Classiques Africains. Paris. Julliard. 1966. 375 p.
Awa lewru sappo e tati Karantagi ndun ƴawii,
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kaareere jalbuki mayru wennoyi, niɓɓataa.
Sabu Cerno Haadii gande muuɗun huuɓataa.
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ko ɗe maaje yonduɗe Fuuta pooma, ɗe ɓeeɓataa
Wano Cerno Ibraahiima Daasi ko on yeɗaa,
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moftirde gandal, wayta faylu mo heltataa.
Yaa Alla yaafo mo yarloɗaa, rokkaa malal !
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heddaa mo barki e yinɓe Daasi, ko yawtataa.
Kasa Cerno Ahmadu kan, ko moftuɗo gande buy
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kon non ko baatiniwal o lolliri, fillitaa.
Naatoowo xalwa, tinoowo jinna nde noddi ɗin,
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gundoo ɗi haaju mu'un, o huntoo sooyataa.
Rawhaaniyanke, o haalanay ɓe, ɓe kurkanoo
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haajuuji makko no laatoroo hara neeɓataa.
Ko wa niiɗe Cerno Aliyyu gando mo Soole on,
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kala on heɗiiɗo nde on no janga, o haarataa.
Si tawiino Sombili en e Saatina haldanay,
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e pitaaji Kansa, buruuji Koggii, lurrataa.
Tuma hawtitaa fii jangugol du'anaade oo,
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tafsiiru Alqur'aana sellay, ñawsataa.
Awa jooni non miɗo yaade Saatina yuɓɓa ɓen,
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sutitoo e Sombili, ɓayra gando mi heddataa.
Ndaaren wa Cerno Umar e Cerno Sa'iidu, ɓen
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lollirɓe gandal buy, e barke mo huuɓataa.
Wano Cerno Umar fewndo muuɗun accanaa,
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fii alluwal juma ngal, yo jangu, no jentitaa.
Ko o jangi woo Shayxuuɓe ɓen maakay ko non,
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hino selli ken, himo faami fiima, o fuybataa.
Ko wa niiɗe Cerno Sa'iidu seenino Timbo law,
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fii jangugol, dañi taalibaaɓe ko fanɗataa.
Nde o sentinoo gaa tun o wonti e huurugol,
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lizmii e julnude ton, mo julnii lesɗataa.
Voici que la lune de Karantagi en son treizième jour se lève !
Sa palme lumineuse a vu le jour ! Jamais il n'y fera nuit.
En effet, Cerno Haadii, ses connaissances sont sans limites.
Ce sont des fleuves du Foûta, toujours remplis et ne tarissant jamais.
De même à Cerno Ibrahiima Daasi fut donné
D'accumuler le savoir ! On dirait une source intarissable !
O Dieu ! pardonne-lui et préserve-le, accorde-lui le Bonheur et
Associe les gens de Daasi à ses bénédictions, irrévocablement !
Quant à Tierno Ahmadou Kaasa, il a cumulé bien des connaissances.
Mais c'est par le Bâtini 1 qu'il reste célèbre, a-t-on dit.
Il s'isole et voit des génies quand il les appelle.
Il leur confie ses affaires qu'ils règlent sans délai.
Les génies, il leur parle ! et ceux-ci le servent
Dans ses affaires pour qu'elles se règlent sans délai!
Il en est de même pour Cerno Aliyyu, érudit de Soole.
A l'entendre lire, on n'en a jamais assez.
Si Sombili et Saatina pouvaient s'entendre
Avec les bois de Kansa et les forêts de Koggii, c'eût été utile,
Car alors on se réunirait pour étudier et pour consacrer ce
Lettré, qui connaît le Coran avec exactitude et sans erreur.
Et maintenant, j'irai à Saatina pour composer à leur sujet.
Je me redirigerai ensuite vers Sombili, car je ne négligerai pas un lettré.
Voyons par exemple Cerno Umar et Cerno Sa'iidu que
Célèbrent leurs connaissances multiples et leurs bénédictions sans limites.
Ainsi, à Cerno Umar, de son temps, on laissa
La Lecture du Vendredi- pour qu'il la fasse, car on l'écoute !
Tout ce qu'il lit, les savants le confirment, disant que
C'est très correct, qu'il comprend profondément et ne se trompe point.
Il en est de même pour Cerno Sa'iidu qui de bonne heure alla à Timbo
Pour faire ses études. Il eut à son tour de nombreux étudiants.
Dès qu'il revint chez lui, il se mit à pratiquer.
Il se consacra à la direction de la prière. Et l'Imam ne baisse jamais.
Note
1. Le Bâtini ou « loi intérieure » de l'enseignement ésotérique des Sûfis est devenu, en pratique, synonyme de Kataba ou usage de l'enseignement ésotérique et de ses secrets à des fins personnelles. C'est dans ce sens qu'il est employé ici. Le fidèle s'isole de tout contact avec l'extérieur (xalwinaade ou naatude xalwa), récite des prières, appelle des génies et leur confie les affaires qu'il veut traiter.