Classiques africains. Paris. Julliard. 1966. 375 p.
Si tu es pressé de faire ta route,
ne chemine pas avec le caméléon.
Proverbe pular
Continuateurs beaucoup plus que devanciers, les écrivains de cette deuxième période développent et diversifient les thèmes religieux des grands maîtres et restent en définitive des intermédiaires entre un siècle de conformisme religieux et politique et une époque de conquête coloniale et de grands bouleversements.
Par les œuvres satiriques, le regret du passé s'exprime avec vigueur face à l'organisation d'une société semi-coloniale où les valeurs féodales se trouvent bouleversées. Témoins de ces bouleversements, les écrivains de cette génération constituent en quelque sorte les porte-parole d'une époque de troubles qu'ils rejettent au nom des valeurs traditionnelles.
L'orientation générale de ces œuvres souligne nettement, s'il en est encore besoin, la nature aristocratique et semiféodale de la société qui les a sécrétées et de l'intelligentsia qui les a élaborées.
Tirant leur sujet des circonstances, ces œuvres perpétuent l'inspiration et les formes anciennes, restent fortement marquées de narcissisme et donnent une idée encore plus précise des connaissances arabo-musulmanes de l'intelligentsia, de ses besoins intellectuels, de son éducation traditionnelle et de son idéologie de classe.
L'expression concentrée de toutes ces caractéristiques reste le chapitre III (Dictionnaire biographique des saints et des hommes illustres du Labé), poème de 409 vers par Cerno Jaawo Pellel, dont la lecture attentive donnera, mieux que toute autre œuvre de ce recueil, les renseignements les plus complets sur l'intelligentsia musulmane du Fuuta-Jalon.
Les auteurs de cette période renoncent à certaines données lexicales du fulfulde et se livrent volontiers à des emprunts au contact des langues européennes.
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