En barkinorii Innde Allaahu,
Joom Moƴƴere Huuɓunde,
Joom Moƴƴere Heeriinde.
Yo Allaahu juulu
E Koohoojo meeɗen Muhammadu
E Aali'en e Sahaaba'en makko,
O hisna ɓe hisnude.
Ndee qasiidaare ajami nde [ko] Muhammadu mo Sa'iidu Seeleyanke wallifanii yimɓe Maxribi. O jammii nde Oogirde Malal.
Malal non ko Allaahu tan bagorta.
Joomiraawo maa Reweteeɗo tanaa Allaahu oon alaa a.
Note
a. Le manuscrit de Daara-Labe reste seul, avons-nous dit, à reproduire cette introduction en langue pular. Tous les autres textes consultés, y compris le manuscrit I, en produisent l'équivalent en langue arabe. Par ailleurs, l'un des manuscrits consultés à Dakar (fonds Gilbert Vieillard de l'I.F.A.N.), commence par le vers 4 ci-dessous. Il s'agit d'un manuscrit incomplet que nous n'avons pas jugé utile de classer ici.
Au nom d'Allah
Le Très Clément,
Le Tout Miséricordieux 1.
Allah bénisse
Notre Seigneur Muhammad
Et sa famille et ses compagnons,
Et leur accorde le salut éternel.
Ce poème en langue vulgaire 2 fut composé par Muhammadu, fils de Saîdu le Seeleyanke 3, pour les peuples d'Occident 4. Il l'a intitulé le Filon du bonheur éternel.
Il témoigne cependant qu'en Allah seul est le Bonheur,
Qu'il n'y a point d'autre Maître et point d'autre à adorer qu'Allah.
Notes
1. Empruntée à M. Hamidullah, cette transposition est plus conforme au texte pular dont la traduction littérale serait : « Au Nom de Dieu dont la Miséricorde est Parfaite, dont la Miséricorde est Éternelle ».
2. Langue du Coran, l'arabe jouit d'un grand prestige auprès des peuples musulmans. Aussi, toute langue non arabe transcrite avec la graphie arabe est-elle appelée ajami ou langue vulgaire (l'arabe étant, par rapport à elle, la langue noble, la langue du Coran). A l'origine, cependant, ce vocable ne désignait que le persan.
3. Seeleyanke, Seeleyaaɓe ou Seele, lu et transcrit as-Sīlī dans les manuscrits arabes de la Bibliothèque nationale de Paris, désigne la fraction ethnique fulɓe de la grande tribu des Jalluɓe ou Diallo (cf. notre introduction).
Cependant, seele ou encore seelen signifie, en pular-fulfulde, « soleil levant ». Ce soleil, dont les rayons ne sont pas chauds, est particulièrement prisé chez les bergers fulɓe du Foûta-Djalon qui lui attribuent un pouvoir bienfaisant sur le bétail.
4. La Ka'ba ou Suudu-Kaaba étant prise comme point de référence et d'orientation, les peuples musulmans qui vivent à l'ouest de La Mecque sont appelés ici peuples du Maghrib (l'occident, le couchant). On entendra donc dire, dans cet esprit, que les peuples musulmans de l'Ouest africain sont des peuples maghrébins. [A l'opposé, les croyants qui vivent à l'est de La Mecque sont appelés peuples du Machrik (l'orient, le levant) — T.S. Bah]