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Taariika / Histoire

Thierno Mamadou Bah
Histoire du Fouta-Djallon : des origines au XXe siècle

Conakry : Société africaine d'édition et de communication. 1999. 182 p. : ill.
Préface et notes de Djibril Tamsir Niane

Chapitre II
Qu'est-ce que le Fouta-Djallon ?

C'est le vaste territoire qui s'etend entre :

• Au Nord : le fleuve Gambie qui, ayant pris naissance près de Labé, se jette dans l'céan Atlantique, à Banjul Au Sud : les rivières Tinkisso (affluent du Niger) et Kaba qui coule vers l'ouest et se jette dans l'Océan Atlantique, près de Benty.
• A l'Est : les derniers contreforts du Fouta-Djallon le limitant à la Tamba et au Wontofa
• A l'Ouest : le fleuve Konkouré ayant sa source près de Mamou et qui se jette dans l'Océan Atlantique, entre Dubréka et Boffa.

Au centre de ce territoire s'étale, du nord-est au sud-ouest, un massif montagneux d'environ 350 km de longueur, coupant le pays en deux parties presque égales. Au nord-est, le mont Loura, dans le Tamgué (1500 m d'altitude) ; au centre, les monts Kolima et Sérima (presque parallèles) entre lesquels s'étale une grande plaine au milieu de laquelle est bâtie la ville de Lab&eacute ; plus loin, au sud-ouest, le mont Dalaba (1100 m d'altitude) et au pied duquel est construite la ville de Fougoumba ; enfin, à l'extrême sud-ouest le mont Téliko (environ 800 m d'altitude).

Le fleuve Bafing descend de ce massif, coule vers l'est et traverse les provinces de Bhouria et de Timbo. Avant de sortir du Fouta-Djallon, il longe les provinces de Kankalabé et de Koïn, dont il arrose les vastes plaines avec ses affluents de gauche : la Téné, la Dombélé, la Kiomma, etc.
A l'est du Bafing s'étendent également des vastes plaines, arrosées par le N'Guindjou et le Koukoutamba qui traversent le Kolen, et la Bouka qui se jette dans le Tinkisso, affluent du Niger et formant la limite sud du Fouta-Djallon.

A l'ouest de ce massif, s'alignent les vastes plaines de Koli (Kâdé), du Badiar et du Boussourah traversées par les grandes rivières Komba et Koulountou. Au sud et à l'ouest de ces plaines se dressent les plateaux des Bowés, entrecoupés de plusieurs rivières intarissables qui ravitaillent la Basse-Guinée 1. Ce territoire se subdivisait dans l'ancien temps en trois zones politiques :

1. Le Ley-Pellé : (pied-des-monts) constitué par la province de Timbo qui s'étale jusqu'à la rivière Konkouré limitrophe avec les provinces soussous
2. Le Hakkunde-Mâdye : (entre-deux-rivières) qui comprenait les provinces de Bouria, de Fougoumba et de Kébâli
3. Le Dow-Pellè : (dessus des monts) qui comprenait les provinces de Labé, de Timbi, Kollâdhe et de Koïn.

Cette région très peuplée dès le début de son occupation par les Foula, était très propice à l'élevage, à Pagriculture, à l'apiculture et très riche en minerai de fer. Les fruits y abondent, sont incomparables et ses plaines sont très propices à l'exploitation maraîchère.
Le climat est partout très doux car la pluviométrie est très régulière.
C'est pourquoi sa population se développa et devint très nombreuse. Malheureusement, le recensement ne put être effectué qu'après l'arrivée des Européens dans le pays. Voici un tableau donnant un aperçu de la population, province par province :

Note
1. Les limites que l'auteur donne au Fouta-Djallon sont celles du royaume théocratique à son apogée vers 1870. Le pouvoir des Almamys s'étendait:

• au nord jusqu'à la Gambie et au Niokolo (Sénégal)
• à l'ouest les Almamys avaient établi une sorte de protectorat sur les royaumes côtiers de Guinée :
  • Dubréka
  • Rio Pongo
  • Rio Nunez
• vers l'est en direction du Niger, Timbo s'était imposé au Balya et contrôlait les routes commerciales de Kankan.