bourbonne-les-Bains. Il en était maire quand il y mourut, célibataire, le 28 décembre 1913.

En mai 1957 les Archives nationales acquirent ses papiers chez M. Dargent, libraire à Rouen (entrée 1329). Ils forment les cartons AP 148/1, 2, 3, 4 et 5 qui viennent d 'être inventoriés par Mlle Françoise Pathie.
Ces papiers réunissent des papiers personnels (livrets militaires, décorations, correspondances, nombreux journaux de voyage sur des carnets, des croquis) des relevés topographiques, des cartes, des rapports et correspondances administratives (brouillons et copies des rédactions définitives) des années au Sine-Saloum, en Guinée et au Sénégal.
Les dossiers par affaires grossièrement esquissés par Noirot ne se prêtaient pas à un inventaire par ordre chronologique minutieux. « Il a fallu distinguer, dit Mlle Pathie, entre les minutes des rapports officiels, les minutes des lettres et des fragments de notes informes. Ainsi dans le dossier qui contient les renseignements sur l'enquête administrative dont Noirot avait fait l'objet en 1905 on a séparé les extraits de dossiers judiciaires et administratifs des témoignages officiels et indigènes. »
L'inventaire suivant a pour base le classement général de Mlle Pathie, mais toutes les pièces ont été énumérées et leur longueur précisée dès qu'elles avaient plus de 4 pages.

Notes
1. Voyage en Sénégambie (1880-1885), Paris, 1888, in-8°, p. 66.
2. Décision ministérielle du 22 mars 1881. La date de nomination à un emploi rétribué est du 1er avril 1882.
3. Paris, M. Freyfous, s. d. (vers 1885), in-8°, 360 p. ill.
4. Voyage en Sénégambie (1880-1885), Paris, 1888, in-8°.
5. Dossier personnel. Archives du Sénégal, Fonds de l'A.O.F.
6. “Les qualités d'audace, d'énergie de Noirot, ses attaches politiques, ses origines, la notoriété que lui valait sa participation à la mission du Dr Bayol, l'ascendant incontestable qu'il avait sur les indigènes lui avaient attiré plus que des inimitiés dans le monde colonial. Malgré son indiscutable valeur il est hors de doute que toute la responsabilité de cette malheureuse affaire lui incombe.” Arcin. Histoire de la Guinée française. Paris, 1911, in-8°, p. 652. C'était à Boussomn, en avril et mai 1899, une histoire d'otages tués, une affaire assez confuse.
7. Il est fait allusion à l'affaire Noirot et à Boubou Penda dans l'ouvrage, entre tous confus, de J. Quinquaud. L'expansion française en Afrique occidentale : Beckermann au Fouta-Djalon. Paris, Larose, s. d., in-8°, p. 84.
8. Il est remplacé en date du 30 mai 1910 par M. Repiquet, administrateur de 2e classe, chef du cabinet du lieutenant-gouverneur (Journal Officiel du Sénégal, 2 juin 1910, p. 44).
9. Bulletin officiel du ministère des Colonies, 1911, p. 74 et J.O. du Sénégal, 22 juin 1911, p. 452.
10. Bulletin officiel du ministère des Colonies, p. 748.
11. Id., p. 755.

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