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Tierno Muhammadu Samba Mombeya


Oogirde Malal — Ma'adinus Sa'aadati
Le Filon du Bonheur Eternel
Alfâ Ibrâhîm Sow, éditeur

Collection Classiques africains. Armand Colin. Paris. 1971. 202 p.


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II. Fii Dewe Diina — La Loi.
8. Fii Zakka. — De l'Aumône coranique

Asakal farlaama e dow dimo fow.
Waɗɗaaki jiyaaɗo e wellitugol,

ginnuujo mo dabbaru ummu-walad,
lajinaahu yogaajo mo wattitugol.

Si a zakkii, laɓɓin firlitugol,
si wanaa ɗum fennyin ƴettitugol.

Si a lamndi mo jonnaa, ndaar to Baraa, 280
Allaahu no limti ɓe ɗon e ƴi'al.

Miskinɓe e baayɓe ƴamalɓe jihaadi,
to'anɓe ndi daaɗe e ɓii laawol,

heeferɓe ɓe woownoto-ɗen, bela jo'
hiɓe silma, ko ɓe' danyeteea asakal
.

Ɓe'e fow si tawaama, ɓe sennditanee.
Kono burɗo ɓe lorra, yo ɓurb ɓe geɓal.

Si ko woɓɓe tawaa, yo ɓe jonne ndi fow;
sabu laamu to Aaya, wanaa mo jeyal.

Oon laamu ko ardi, ko bannginugol 285
kala nokku to firlitetenc asakal.

Si woniino jeyal, yoga nanngi ndi fow,
yonataano, ɓe firtay firlitugol;

sabu hawtuɓe huunde fotayɓe geɓal,
yoga hertortaa nde e wajhu jeyal.

Almaami yo jonne ndid senndana ɓe',
maa naa'ibi annduɗo joom-nunɗale

Nde ɓe silmi ɓe rimɗi ko sharti mu'um;
lidduuji ɗu'um, danyataa asakal.

Sadaqaaji e zakka no harmi e Ɓurɗo 290
tageefo e Haashimiyanke gorol;

sabu zakka ko tuundi, ko junngo ngo dow
ɓuri wonngo to ley tuma rokkondiral.

O wanaa ƴide junngo tanaa ɓurataa
barkinngo Nulaaɗo e juuɗe lenyol.

Wajibiima e askude anniyagol
nde no luncita yaltingol asakal.

Yaltinɗo ɗi nunɗi e firlitugol,
yonataa si o accuno anniyagol.

Yaltinɗo ɗi humtiri haaju mu'um, 295
ko wa oon mo limaali e fellitugol.

Si ko anwa, ko bayti, wanaa ɓe'f jey,
sabu ɗum ko xaraaju wanaa asakal.

Kono ɗum haɗataa asakal wajiboo,
wano Maaliki maakiri ɗum e ƴi'al.

Notes
a. yeɗetee (V). Cette leçon paraît plus conforme au sens exprimé par l'auteur; danyetee, forme passive de dany- : avoir, acquérir, engendrer, devait, pour signifier “attribué à”, contenir, après le radical verbal dany-, l'élément thématique -in- et devenir danyinetee ou danynetee par élision de la voyelle de liaison i du factitif -in.
b. ɓuray (V).
c. firlitetee (V).
d. jonnitu (V).
e. naa'ibu nunɗuɗo joom-anndal. Cette leçon est, du point de vue du rythme du vers, tout à fait conforme à celle de l'archétype. Toutefois, annduɗo du manuscrit (DL) de Daara-Labé, signifiant “connaisseur, lettré” a été remplacé, ici, par nunɗuɗo “véridique, droit” et joom-nunɗal de l'archétype “véridique, droit” (la particule joom- étant un moyen de former des épithètes; ce moyen est surtout employé par les écrivains, (notamment poètes) est devenu joom-anndal dans (V), ce qui signifie « connaisseur, lettré, instruit ». C'est donc un transfert de termes.
f. ɓe'e (V).

L'aumône 1 est un devoir pour tout homme libre.
Elle ne s'impose pas au sujet dépendant,

au futur affranchi, serviteur d'un père de famille,
à maint étranger en instance de déplacement.

En payant l'aumône, rends claires les désignations;
sinon, reprends manifestement ce que tu donnes.

Si tu demandes à qui remettre, regarde dans Barâ 2.
Dieu les a énumérés dans l'Original 3.

Les pauvres, les démunis, les combattants,
les porteurs qui les suivent, l'enfant de la route,

les païens que nous fréquentons (peut-être
se convertiront-ils) voilà qui reçoit l'aumône.

S'ils sont tous présents, il faut répartir entre eux.
Mais le plus indigent de tous recevra davantage.

Quand certains sont présents, il faut tout leur remettre.
En effet le pouvoir, dans le Verset, ne s'en approprie point.

Le pouvoir n'intervient que pour insister
sur les lieux où l'on répartit l'aumône.

S'il y avait appropriation, beaucoup auraient tout pris.
Cela ne suffirait plus; on renoncerait à répartir !

En effet, quand on a également droit à un bien commun,
beaucoup n'en disposent pas en propriété personnelle.

Qu'on remette à l'almâmi qui la leur répartisse,
ou à un lieutenant du pouvoir, instruit et droit.

Quand ils seront convertis, ils seront affranchis, tel en est
le droit; les contraires en cela ne reçoivent pas l'aumône.

L'aumône et la dîme sont illicites au Meilleur
de la création, illicites à la lignée de Hâchim.

Car la dîme est souillure. C'est la main supérieure
qui surpasse l'inférieure dans l'échange des dons 4.

Il n'est pas main d'ordures qui soit meilleure à
la main bénie du Prophète et aux mains de sa race.

C'est un devoir pour toi de faire la dîme avec intention.
Alors il faut l'éloigner, la sortir du foyer.

La sortir sincèrement du foyer et puis la distribuer,
ne suffit point si on en avait omis l'intention.

Celui qui la sort pour régler ses affaires
est pareil à celui qui ne l'a point payée ; c'est sûr !

Dans ce cas, c'est pareil à l'impôt qui ne leur revient pas.
C'est une dépense quelconque, ce n'est pas une dîme !

Mais cela n'empêche pas que la dîme soit exigible.
C'est ainsi que Mâlik, dans l'Original le dit.

Notes
1. Zakka ou asakal désigne, à proprement parler, “l' aumône coranique” encore appelée “aumône légale”. Il a été traduit ici, tantôt par “aumône”, tantôt par “dîme”.
2. Qur'an, IX, 60, p. 206.
3. Original désigne ici le Qur'an.
4. Allusion au hadîth: « La main la plus haute vaut mieux que la main la plus basse. La main la plus haute est celle qui donne, la main la plus basse, celle qui reçoit. »

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