A l'exception de la généalogie épique de Farba Ibrâhima et de l'annexe, tous les textes publiés dans le présent ouvrage proviennent du Cahier no. 41 du Fonds Gilbert Vieillard de l'I.F.A.N. C'est dire par là-même ma dette inestimable envers le grand pionnier de la recherche littéraire peule que fut Vieillard et c'est exprimer mes remerciements et ma reconnaissance au Professeur Vincent Monteil, directeur de l'I.F.A.N., qui a bien voulu me recevoir amicalement à Dakar, mettre le Fonds Vieillard à ma portée et me faciliter la reproduction des pièces de mon choix.
La généalogie épique de Farba Ibrâhîma appartient et s'adresse à la famille de Yâyé Oummou Kêbâli et m'a été communiquée par le Docteur Tierno Abdourahmâne Bâ qui voudra bien trouver ici l'expression de ma gratitude.
Le Fouta-Djalon est l'une de ces régions de l'Afrique Occidentale les plus décrites par les explorateurs et voyageurs français du siècle dernier. Gaspard Mollien, Hyacinte Hecquard et Ernest Noirot, pour ne parler que de ceux-là, nous ont laissé, sur le Fouta, des ouvrages introuvables aujourd'hui et malheureusement méconnus du grand publie. Dans les premières années du XXe siècle et dans l'Entre-deux-Guerres, des administrateurs français comme Guébhard, Saint-Père et Vieillard ont interrogé des chroniques, des témoins et des conteurs et nous ont laissé, à leur tour, des articles, des ouvrages et des notes d'une grande précision sociologique ou historique et d'une grande valeur pour la connaissance de la civilisation du Fouta-Djalon.
On ne pouvait donc pas, dans le présent ouvrage, taire leur nom et ignorer leurs travaux. Bien au contraire, l'annexe et les notes explicatives en ont largement tenu compte, non seulement pour rendre à ces devanciers l'hommage qui leur est dû, mais encore pour confronter leurs impressions et remarques avec les récits et témoignages de nos auteurs afin de les compléter et de les préciser et en vue d'amorcer, de la sorte, l'indispensable appréciation critique de leurs oeuvres respectives.
Bien entendu, nous avons délibérément évité de pousser l'étude critique de ces textes. Nous nous sommes contenté de mettre le lecteur en contact avec l'auteur et de faciliter à l'un la compréhension de l'autre par des explications qui, au besoin, replacent le lecteur dans le contexte historique et la civilisation qui ont été ceux de l'auteur. Une fois qu'il l'aura compris, avons-nous estimé, le lecteur pourra, selon sa propre conception du monde, sa formation et ses besoins intellectuels et culturels, juger l'auteur et critiquer la valeur de son témoignage beaucoup plus valablement que ne saurait y contribuer une édition critique qui, au demeurant, se substituerait à lui au lieu de l'aider à réfléchir et lui imposerait des motivations sociales et culturelles qui ne seraient pas les siennes au lieu de le laisser apprécier librement, à sa façon !
Comme son titre l'indique, le présent ouvrage n'est pas un manuel d'histoire. C'est une pièce de civilisation, le premier élément d'une série de chroniques, de récits et de témoignages littéraires que les historiens et les sociologues pourront exploiter selon leurs exigences, leurs vues et leurs méthodes de travail respectives. Quoi qu'il en soit, l'étude que le Professeur P.-F. Lacroix a consacrée à la Poésie peule de l'Adamawa 1 aura montré combien, même en Afrique Noire, l'oeuvre littéraire reste le reflet de la société qui l'a sécrétée et de l'intelligentsia qui l'a élaborée. Il semblerait donc superflu d'y insister dans ces pages ou de recommander ces « Chroniques, Récits et Témoignages » à l'attention de nos historiens et sociologues.
La transcription adoptée ici est celle qui a été retenue à la Conférence Linguistique Consultative de Bamako (28 février 5 mars 1966). Exception faite pour la nasale palatale notée dans ces textes par le digraphe [ny] conformément aux recommandations de la dite conférence ainsi que pour l'orthographe alors suggérée, nos notes sur le Fulfulde et sa transcription romaine de La Femme, la Vache, la Foi (Julliard, Paris, 1966) restent valables pour le présent ouvrage.
Note
1. P.-F. Lacroix. Poésie Peule de l'Adamawa. Julliard, Paris, 1965.