Classiques africains. Paris. Julliard. 1966. 375 p.
Si maigre soit la tête,
les oreilles y ont leur souche.
Proverbe pular
Exclusivement religieux et aristocratique, le premier âge de notre littérature est celui des grands maîtres Cerno Muhammadou Samba Mombeya (1755-1852) et son disciple Cerno Saadu Dalen, personnages légendaires et exemplaires en qui toutes les générations de poètes et d'écrivains du Fuuta-Jalon reconnaissent leurs maîtres à penser et à écrire.
On leur a adjoint Cerno Aliyyu Ɓuuɓa-Ndiyan (1845-1927) qui, bien que plus récent qu'eux, appartient à leur courant de pensée et de culture.
Ces maîtres sont plutôt des éducateurs et des prêcheurs que des écrivains à proprement parler. Ils sont la conscience du pays, les sermonnaires du siècle et la lumière des princes. Ce qui frappe, c'est leur ton solennel et monotone de poètes officiels, leur foi sincère et profonde, leur conformisme religieux et politique, leur langue saine, savante et subtile, leur versification sûre et élégante.
La religion militante, dewal, la résignation, muñal, et l'acceptation de l'ordre établi de la société et de l'ancestralité, finaa tawaa, constituent les vertus les plus communes de leurs œuvres et de leur époque …